mercredi 14 août 2013

Nouvelles de la Résistance : l'esprit de corps est un esprit de haine, deuxième billet du 14 août 2013

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Hier, je vous citais un passage des Quatre fléaux  de Lanza del VASTO. Je poursuis aujourd'hui la citation d'un extrait qui complète ce que je vous ai donc déjà livré sur l'Esprit de Corps. Je commenterai ce passage, car Lanza del VASTO est un apôtre de la non-violence, valeur suprême à laquelle tiennent par-dessus tout les Veilleurs ; de plus, sans le savoir, Lanza del VASTO fait écho à Simone WEIL.
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"Sans doute l'Esprit de Corps rapproche entre eux ceux qui sont du même corps, c'est-à-dire du même groupe, mais c'est moins un amour commun qu'une hostilité collective. C'est toujours un amour limité comportant son revers de haine. L'Esprit de Corps auquel toutes les vertus civiques se trouvent liées est une arme à deux tranchants comme la hache des licteurs avec son faisceau de verges autour du manche. L'amour limité projette une ombre d'aversion et de méfiance sur tout ce qui n'est pas l'objet aimé. Le revers d'ombre est même plus étendu que l'objet éclairé, car si son objet est limité, l'agressivité qui en résulte prend des proportions universelles et se rabat sur n'importe quoi. Il ne faut donc pas s'étonner si "l'amour de la patrie", par exemple, n'oblige pas du tout celui qui le professe à la bienveillance et bienfaisance à l'égard de tous ses compagnons, mais l'oblige expressément à faire la guerre à tous les ennemis de la patrie. Cette sorte d'amour n'a pas pour raison le besoin d'union, mais bien les besoins de la défense et de l'attaque. Les concitoyens, en temps de paix et laissés à eux-mêmes, s'exploitent et s'oppriment tranquillement les uns les autres ; ils ne se résolvent à "l'union sacrée" que sous la pression du danger imminent et de l'ennemi commun. Ce n'est donc pas assez de dire que l'Esprit de Corps est un amour limité qui a son revers de haine, il faut remarquer que la haine y est à l'endroit et l'amour à l'envers."
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Je n'aurais pas la cruauté de rappeler que l'Union de la Gauche ressemble un peu à ces rassemblements destructeurs, et que la moins nette union de la droite prétendument républicaine, est de la même eau. Les partis politiques s'appuient sur l'Esprit de Corps. Il ne peut rien en résulter de bon. Je n'ai pas eu l'opportunité de vous résumer les trois premières étapes de la Marche des Veilleurs. Mais c'est exactement le contraire de cet Esprit étroit et rempli de haine, un beau contraire qui s'est manifesté avec éclat dans une des veillées ; c'est un esprit d'ouverture et de non violence qui a prévalu. La parole y a été donnée à des opposants des Veilleurs. Ils ont été écoutés avec respect, et si les désaccords probablement persistent, le mur de la haine a commencé de se fissurer. C'est tout de même plus constructif que les anathèmes du sénateur MICHEL ou de madame TAUBIRA. Ce sont ces forteresses partisanes qu'il faut démanteler et les Veilleurs ont commencé de le faire.
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Il faut donc supprimer les partis ou en limiter les pouvoirs de nuisance et de division. Lisez le livre de Simone WEIL dont je vous rappelle les références :
"Note sur la suppression générale des partis politiques. Précédée de Mettre au ban les partis politiques par André BRETON. Et suivie de Simone Weil par ALAIN. Éditions Flammarion, Climats, Paris, 2009."
Et écoutez ce que la philosophe a écrit (sans doute en 1938) à Georges BERNANOS, ce cher Georges BERNANOS, à propos de son ouvrage Les Grands cimetières sous la lune :
 
"Ce que vous dites du nationalisme, de la guerre, de la politique extérieure française après la guerre m'est également allé au cœur. J'avais dix ans lors du traité de VERSAILLES. Jusque là j'avais été patriote avec toute l'exaltation des enfants en période de guerre. La volonté d'humilier l'ennemi vaincu, qui déborda partout à ce moment (et dans les années qui suivirent) d'une manière si répugnante, me guérit une fois pour toute de ce patriotisme naïf. Les humiliations infligées par mon pays me sont plus douloureuses que celle qu'il peut subir."
 
Cela n'empêcha pas Simone WEIL de gagner LONDRES au péril de sa vie, au début de la deuxième guerre mondiale. Elle y mourut de tuberculose. Il est donc possible de manifester des désaccords sans détester l'autre et en étant fidèle positivement à ce que l'on croit juste et véridique. C'est cela penser. Et c'est tout le contraire de l'idéologie qui ne connaît que les idées et ne pense pas.
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Demain, je reviendrai sur la confusion entretenue depuis la Révolution française entre Droit et loi.
 
 
 

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