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Allons sans cesse en disant :
Non ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c'est la lâcheté !
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1. La citation du jour.
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Du père LECOMTE, missionnaire jésuite en Chine au XVIIIe siècle, ce discours qu'il met dans la bouche de l'Empereur régnant, au moment où une terrible sécheresse sévit "à la Chine", comme on disait alors. Il s'agit d'une prière qu'il adresse au Seigneur du Ciel, (Shàng Dì ; 上 帝) afin qu'il vienne secourir le pays (je respecte l'orthographe du temps) :
"Seigneur, vous n'ignorez pas les misères où nous sommes réduits : ce sont mes péchés qui les ont attirées sur mon peuple ; &; je viens ici pour en faire un humble aveu à la face du ciel et de la terre. Pour être mieux en état de me corriger, permettez-moi, souverain maître du monde, de vous demander ce qui vous a particulièrement déplu en ma personne : est-ce la magnificence de mon palais ? j'aurai soin d'en retrancher l'excès. Peut-être que l'abondance des mets &; la délicatesse de ma table ont attiré la disette ? dorénavant, on ne verra plus que frugalité et tempérance. Les loix me permettent de prendre des concubines, en désapprouveriez-vous le trop grand nombre ? je suis prêt de le diminuer. Que si tout cela ne suffit pas pour apaiser votre colère, &; qu'il vous faille une victime,, me voici, Seigneur ; &; je consens de bon coeur à mourir, pour que vous épargniez ces bons peuples. Que la pluie tombe sur leurs campagnes pour soulager leurs besoins, & la foudre sur ma tête pour satisfaire à votre justice."
(Cité dans Mélanges intéressans et curieux ou abrégé d'histoire naturelle, morale, civile et politique de L'Asie, l'Afrique, l'Amérique et des Terres polaires. Tome quatrième : la Chine. A Paris, chez Durand, Libraire rue du foin, 1763.) [par J.-P. ROUSSELOT de SURGY dont le nom ne figure pas sur la page de titre du volume IV. L'ouvrage en son entier comporte dix volumes ; je ne possède, hélas, que celui-ci.]
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2. Commentaires.
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Imaginez un seul instant que monsieur HOLLANDE aille au Panthéon (en notre pauvre République laïque et étriquée, il ne pourrait aller à Notre-Dame ou Sacré-Coeur) et, s'inclinant devant la tombe de VOLTAIRE, prononce contre lui-même un tel réquisitoire ! En congédiant madame TRIERWEILER avec l'élégance qu'on lui reconnaît, monsieur HOLLANDE n'a fait qu'un des petits pas que suggérait l'Empereur pour son propre compte, à propos du nombre exagérée de ses concubines. Il n'a pas encore l'esprit de sacrifice et ne demande pas en tremblant que la foudre céleste le contraigne à la démission. Mais entre le "Moi, Président" et la magnifique prière de l'Empereur de Chine, il y a un fossé immense ; il ne saurait être comblé que par le scepticisme suscité par la politique de nos Princes. Le chômage a encore de beaux jours devant lui en notre pauvre Patrie.
Nous avons beaucoup à apprendre du peuple chinois, de son histoire et de sa culture. Je ne me lasse pas de lire des textes, des récits, des poésies produits par les grands auteurs chinois. Et nous aurions tout intérêt à nous en inspirer. C'est du reste cette contradiction entre un passé agité, certes, mais glorieux et riche d'arts en toutes sortes, et un présent qui pousse le peuple chinois à marche forcée vers une civilisation américaine qui ne convient pas à son génie, qui est grosse de tensions intérieures. Il me semble que nous n'avons pas fini de voir la Chine s'efforcer de revenir, peut-être dans la douleur, à une manière d'être et de vivre qui lui est si particulière et qui est si attachante.
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