J'ai omis et je m'en mords les doigts de vous signaler que les Veilleurs de Paris organisaient la 33e veillée hier soir, au croisement du Boulevard Edgar Quinet et de la rue d'Odessa. J'y suis allé, bien sûr, et toujours en compagnie d'Antoine. Nous avons quitté la Porte de Saint-Cloud à 19 h 15. la veillée commençait à 20 h. Comme il fallait s'y attendre, nous sommes arrivés sur place un peu en avance. Le soleil brillait encore assez largement et sur le fond d'un ciel bleu se dressait devant nous la masse imposante de la Tour Montparnasse. Axel et Alix étaient déjà sur place. Il y avait peu de monde et je commençais à me demander si l'assistance serait au rendez-vous. Nous avons posé les banderoles de la soirée à terre tandis qu'Alex continuait à placer avec ses amis les enceintes acoustiques qui permettraient à l'assistance d'entendre les témoignages et les textes. Puis peu à peu les Veilleurs sont arrivés, jeunes et moins jeunes, et lorsque la veillée a commencé nous étions environ 150 personnes (14 rangs de 12, comme j'ai pu le compter). Peu à peu l'assistance grossira et l'on passera à environ 250 personnes, de sorte qu'il aura fallu dé placer les enceintes arrière derrière les nouveaux venus.
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Axel commence la veillée en nous en expliquant le thème, celui de la liberté et il demande si dans l'assistance des veilleurs pourraient faire partie de l'équipe de dialogue. J'accepte cette proposition de sorte que je ne pourrai guère écouter le premier orateur, Henri HUDE, qui fait une longue intervention, dont malheureusement je n'ai pu saisir le contenu ; je ne pourrai pas davantage suivre ceux qui lui succéderont. Antoine prend des photos, tandis que, derrière la foule assise, je déambule en tentant de repérer des passants interrogatifs. Je vois, adossé contre un arbre, un homme qui manifestement fait partie des renseignements généraux. Il a l'air de s'ennuyer prodigieusement. Eric joue deux ou trois airs de cornemuse.
Un premier passant, s'arrête, intéressé. Jean-Luc est d'origine antillaise ; il est là avec sa fille, Maelle, une adorable fillette de 5 ou 6 ans. Je lui explique l'origine des Veilleurs et le but qu'ils poursuivent, celui de réinvestir l'espace public, l'espace politique par excellence, qui appartient à tous les citoyens. Il avait entendu Camille parler du livre consacré aux Veilleurs, avant que je ne l'aborde, et il me demande s'il est possible d'en acheter un. J'essaye de voir si c'est possible, et reviens en lui disant que non, alors que Camille disposait d'un petit stock de ce livre, ce que j'ignorais. Je lui indique qu'il en trouvera à la Procure, rue de Mézières, près de Saint-Sulpice. Il est obligé de quitter la soirée, car sa fille a classe le lendemain, et il ne veut pas qu'elle ce couche tard.
Tandis qu'il s'éloigne, et que je m'apprête à souhaiter une bonne soirée à l'homme des renseignements généraux, il devine que je désire lui parler et il s'éloigne ostensiblement. Un autre passant s'approche et s'interroge : Daniel et ses deux filles, toute jeunes. Elle font de la bicyclette. Le papa est prudent ; elles portent toutes les deux un casque. Daniel est d'origine africaine. Il est très intéressé par ce qui se dit ; je reprend mon explication qu'il accueille avec attention. Il restera un certain et quittera, à regret semble-t-il, la veillée. Petit temps blanc.
Puis je vois arriver une femme d'une cinquantaine d'années. Elle aussi interrogative. Je l'aborde. Elle est sociologue et thérapeute et elle soigne plusieurs homosexuelles, dont une est enceinte. Elle ne défend pas la loi sur le mariage, ni ne la désapprouve. Elle m'indique que les enfants des couples homosexuels qu'elle connaît sont heureux (mais je ne connais pas leur âge, et ce point est décisif), et qu'il est anormal qu'en cas de décès de l'un des membres du couple, l'enfant soit confié à la DAS, si le défunt est la mère reconnue par l'état civil. Je luis parle longuement de l'étude de REGNERUS, sans en donner toutes les conclusions, mais d'entrée de jeu et avant que je n'aborde le sujet, elle me dit qu'on peut faire dire ce que l'on veut aux statistiques ; c'est assez curieux pour une sociologue, car la sociologie se fonde énormément sur les statistiques pour tirer ses conclusions. Et je n'ose lui dire que son scepticisme doit être universel, et porter aussi bien sur les études montrant l'égalité de bonheur des enfants de familles homoparentales et des familles hétéroparentales que sur celles qui prouvent le contraire. Néanmoins, puisque ces situations concrètes existent, même si elles résultent d'une violation de la loi, il est évident que la loi doit les prendre en compte, mais nous tombons d'accord que cette prise en compte n'exige pas le mariage. Dialogue sans concession, mais courtois et finalement utile.
