jeudi 16 septembre 2010

Rechercher les faits...

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Rechercher les faits. C'est le titre d'un article écrit par Valéry GISCARD d'ESTAING dans Le Point du 2 septembre 2010 (N°1981). J'en recommande vivement la lecture à tous ceux que n'obscurcissent pas le préjugé et la haine de l'adversaire politique. L'ancien Président de la République analyse, sans effet de manche, avec la clarté qui caractérise son discours et son intelligence, la question des Rroms. Avant de le citer, je confesserai que je ne suis pas un de ses admirateurs. Avec le recul, il m'apparaît qu'il a inauguré le recul de notre pays par une fausse conception de la modernité, et une certaine démagogie. Mais le temps, sans doute, a fait son oeuvre dans l'esprit de ce nouvel Immortel. Dans la citation qui suit, les majuscules sont de votre serviteur. J'ai respecté l'orthographe rom, alors que l'on devrait écrire rrom.
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"Les mesures prises, à l'initiative du Président de la République, concernant CERTAINS membres de la communauté rom en SITUATION IRRÉGULIÈRE dans notre pays sont CONFORMES aux règles en vigueur dans l'Union Européennes et prennent en compte LES INTÉRÊTS des CITOYENS FRANÇAIS. Elles méritent d'être approuvées. Or elles ont déclenché une tempête de réactions excessives, et parfois injurieuses, fondées sur une MÉCONNAISSANCE du sujet et une INDIFFERENCE AUX INTÉRÊTS LÉGITIMES DE NOTRE PAYS. Aussi ces réactions sont-elles désavouées par deux Français sur trois.
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Et monsieur GISCARD d'ESTAING dénonce un certain nombre d'erreurs qui semblent s'être glissées dans le cerveau de nos idéologues patentés. Il commence par écarter l'analogie avec le droit d'asile. Les Rroms, certes, sont mal accueillis dans leur propre patrie, et subissent une sorte de mépris de la part de leur police et des pouvoirs judiciaires roumains, un mépris que l'on peut assimiler à une sorte de persécution molle. Mais ni leur vie, ni leurs biens, ni leur mode d'existence ne sont remis en cause par un pays que nous avons accepté comme membre de l'Union Européenne (avec trop de hâte, selon moi).
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Il dénonce aussi la trompeuse confusion, savamment entretenue par certains médias et l'opposition, entre les Rroms en situation irrégulière, les Rroms en situation régulière et les 'gens du voyage' dont nombre sont Français. Il souligne que dans l'Union Européenne, la liberté de circulation est acquise pour trois mois avec comme seul viatique, un passeport ou une carte d'identité. Passé ce délai, il faut au ressortissant étranger apporter la preuve qu'il a des ressources régulières soumises aux prélèvements fiscaux et sociaux réguliers, ou un emploi. Faute de cette preuve, il est invité à rentrer dans son pays d'origine. Et il indique que nombre de citoyens roumains, étudiants, chercheurs, médecins, sont établis tout à fait régulièrement sur notre sol.
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Il vaut la peine de citer en entier les deux derniers paragraphes de cet article :
"[...], la solution du problème ne peut pas résider dans un usage systématique et abusif du droit à la libre circulation. Ce droit répond, par certains côtés, à des aspirations légitimes, mais il recouvre, hélas, des trafics mafieux, dont sont en particulier victimes les femmes et les enfants, et sur lesquels il est coupable de fermer les yeux.
Les donneurs de leçons seraient mieux inspirés si, au lieu de reprocher aux pouvoirs publics français de mettre fin à des situations irrégulières, ils soutenaient les efforts du Parlement européen et du Président roumain pour obtenir que la Roumanie se dote d'une justice et d'une police intègres, et pour qu'elle adopte une législation efficace de protection des droits des enfants."
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Qui a vu dans le Métro des enfants d'origine rrome faire la manche, vêtus de haillons, malpropres sur eux, et d'une tristesse insondable, peut fort bien comprendre ce que signifie le séjour d'une partie de ces communautés jadis nomades mais qui, curieusement, semblent avoir abandonné ce mode de vie pour édifier des campements de fortune, dont la misère patente émeut, sans aucun doute, mais que nous ne pouvons accepter car nous n'en avons tout simplement pas les moyens.
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