mardi 7 septembre 2010

Matière à réflexion pour les acteurs de l'éducation nationale

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Au moment où, après seulement une petite semaine de cours, les enseignants sont en grève, il est intéressant de rappeler quelques statistiques sur les performances des établissements publics et privés. On considère en général que c'est là un bon indice de la qualité d'un lycée. Mais si l'on inclut la notion de valeur ajoutée à cette reussite, c'est-à-dire les chances de sortir bachelier quand on entre en seconde, on obtient un tout autre tableau que le trompe l'oeil du succès brut.

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La valeur ajoutée est la différence en positif ou en négatif, entre le pourcentage effectif des bacheliers (ici les chiffres que je vais citer sont de 2009) et celui que l'on attend, compte tenu des origines sociales des élèves, de leur âge et de leur note. Ces chiffres sont établis par les services du Ministère de l'éducation nationale. Le journal Le Monde les a publiés et commentés (objectivement, je tiens à le dire, car une fois n'est pas coutume) dans son numéro du vendredi 20 août 2010.
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Si l'on tient compte de la valeur ajoutée, on constate que les lycées privés sous contrat occupent 62 des 100 premières places du classement. Le tout premier est l'externat Saint-Joseph de Cayenne, dont la valeur ajoutée est de 24 % (95 % de bacheliers effectifs pour 71 % attendus). En deuxième et troisième positions, avec une valeur ajoutée de 19 % et un pourcentage de 100 % et 96 % respectivement, l'institution Saint-Joseph de NAY (Pyrénées atlantiques) et le lycée Henri-Leroy de PORT SAINT-LOUIS-DU-RHÔNE). A la quatrième place, Notre-Dame-Saint-Vincent-de-Paul (PARIS ; 94 % de réussite et 15 % de valeur ajoutée). De la cinquième à la huitième place, quatre établissements privés, dont deux ont un taux de réussite de 100% et qui ont tous une valeur ajoutée de 13 %.
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Le journal note que ces résultats sont une pierre dans le jardin du service public. Et il observe que sur les 100 premiers établissements, 62 sont des établissements privés. Le lycée public Camille Desmoulins du Cateau-Cambrésis (Nord) tient une honorable 9e place. Son proviseur note que si ses élèves obtiennent leur baccalauréat à 82 %, le taux attendu est de 69 %. La performance est remarquable. Mais plus remarquables encore sont les remarques judicieuses de cette enseignante, madame Marie-Claire DAME. Ces résultats sont obtenus dit-elle "par la réactivité de l'équipe pédagogique. On organise une réunion à midi dès qu'un professeur principal voit qu'une classe dérape. La stabilité de l'équipe enseignante est bénéfique, d'autant qu'elle a le souci de développer l'image de marque de l'établissement. La discipline aussi est de mise : les élèves qui ratent un devoir sur table le rattrapent à leur retour, et ils ne sont pas autorisés à quitter l'établissement entre deux heures de cours." Résumons : amour du métier, exigence de qualité, absence de démagogie, discipline, remédiation.
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Je voudrais bien savoir pourquoi ce sont les établissements privés qui tiennent le haut du pavé dans ce classement. Il n'est pas question d'accabler les enseignants du public. J'en ai fréquenté et interrogé des dizaines : ils sont remarquables. J'ose donc une hypothèse explicative : c'est le système qui ne fonctionne pas : centralisation, pesanteur administrative, crainte des inspections (encore que les enseignants du privés soient eux aussi inspectés), pression syndicale, idéologie égalitariste. Marie-DURU-BELLAT qui donne sa conclusion à l'article note avec bon sens : "Refuser de voir les écarts entre établissements, c'est la politique de l'autruche". Il serait intéressant d'étudier les facteurs qui rentrent en cause dans la différence entre établissements de même catégorie.
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L'enseignant par vocation a besoin d'un peu de liberté et dans les méthodes et dans les programmes, oui, dans les programmes ; il est parfaitement concevable que, sur 100 heures d'enseignement d'une discipline, l'enseignant puisse disposer de 20 heures où il enseignerait, dans cette discipline, un sujet de son choix. Il y aurait des surprises...
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