samedi 28 avril 2007

Quelques évidences

On peut tourner la question dans tous les sens : la réponse est toujours la même. Il n'est pas possible de répartir des richesses qui n'ont pas été produites. Il y a deux façons d'augmenter la manne à redistribuer : améliorer la productivité ; travailler. Ces deux moyens, du reste, offrent chacun diverses options d'action.
Ainsi de l'augmentation de la productivité. Elle peut être assurée par une personne, par une machine, ou par la rencontre des deux agents. Quand on a supprimé, dans le métro, les poinçonneurs et le chef de train, on a fait supporter par le conducteur les tâches de ces derniers. Trois personnes ont été remplacées par une. On a diminué le nombre de secrétaires-dactylographes lors de l'avènement de l'ordinateur et des logiciels de traitement de texte, et le jour n'est pas loin, ou par le traitement vocal, on supprimera totalement ces postes. Certains robots convenablement programmés peuvent parfaitement remplacer un agent d'entretien. On voit que, selon les cas, ce processus d'amélioration est plus ou moins légitime. Il me paraît l'être, s'il diminue la peine des hommes sans détruire leur emploi. ll l'est nettement moins s'il s'agit d'augmenter des profits en diminuant le nombre d'emplois. Une amélioration de la productivité NE DERAIT PAS DETRUIRE D'EMPLOI. Elle devrait au contraire en créer, par l'invention de nouvelles fonctions dans l'entreprise. Messieurs, mesdames, inventez, innovez, imaginez, à partir d'une vision politique, sociale, économique et anthopologique globale, et non pas financière.
Travailler plus, deuxième voie générale. Voilà qui fait pousser des cris d'orfraie à ceux qui, en général, ont des revenus suffisants et peuvent vivre dans une relative oisiveté, en bénéficiant, du reste, du travail des moins bien nantis (restaurateurs ouverts le dimanche, hôpitaux, services de garde divers, transports en commun, et dans certains secteurs, commerces divers à ouverture dominicale, etc.). Car si personne ne travaille quand ils ont eux des loisirs, ils vont s'ennuyer, non ? Pourtant, que ce soit dans la production de biens ou dans l'offre de services, il n'est nul besoin de sortir de polytechnique pour comprendre que ce "travailler plus" engendre des richesses susceptibles d'être réparties. Il y a aussi le travailler autrement par la création d'entreprises, l'innovation, la prise de risque personnel, et, la diminution du salariat au profit de l'initiative individuelle. : je suis absolument convaincu que nous allons vers cette dernière solution. Elle me semble avoir l'avantage de laisser à chacun la maîtrise de sa vie. La civilisation technique, dans sa logique insensée, est faite pour une société dans laquelle des usines ultramodernes et sans employés, produiraient des biens que personne ne pourrait acheter, faute de ressources et d'emploi.
Dernière réflexion : il n'y a pas une piste unique d'action. Il est facile de dire que l'on va redistribuer. Mais redistribuer quoi ? Les bonnes vieilles recettes idéalo-socialistes ont fait preuve de leurs limites. Elles ont simplement permis de contenir l'explosion sociale par l'acceptation d'une civilisation inhumaine dont ils ont eux-mêmes édifié les fondements. Leur intuition philosophique est très claire. Elle peut se résumer par une sentence de TOCQUEVILLE : "On se passe fort aisément de ce que les autres n'ont pas". Les bonnes vieilles recettes dites "libérales" (on se demande bien pourquoi) peuvent se résumer par une sentence qui m'est personnelle : "Enrichissez-moi". Je préfèrerais un mot d'ordre plus humain : "Enrichissons-nous". Serait ouvert le débat de fond : de quoi avons-nous besoin d'être enrichi ? Mais je ne vois point surgir cette question dans le débat électoral, et pour cause, car elle ouvrirait une boîte de Pandore, celle-qui renferme toute la question du sens de la vie humaine dans sa dimension personnelle ET sociale.

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