Voilà maintenant un grand homme qui écoute avec intérêt. Là encore je l'aborde. Il me répond avec un accent où je crois deviner l'Italie. Erreur, Zoran est serbe. Il vit en France depuis 40 ans mais n'a jamais pu se débarrasser de son accent délicieux, avec des R qu'il fait rouler, et cette légère modulation de la langue qui rend les slaves si attachants dans leur discours. Echange sur la démocratie. Il ne le dit pas mais je crois deviner une certaine amertume dans son propos, aussi bien sur la démocratie à la MILOSEVIC que sur la démocratie à la française qui a réussi, avec le secours de l'Europe et des Etats-Unis à dépecer la Serbie et à l'amputer du KOSOVO (dont les ressortissants exercent en France toutes sortes d'activité qu'il vous revient d'identifier).
Un couple s'approche, curieux de savoir ce que signifie ce rassemblement. Ce sont des asiatiques. Ils préfèrent que l'on utilise l'anglais. Ils viennent de Chine. J'explique l'origine des Veilleurs et le sens des Veillées, en insistant sur l'investissement pacifique et non violent de l'espace public, propriété de tous les citoyens. Puis, rassemblant le peu de chinois que je connais, je commence à leur dire Ren shi nin, wo hen et ils ne me laissent pas le temps d'aller plus loin ; en coeur ils ajoutent gao xing. J'ai simplement dit que j 'étais heureux de faire leur connaissance.
Et puis enfin un homme jeune, au visage ouvert s'approche. Nicolas demande des explications qu'il reçoit avec intérêt. S'approche de lui une jeune femme qui lui prend la main. Je suppose, et le lui dis, qu'il s'agit de son amie. Non, me dit-il, c'est ma femme. Ils n'ont pas encore d'enfants. Roberta est d'origine brésilienne. Après un échange amical, ils s'éloignent tandis que je leur dis : Soyez bénis ! Cette rencontre, pour moi, est absolument bouleversante, sans que je puisse expliquer pourquoi : sans doute l'amour de Roberta pour Nicolas et de Nicolas pour Roberta.
J'aurais eu le temps de saisir quelques bribes de divers textes (Khalil GIBRAN, La FONTAINE, Robert DESNOS, Victor HUGO [un extrait des Misérables lu par deux jeunes filles membres des Gavroches], notamment), et aussi le témoignage d'un prêtre libanais de rite maronite. Je n'ai pas eu le temps d'écouter un membre du mouvement Fonder demain. En revanche, j'ai pu écouter Tugdual DERVILLE qui entame avec Ecologie humaine un tour de France (prochaine réunion à Paris ; j'en reparlerai), et un peu Antoine RENARD membre du mouvement Force Vie et candidat aux élections européennes.
La veillée se déroule en fait en deux séquences séparées par une pause. Un magnifique piano électrique permet à une veilleuse de nous jouer for bien une pièce de BEETHOVEN, et avant nous aurons entendu un air du Nabucco de VERDI, celui du grand prêtre Zaccharia, interprété sans micro et a capella par un veilleurs. Une jeune philosophe enfin nous livre son témoignage vécu sur l'incompréhension et la haine qu'a suscité chez ses proches et des amis son engagement dans la cause de La Manif Pour Tous et dans celle des Veilleurs. Auparavant j'aurai pu rencontrer Clémentine et Blandine, deux de mes anciennes jeunes de l'aumônerie, Romain, avec qui j'avais partagé la soirée de SAINT-NAZAIRE et un autre participant à cette soirée, un participant dont j'ai oublié le nom. Et Christophe, que k'ai rencontré lorsque j'étais à Tibériade, assis dans les premiers rangs, m'aura hélé pour me saluer. Belle veillée, pleine de bienveillance et de respect. Curieusement, les gendarmes et la police ont déserté les lieux. Antoine m'explique la raison de cette discrétion : nous ne sommes pas près des lieux de pouvoir. En effet les habitants du cimetière de MONTPARNASSE ne sont pas de ceux qui font de l'ombre aux citoyens français !
