lundi 7 février 2011

On a suivi la procédure...

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Il est impossible que les citoyens aient la moindre confiance en la justice. Les réactions des magistrats nantais aux propos du Président de la République indiquent combien ce corps est enfermé dans ses certitudes et l'assurance de l'infaillibilité de ses jugements et de ses façons de faire.
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Résumons :
Laetitia est tuée. Pour l'instant, il n'y a qu'un assassin présumé qui reconnaît la mort accidentelle de la jeune fille ; il l'avait rencontrée peu de temps avant sa mort. Tant que la justice ne s'est pas prononcée, il est interdit de déclarer coupable celui qui n'est qu'inculpé. Cependant on peut faire remarquer qu'il était connu comme violent, qu'il avait déjà été condamné à plusieurs reprises, notamment pour un viol, que des traces du sang de Laetitia ont été retrouvées dans sa voiture et que le corps de la jeune fille, retrouvé au fond d'un étang, porte des marques de strangulation. On note aussi que la petite ami du suspect avait porté plainte contre lui une quinzaine de jours avant le drame pour menaces de mort et rapports sexuels non consentis (ce qui est tout simplement un viol). Ce jeune homme devait être suivi, mais on avait perdu sa trace. Il était du reste inscrit au fichier des personnes recherchées. Policiers et magistrats, dans cette affaire, ont, disent-ils, suivi toutes les procédures et ils n'ont rien à se reprocher. Les uns disent qu'ils ont cherché le jeune homme, les autres disent qu'ils sont débordés. Aucun n'a eu la moindre parole de compassion pour les parents adoptifs et le père biologique de Laetitia. Ils ont tous les mains pures, la conscience claire. Cette mort, ils n'en sont aucunement responsables. Laetitia est morte dans les règles, si l'on peut s'exprimer ainsi. Et c'est très exactement cela qui est insupportable à l'opinion publique.
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Dans cette affaire, ces hommes, très certainement intègres et soucieux de bien faire, ont vu d'abord la règle, la loi, le protocole. Leur incapacité à s'interroger sur leurs pratiques professionnelles est tout simplement abyssale. Et l'implication de nombreux délinquants sexuels dans des récidives ne semblent pas les inquiéter. Mais les fonctionnaires qui enregistraient l'arrivée des trains de déportés ne voyaient pas plus loin que leurs registres. Et s'il n'est pas question de les impliquer dans ces crimes au-delà de leurs actes de fonctionnaires, il reste que l'on peut s'interroger sur leur manière dont ils concevaient leur travail. Il me semble que les magistrats sont dans la même catégorie mentale. Certes, ils ne sont pas responsables de la mort de Laetitia. Ce serait injuste que de les en accabler. Mais il n'apparaît pas qu'ils aient pris conscience de leur implication réelle dans l'enchaînement des faits qui ont conduit à la disparition d'une jeune fille dans la fleur de l'âge.
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Affaire de conscience, toujours.

4 commentaires:

tippel a dit…

Cette affaire du multirécidiviste Tony Meilhon reste pleine d’ombre. Comme pour l’affaire Outreau, les juges se serreront les coudes pour ne pas être mis en cause. Me Olivier Metzner, avocat de la famille de Laëtitia, met cause les gendarmes. L'avocat de la famille a affirmé que ‘’le 10 décembre, les gendarmes s'étaient présentés au domicile de la mère de Tony Meilhon, car ils voulaient l'interpeller dans le cadre d'une enquête sur un trafic de voitures volées". "Ils l'ont vu rentrer dans la maison, mais sont partis sans l'interpeller", a-t-il ajouté. Le lendemain, sa mère a dit, au cours d'une audition, que son fils était "incontrôlable et dangereux" et qu'il pouvait "commettre l'irréparable", a poursuivi l'avocat. Deux jours plus tard, "un mandat d'arrêt était délivré par un juge d'instruction de l'Est de la France visant Meilhon, mais rien ne s'est passé", a raconté l'avocat. "Je vais chercher toutes les responsabilités, car si le travail avait été fait, Laëtitia serait vivante à l'heure qu'il est", a estimé Me Metzner. L’avocat dit il vrai ? Quant à savoir si on peut porter des jugements sur l’institution qui, au demeurant, est composée d’hommes et de femmes, qui ne se privent pas de porter des jugements sur d’autres institutions de l’ETAT et, en particulier, la police, ou de certains partis politiques qui ne sont pas du camp de leur syndicat, je veux parler du Front National, et même de l’UMP. Ils pratiquent ainsi une justice qui n’est pas indépendante. Ils sont donc mal placés pour faire la morale au Président de la République. Qui pourrait critiquer la magistrature sinon le premier des français? D’ailleurs, il ne viole pas son indépendance, il pointe du doigt les failles, ce que personne d'autre n'oserait faire. Le politicien porterait atteinte à l'indépendance des magistrats s'il exigeait un changement dans le rendu de leur jugement.
C’est d’abord une grève politique, elle est scandaleuse. Des sanctions devraient être prises, et la première interdiction serait la suppression du droit de grève pour les fonctionnaires de justice. La deuxième serait l’obligation pour tous magistrats d’avoir à exercé pendant au moins 15 ans le métier d’avocat, avant d’accéder à un poste de magistrat. La suffisance de cette caste commence à être intolérable.

