Dans quelques jours, il nous sera possible de voir le film de Xavier BEAUVOIS, Des hommes et des dieux. A cette occasion, le magazine Panorama publie une interview de Lambert WILSON, conduite par Bertrand REVILLON (Livraison de Septembre 2010, N° 468). Si vous en, avez la possibilité, lisez cet entretien. Lambert WILSON décrit la manière dont il a peu à peu perçu la vie monastique - en faisant une retraite à l'abbaye de TAMIE avec les autres acteurs choisis pour tenir les places (je n'ose pas dire les rôles) des moines du monastère de TIBHIRINE, enlevés par des islamistes, et décapités dans des conditions qui resteront à jamais mystérieuses, pour ne pas dire ténébreuses ; comment aussi il a habité le personnage de Christian de CHERGE, le prieur de l'abbaye.
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Ses réponses sont pleines de pudeur. Lambert WILSON préfère le silence de la campagne et la paix des monastères à l'agitation médiatique de PARIS. Il précise qu'il a été baptisé par l'abbé PIERRE, dont il avait joué le rôle dans Hiver 54. Mais là n'est pas le point principal. A la question [La foi] l'avez-vous, Lambert répond : "Il faut se méfier du piège des mots. Oui, je crois que j'ai la foi, à condition que ce mot ne signifie pas 'posséder une certitude' mais être sur un chemin, un itinéraire inévitablement chaotique, empli de tâtonnements. Je répugne à prononcer le nom de Dieu. Je crois que nos lèvres sont infiniment trop petites pour prononcer le nom de Dieu. Lorsque je parle de lui, je dis 'Il', car il est l'indicible..."
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J'approuve ces paroles. Et du reste, dans les billets où j'ai eu l'occasion de parler de la foi chrétienne, je n'ai jamais utilisé le mot de Dieu, ni même celui de Christ, mais celui de Jésus, pour cette raison-là que je n'aurais pas sur dire aussi clairement.
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Christian de CHERGE a été marqué par un terrible événement. Il fait la guerre d'Algérie, mais à sa manière, noue une profonde amitié avec Mohamed, le garde champêtre dû village dont il doit assurer la protection. Mohamed est un croyant, un priant ; les deux amis échangent sur la prière en se promenant. Un jour des nationalistes algériens veulent faire un sort à l'officier. Mohamed s'interpose et sauve la vie de son ami. Trois jours plus tard, on le retrouvera égorgé, près de son puits. Le prieur est marqué pour le restant de ses jours par la mort tragique de Mohamed : "Dans le sang de cet ami, dira-t-il, j'ai su que mon appel à suivre le Christ devrait trouver à se vivre, tôt ou tard, dans le pays même où m'avait été donné ce gage de l'amour le plus grand".
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Le père de CHERGE a été un ardent propagateur et un animateur infatigable du dialogue entre le christianisme et l'islam. Il a donné sa vie pour faire vivre ce dialogue, car le sort des hommes de paix, c'est d'être la cible de fous furieux qui croient défendre celui qu'ils appellent "Dieu", mais qui en réalité se mettent à sa place. Tel n'est pas l'avis des musulmans croyants dont beaucoup sont des mystiques de très haute spiritualité. C'est pourquoi toute assimilation de croyants musulmans à des islamistes est une généralisation homicide ; c'est pourquoi il convient de défendre ceux d'entre eux qui ne confondent pas la foi et l'action politique et de combattre impitoyablement ceux qui le feraient?
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