La nuit est tombée depuis près d'une heure. La fête bretonne de la crêpe qui se tient de l'autre côté du boulevard Quinet est finie depuis longtemps. Il est 23 heures quand nous décidons avec Antoine de rentrer.
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Axel commence la veillée en nous en expliquant le thème, celui de la liberté et il demande si dans l'assistance des veilleurs pourraient faire partie de l'équipe de dialogue. J'accepte cette proposition de sorte que je ne pourrai guère écouter le premier orateur, Henri HUDE, qui fait une longue intervention, dont malheureusement je n'ai pu saisir le contenu ; je ne pourrai pas davantage suivre ceux qui lui succéderont. Antoine prend des photos, tandis que, derrière la foule assise, je déambule en tentant de repérer des passants interrogatifs. Je vois, adossé contre un arbre, un homme qui manifestement fait partie des renseignements généraux. Il a l'air de s'ennuyer prodigieusement. Eric joue deux ou trois airs de cornemuse.
Un premier passant, s'arrête, intéressé. Jean-Luc est d'origine antillaise ; il est là avec sa fille, Maelle, une adorable fillette de 5 ou 6 ans. Je lui explique l'origine des Veilleurs et le but qu'ils poursuivent, celui de réinvestir l'espace public, l'espace politique par excellence, qui appartient à tous les citoyens. Il avait entendu Camille parler du livre consacré aux Veilleurs, avant que je ne l'aborde, et il me demande s'il est possible d'en acheter un. J'essaye de voir si c'est possible, et reviens en lui disant que non, alors que Camille disposait d'un petit stock de ce livre, ce que j'ignorais. Je lui indique qu'il en trouvera à la Procure, rue de Mézières, près de Saint-Sulpice. Il est obligé de quitter la soirée, car sa fille a classe le lendemain, et il ne veut pas qu'elle ce couche tard.
Tandis qu'il s'éloigne, et que je m'apprête à souhaiter une bonne soirée à l'homme des renseignements généraux, il devine que je désire lui parler et il s'éloigne ostensiblement. Un autre passant s'approche et s'interroge : Daniel et ses deux filles, toute jeunes. Elle font de la bicyclette. Le papa est prudent ; elles portent toutes les deux un casque. Daniel est d'origine africaine. Il est très intéressé par ce qui se dit ; je reprend mon explication qu'il accueille avec attention. Il restera un certain et quittera, à regret semble-t-il, la veillée. Petit temps blanc.
Puis je vois arriver une femme d'une cinquantaine d'années. Elle aussi interrogative. Je l'aborde. Elle est sociologue et thérapeute et elle soigne plusieurs homosexuelles, dont une est enceinte. Elle ne défend pas la loi sur le mariage, ni ne la désapprouve. Elle m'indique que les enfants des couples homosexuels qu'elle connaît sont heureux (mais je ne connais pas leur âge, et ce point est décisif), et qu'il est anormal qu'en cas de décès de l'un des membres du couple, l'enfant soit confié à la DAS, si le défunt est la mère reconnue par l'état civil. Je luis parle longuement de l'étude de REGNERUS, sans en donner toutes les conclusions, mais d'entrée de jeu et avant que je n'aborde le sujet, elle me dit qu'on peut faire dire ce que l'on veut aux statistiques ; c'est assez curieux pour une sociologue, car la sociologie se fonde énormément sur les statistiques pour tirer ses conclusions. Et je n'ose lui dire que son scepticisme doit être universel, et porter aussi bien sur les études montrant l'égalité de bonheur des enfants de familles homoparentales et des familles hétéroparentales que sur celles qui prouvent le contraire. Néanmoins, puisque ces situations concrètes existent, même si elles résultent d'une violation de la loi, il est évident que la loi doit les prendre en compte, mais nous tombons d'accord que cette prise en compte n'exige pas le mariage. Dialogue sans concession, mais courtois et finalement utile.