tippel a dit…

SUITE: Voici une petite histoire de l’arrogance de ce corps ‘supérieur’. J’avais 19 ans avec des amis de mon âge, anciens du scoutisme, nous formions un petit groupe. Nous avions décidé de faire une journée de ski. Mon père avait bien voulu me prêter sa voiture bien que je ne possédasse mon permis de conduire que depuis quelques mois. La journée avait été ensoleillée et agréable, mais il fallait partir avant la tombée de la nuit et surtout avant les autres, car nous avions 80 km à faire. Après avoir rangé nos skis avec leur attache en cuir à l’intérieure de la voiture, nous quittâmes doucement la station car la route était gelée et de plus en descente. Soudain un camarade assis à l’arrière cria : « Arrête- toi, tu viens de heurter une voiture en stationnement ! » Une panique m’envahit, je venais de provoquer un accident. Comme notre vitesse était celle d’un cheval au pas je m’arrêtais aussitôt. J’entendis un homme qui criait, je devinais qu’il était la victime de mon inconscience de jeune conducteur sans expérience. L’homme était grand, de la prestance, bien habillé, 35 ans environ. Hurlant il répétait : « Je suis le substitut du procureur de la république de Grenoble ! » Mon délit : j’avais en passant arracher la portière arrière de sa voiture. Penaud et honteux, je ne comprenais pas, je ne savais que faire, tout m’accablait, je subissais comme coupable le martèlement de son violent discours. Substitut du procureur de la république !!! La violence des propos de la « victime » avait rapproché des témoins du lieu du délit. Un homme s’approcha de moi et dit très fort : « Je suis votre témoin! Ce n’est pas vous le responsable, mais la petite fille de ce monsieur qui a ouvert sa portière lorsque vous aviez presque fini de passer. » Enfin, je comprenais mieux maintenant pourquoi je n’avais rien vu. Je n’ai plus entendu parler de cet arrogant et prétentieux substitut du procureur de la république de Grenoble.

Philippe POINDRON a dit…

Hélas ! Cela est bien vrai. Quelle arrogance, et quel mépris du citoyen ordinaire.

tippel a dit…

Retour sur l'affaire Laëtitia. Sarkozy pourrait avoir été bien inspiré lorsqu’il pointe du doigt les erreurs de la justice et de la gendarmerie. La grève des magistrats serait donc deux fois condamnable. Me Olivier Metzner, apporte encore des précisions sur l’affaire. Lu dans le journal, LE TELEGRAMME « Vous affirmez avoir la preuve d'un mandat d'arrêt contre Tony Meilhon avant l'enlèvement de Laëtitia. Or, le procureur de Nantes fait état d'un simple mandat de recherche. Qui dit vrai? »
Le Procureur Xavier RONSIN joue sur les mots. Il ne sait pas lire un PV de gendarmerie. Qu'il y ait eu un mandat d'amener, un mandat d'arrêt ou un mandat de recherche, ça a la même conséquence. Les gendarmes auraient dû rechercher Tony Meilhon, le faire placer en garde à vue ou le présenter à un juge. Il aurait dû être arrêté le soir où les gendarmes l'ont suivi jusqu'à son domicile. Par ailleurs, le 26décembre 2010, la petite amie de Meilhon porte plainte contre lui et la police ne fait rien! « Les gendarmes disent n'avoir pu faire le rapprochement parce que le système informatique embarqué dans leur véhicule était en panne ». « Vous y croyez? » Les gendarmes sont clairement responsables dans ce dossier. Ils ne savent pas écrire et inventent n'importe quoi. Le parquet, dans son communiqué, dit que ce mandat de recherche n'a été enregistré dans le fichier des personnes recherchées que le 31décembre. C'est quand même curieux que l'on puisse mettre trois semaines à transcrire un mandat. Et les gendarmes ont pris en filature Meilhon. Ils le voient entrer dans le domicile de sa mère avec sa voiture, une Peugeot, la même qui a servi plus tard à transporter le corps vivant, puis mort et ensuite découpé de Laëtitia et on n'interpelle pas ce type? C'est une faute gravissime. « Vous affirmez que Tony Meilhon aurait fait l'objet de plusieurs plaintes? »
Oui et ce n'est pas fini. Le dossier judiciaire de Tony Meilhon fait état de plus de sept plaintes déposées contre lui. Parmi les sept, il y a une plainte pour incendie de la voiture d'une connaissance de sa petite amie. Une autre pour l'agression d'un chauffeur de taxi, une autre pour violence sur sa petite amie et une dernière pour vol. Je considère que tout n'a pas été fait correctement dans cette affaire. C'est la confusion générale.