jeudi 30 octobre 2014

30 octobre 2014. Nouvelles de la Résistance... Un quasi-citoyen helvétique parle de la France !

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Avant toutes choses, je voudrais remercier ici même Pierre-Henri THOREUX dont je recommande vivement le Blog Liberty lovers. Il a fait un très gentil commentaire de mon dernier billet lequel exhalait une douce odeur de résignation et un petit parfum d'amertume. Il est exact qu'on ne peut mesurer l'impact des propos que l'on tient en se fondant sur le nombre de commentaires.  Il n'empêche que parfois j'ai l'impression de parler dans le vide ! Mais Pierre-Henri m'a redonné du tonus.
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Et pour commencer, une nouveauté :

Ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c'est la lâcheté.

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1. La citation du jour.
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Voici comment un citoyen (provisoire, puisqu'il était en vérité Français) de la République de Genève voyait la nation française des années 1400-1500, en l’année 1780. Il n’y va pas avec le dos de la cuillère, le brave Guillaume-Thomas RAYNAL, comme vous l’allez voir (je respecte l’orthographe de l’époque) :

"La nation [française] avait alors ce caractère d’inconséquence, qu’elle a eu depuis  & qu’aura toujours un peuple dont les mœurs et les manières ne seront pas d’accord avec les loix. Les conseils du prince y donnaient des édits sans nombre, & souvent contradictoires ; mais le prince dispensait aisément d’obéir. Ce caractère de facilité dans les souverains, a été souvent le remède à la légèreté avec laquelle les ministres de France ont donné & multiplié les loix."

In
Guillaume-Thomas RAYNAL.
Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce européen dans les deux Indes. (Tome premier, Livre I, page 34.)
Chez Jean-Léonard PELLET, Imprimeur de la Ville & amp; de l’Académie, Genève, 1780. [Il y a dix volumes, que je possède, et un atlas, que je ne possède pas, hélas !]
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2. Commentaires.
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Ce Guillaume Thomas RAYNAL se présente, dans l'introduction à son monumental ouvrage, comme un spectateur absolument objectif de la scène du monde. En réalité, il apparaît être un déiste, familier de Jean-Jacques ROUSSEAU, un déiste un tantinet protestant, et très violemment anticatholique, ce qui ne laisse pas d'étonner, puisqu'il était prêtre catholique, un prêtre un tantinet simoniaque. Un ténébreux produit des Lumières mais un fervent antiesclavagiste et, comme le dit Pierre-Henri THOREUX dans son commentaire, un amoureux de la liberté..
Est-ce à dire que son observation sur le caractère de la nation française est dénuée de valeur ? Hélas, je ne le crois pas, et ce qui était déjà la plaie de notre patrie au temps de la défunte monarchie, est devenu depuis plus de 200 ans, sa lèpre et son cancer. La maladie a galopé dès le début de la Révolution ; savez-vous qu'entre le 1er juillet 1791 et le 26 octobre 1796, nos "représentants" ont pondu 15 479 lois ?
En principe, nous naissons tous égaux devant la loi. Les Conseils du Prince le pressent de raboter les allocations familiales versées aux familles déclarées "riches" (ah ! l'affreux mot ! Il suscite le ressentiment, la jalousie, la gluante envie, mais en aucun cas ceux qu'agitent ces bassesses ne sont prêts à consentir aux efforts qui leur permettraient d'accéder à une position plus enviable que celle qu'ils occupent présentement). L'Assemblée vote le rabotage imaginé par les Conseils du Prince. Mais le Prince ne touche pas au Supplément Familial de Traitement qui inonde de sa douce chaleur les fonctionnaires (3 % du traitement tout de même) et qui leur fut attribué du temps qu'ils ne touchaient pas d'allocations familiales. 
En principe, nous sommes tous égaux devant la loi. Mais les régimes spéciaux de retraite n'ont pas été modifiés, ni les rabais consentis aux employés d'EDF sur leur note d'électricité.
Bref, ils passent leur temps à nous accélérer le transit par des lois stupides qu'ils se gardent bien de s'appliquer à eux-mêmes ou d'appliquer à leur clientèle. C'est une clientèle captive ; et une clientèle captive, ressemble fort à une clientèle d'esclave !
Ne parlons pas de l'inconséquence dont j'ai été moi-même le témoin stupéfait et qui a vu monsieur REBSAMEN, le douloureux ministre du travail déclarer sur BFMTV qu'il ne savait pas ce que voulait dire "Contrat de Travail Unique", alors que son patron, monsieur VALLS envisageait deux jours avant de le mettre en oeuvre. Inconséquence ! Incompétence ! Impéritie ! Décidément, le moins mauvais de tous ces nuls pourrait bien être Manuel VALLS dit MENTON-POINTU. 

2 commentaires:

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Heureux de vous voir remis en selle M. Poindron !
Quand je me désole comme vous de l'apparente vanité qui est de tenir un blog, je pense au ciel étoilé et je me dis qu'après tout si une seule étoile dans le ciel n'est pas grand chose, il n'en est pas trop pour composer la multitude étincelante qui excite notre désir de plénitude et d'éternité... Il y en a qu'on ne voit pas mais elles participent tout de même de cette étonnante harmonie...
Votre billet du jour est très intéressant. Merci de mieux faire connaître Raynal, amoureux de la Liberté s'il en fut, dont le propos sur les lois me rappelle ceux de Montaigne, à propos, que je ne peux m'empêcher de citer ici : "Je n'ai guère de sympathie pour l'opinion de celui qui pensait, par la multiplicité des lois, parvenir a brider l'autorité des juges en leur taillant la-dedans les morceaux qu'il leur faudrait [pour chaque cas].
Il ne se rendait pas compte du fait qu'il y a autant de liberté et de latitude dans l'interprétation des lois que dans leur rédaction.../... Nous avons en France plus de lois que n'en a le reste du monde tout entier, et plus qu'il n'en faudrait pour réglementer tous les mondes d'Epicure.../... Qu'ont donc gagné nos législateurs a distinguer cent mille espèces de faits particuliers et a y associer cent mille lois? Ce nombre est sans commune mesure avec l'infinie diversité des actions humaines. La multiplication de nos inventions ne parviendra pas a égaler la variété des exemples.
Ajoutez-y encore cent fois autant : vous ne pourrez pas faire que dans les évènements a venir, il s'en trouve un seul qui, dans ces milliers d'évènements repérés et répertoriés, en rencontre un autre auquel il puisse se joindre et s'apparier si exactement qu'il ne reste plus entre eux la moindre particularité et différence, et qui ne requiert de ce fait un jugement particulier. Il y a peu de rapport entre nos actions, qui sont en perpétuelle évolution, et des lois fixes et immobiles.../... Les lois les plus souhaitables sont les plus rares, les plus simples, et les plus générales : et je crois même qu'il vaudrait mieux ne pas en avoir du tout, plutôt que d'en avoir autant que nous en avons." Essais, Livre III, chapitre 13.

Philippe POINDRON a dit…

Magnifique commentaire ! Pertinent et judicieux. L'excès de lois est toujours un signe de faiblesse dde la part du pouvoir.
Et MONTAIGNE est un observateur incroyablement fin, non seulement de sa propre personne mais encore du monde qui l'entoure.