Voilà maintenant un grand homme qui écoute avec intérêt. Là encore je l'aborde. Il me répond avec un accent où je crois deviner l'Italie. Erreur, Zoran est serbe. Il vit en France depuis 40 ans mais n'a jamais pu se débarrasser de son accent délicieux, avec des R qu'il fait rouler, et cette légère modulation de la langue qui rend les slaves si attachants dans leur discours. Echange sur la démocratie. Il ne le dit pas mais je crois deviner une certaine amertume dans son propos, aussi bien sur la démocratie à la MILOSEVIC que sur la démocratie à la française qui a réussi, avec le secours de l'Europe et des Etats-Unis à dépecer la Serbie et à l'amputer du KOSOVO (dont les ressortissants exercent en France toutes sortes d'activité qu'il vous revient d'identifier).
Un couple s'approche, curieux de savoir ce que signifie ce rassemblement. Ce sont des asiatiques. Ils préfèrent que l'on utilise l'anglais. Ils viennent de Chine. J'explique l'origine des Veilleurs et le sens des Veillées, en insistant sur l'investissement pacifique et non violent de l'espace public, propriété de tous les citoyens. Puis, rassemblant le peu de chinois que je connais, je commence à leur dire Ren shi nin, wo hen et ils ne me laissent pas le temps d'aller plus loin ; en coeur ils ajoutent gao xing. J'ai simplement dit que j 'étais heureux de faire leur connaissance.
Et puis enfin un homme jeune, au visage ouvert s'approche. Nicolas demande des explications qu'il reçoit avec intérêt. S'approche de lui une jeune femme qui lui prend la main. Je suppose, et le lui dis, qu'il s'agit de son amie. Non, me dit-il, c'est ma femme. Ils n'ont pas encore d'enfants. Roberta est d'origine brésilienne. Après un échange amical, ils s'éloignent tandis que je leur dis : Soyez bénis ! Cette rencontre, pour moi, est absolument bouleversante, sans que je puisse expliquer pourquoi : sans doute l'amour de Roberta pour Nicolas et de Nicolas pour Roberta.
J'aurais eu le temps de saisir quelques bribes de divers textes (Khalil GIBRAN, La FONTAINE, Robert DESNOS, Victor HUGO [un extrait des Misérables lu par deux jeunes filles membres des Gavroches], notamment), et aussi le témoignage d'un prêtre libanais de rite maronite. Je n'ai pas eu le temps d'écouter un membre du mouvement Fonder demain. En revanche, j'ai pu écouter Tugdual DERVILLE qui entame avec Ecologie humaine un tour de France (prochaine réunion à Paris ; j'en reparlerai), et un peu Antoine RENARD membre du mouvement Force Vie et candidat aux élections européennes.
La veillée se déroule en fait en deux séquences séparées par une pause. Un magnifique piano électrique permet à une veilleuse de nous jouer for bien une pièce de BEETHOVEN, et avant nous aurons entendu un air du Nabucco de VERDI, celui du grand prêtre Zaccharia, interprété sans micro et a capella par un veilleurs. Une jeune philosophe enfin nous livre son témoignage vécu sur l'incompréhension et la haine qu'a suscité chez ses proches et des amis son engagement dans la cause de La Manif Pour Tous et dans celle des Veilleurs. Auparavant j'aurai pu rencontrer Clémentine et Blandine, deux de mes anciennes jeunes de l'aumônerie, Romain, avec qui j'avais partagé la soirée de SAINT-NAZAIRE et un autre participant à cette soirée, un participant dont j'ai oublié le nom. Et Christophe, que k'ai rencontré lorsque j'étais à Tibériade, assis dans les premiers rangs, m'aura hélé pour me saluer. Belle veillée, pleine de bienveillance et de respect. Curieusement, les gendarmes et la police ont déserté les lieux. Antoine m'explique la raison de cette discrétion : nous ne sommes pas près des lieux de pouvoir. En effet les habitants du cimetière de MONTPARNASSE ne sont pas de ceux qui font de l'ombre aux citoyens français !
La nuit est tombée depuis près d'une heure. La fête bretonne de la crêpe qui se tient de l'autre côté du boulevard Quinet est finie depuis longtemps. Il est 23 heures quand nous décidons avec Antoine de rentrer.
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