De JOUBERT, cette citation qui devrait bien faire réfléchir les électeurs avant qu'ils ne se décident dimanche prochain
"Les esprits faux sont ceux qui n'ont pas le sentiment du vrai et qui en ont les définitions ; qui regardent dans leur cerveau, au lieu de regarder devant leurs yeux, qui consultent, dans leurs délibérations, les idées qu'ils sont des choses, non les choses elles-mêmes."
Vous voyez tout l'intérêt qu'il y a à enfourner dans la tête des citoyens des idées toute faites pour les leur faire considérer, au lieu et place des choses et des êtres, au moment de leur choix. Nous avons été les témoins d'une campagne digne de GOEBBELS, de la part des compétiteurs du candidat arrivé en tête au premier tour. Sans la moindre preuve, par exemple, on dit qu'il a fait pression pour empêcher le déroulement d'une confrontation télévisée ; on n'en a pas la preuve, mais on en a la certitude : ce n'est pas un fait cela, c'est une croyance. Les cibles de la pression supposée ont beau démentir la chose à deux reprises chaque fois (le président du SNPQR, le CSA), le bruit a été lancé et il est accrédité dans la tête des citoyens. Monsieur LANG a jugé immorale la proposition que monsieur ROCARD avait faite avant le premier tour de discuter avec monsieur BAYROU, voire de passer un acord avec lui ? Il pavane toujours au premier rang de l'équipe de madame ROYAL et adresse des oeillades amicales au même monsieur BAYROU avant le second tour : monsieur LANG est un moraliste de grande qualité, dont le jugement est d'une remarquable sûreté, d'une stabilité de tout premier plan. Je propose qu'on le surnomme "manche à air". Il faut conclure ce commentaire qui pourrait paraître partial : il convient, avant de se déterminer, d'étudier les propositions des candidats, et de juger si elles sont propres à assurer l'intérêt général, et non une somme d'intérêts particuliers. Le propre du politique, c'est bien l'espace public, ce n'est pas l'espace privé. Il faut conclure encore que le procès qui est fait à madame ROYAL de ne pas entièrement se conformer au canon du socialisme est d'une rare stupidité, et lui reconnaître qu'elle désire sortir (un peu) du carcan de l'idéalisme. Je n'ai pas à juger si cet effort résulte de son désir - qui me paraît grand, mais ceci est un jugement - d'accéder au pouvoir à n'importe quel prix ; j'ai à chercher si ses propositions sont justes et bonnes. Je ne le pense pas, car elles portent en elle une contradiction dont on reparlera : mais de grâce parlons de ces propositions qui ne sont pas toutes idiotes, et non de bravitude, de doudoune blanche et de je ne sais quelle nez pointu de bécassine.
De Thomas d'AQUIN, cette autre citation, qui est dotée des mêmes vertus que le constat de JOUBERT :
"Celui qui recherche la faveur des hommes doit nécessairement, dans tout ce qu'il fait, être le serviteur de leur volonté, et ainsi il devient l'esclave de chacun des hommes à qui il s'applique à plaire." (De Regno, chapitre VII.) Et :
"Gouverner consiste à conduire convenablement ce qui est gouverné, A LA FIN QUI LUI EST DUE." (De Regno, chapitre XIX.)
Eh bien je prétends que la fin qui est due à chacun de nous n'est pas de lui assurer une vie matérielle convenable - encore que ce bien (qui est un but ou un objectif) soit le socle absolument indispensable à l'obtention de cette fin. Je dis que notre fin consiste à aller vers ce pour quoi nous sommes faits : à la fois accomplir les potentialités que notre nature, éclairée par notre éducation, et notre propre réflexion, a mises nous ; remplir vis-à-vis du prochain les devoirs d'aide et de fraternité que nous impose notre humanité.
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