vendredi 3 septembre 2010

En l'honneur des martyrs de septembre

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Il y a très exactement 218 ans, à 1 heure du matin, le sans-culotte SERGENT donnait l'ordre à ses "troupes" d'enlever les cadavres des centaines de religieux et prêtres, et ceux de quelques laïcs, hommes et femmes, qui avaient été massacrés dans la prison des Carmes, à Saint-Sulpice, à Saint-Firmin, à la prison de la Force, à Bicêtre, au Chatelet, à la Conciergerie, et ailleurs encore. Dans l'une des geôles, 114 prêtres sont tués en deux heures, à coup de sabre ou de piques. Aux Carmes, l'un des monstres ouvre la poitrine d'un des suppliciés qu'il vient de tuer, en arrache le coeur, et fait mine de le manger ; un témoin note que le sang lui fait comme une sorte de moustache. A Saint-Firmin, l'abbé GROS est massacré par un certain GOSSIAMME, savetier de son état. Cet homme ignoble dit à son bienfaiteur - l'abbé GROS n'avait cessé, pendant des années, de l'aider, lui et sa famille, car il était indigent - que la "Nation le paye pour le tuer". La liste des abominations n'est qu'une sanglante litanie. Parmi les victimes, on comptera 43 enfants issus du peuple. Ils étaient âgés de 12 à 17 ans.
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Le même SERGENT, dont MICHELET le menteur romantique vante l'humanité, "est parti à la campagne" pendant toute le journée du 2 septembre. C'est qu'il a l'âme sensible, cet homme ! Pourtant c'est bien lui et son complice PANIS qui a transmis l'ordre des massacres, et c'est encore lui qui écrira le 3 septembre à "ses frères et amis" (tiens ! tiens) d'étendre les massacres, pudiquement déguisés sous le nom de justice du peuple, à la France entière.
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Dans son Histoire socialiste, JAURES s'adressant à ces massacreurs, un siècle après leur forfait, leur dit que "le destin fut cruel de vous gorger ainsi d'une amère saveur de sang, vous qui cherchiez la justice et aimiez l'humanité ! Les révolutions sont la forme barbare du progrès. Si noble, si féconde, si nécessaire que soit une révolution, elle appartient toujours à l'époque inférieure et semi-animale de la liberté !" On admirera le tour de force qui consiste à mettre au compte de la nécessité la manifestation des plus bas instincts humains, de laquelle est censée naître les plus sublimes sociétés. Je me demande comment l'esprit, la fraternité, l'amour, peuvent naître de ces horreurs. Mais je ne m'appelle pas HEGEL !
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Poursuivons avec TAINE qui fustige dans les septembriseurs "tous les monstres qui rampent enchaînés dans les bas-fonds du coeur, et sortent à la fois de la caverne humaine les instincts haineux avec leurs crocs" (In Conquête jacobine).
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Mais, en 1792, que disent les hommes politiques de ces massacres ? (En histoire, en effet, il est impossible de comprendre une époque en y projetant les analyses, les valeurs et les idéaux du temps présent.) Parmi les réactions nombreuses, il en est une qui mérite d'être relevée, celle de PETION, maire de Paris. Dans le Moniteur du 10 novembre, un peu plus de deux mois après les faits, le maire a le courage de dire : "Je pense que ces crimes n'eussent pas eu un aussi libre cours [...] si tous ceux qui en avaient le pouvoir et la force les eussent vus avec horreur. Mais je dois le dire, PARCE QUE CELA EST VRAI, plusieurs de ces hommes publics, de ces défenseurs de la patrie, croyaient que ces journées désastreuses et déshonorantes étaient nécessaires [...], et que ces crimes ODIEUX EN MORALE, étaient UTILES EN POLITIQUE."
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Voilà l'essence même du totalitarisme résumé de manière fulgurante par un élu du temps : la fin justifie les moyens ! Nous ne sommes pas sortis de cette logique. Et, comme mes lecteurs le savent, je trouve dans la philosophie chinoise nombre de vérités éclairantes, je terminerai ce billet en vous livrant cet aphorisme tiré d'un recueil très connu en Chine et compilé sans doute vers la fin du XVIe siècle, Les sages écrits de jadis (le Zenguang xianwen) : "Contemple le présent dans le miroir du passé ; sans le passé, le présent ne peut exister" (Pensée N°3).
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Honneur aux martyrs de septembre !
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3 commentaires:

potomac a dit…

bonjour monsieur
toujours raison? toujours sûr et certain? toujours le meilleur? toujours humble? N'allez pas trop souvent dans vos chinoiseries svp!
L'humilité?
A bientôt

tippel a dit…

Humblement j'ai rien compris,c'était peut être trop court? mais bon potomac a dit, A Bientôt!

Philippe POINDRON a dit…

Cher monsieur Fleuve,
non, je n'ai pas toujours raison. je vous invite pourtant à lire mes chinoiseries qui valent bien les conneries dont nous abreuvent les médias occidentaux. L'humilité, monsieur,je la pratique en m'exposant nommément aux critiques de lecteurs inconnus, et en supportant d'un coeur égal les injures, les insultes, ou les compliments, en y répondant le plus honnêtement possible. Il se peut que les citations d'un JAURES - qui est loin d'être un nul - ou d'un TAINE, irritent ceux qui croient que JAURES a toujours raison, que TAINE est un imbécile, et les chinois des demeurés. Je cite donc des points de vue qui me paraissent pertinents sur des sujets d'actualité et je donne mon avis sur ce qu'ils expriment. Vous ne donnez pas le vôtre sur les massacres de septembre. Profits et pertes peut-être ? En assénant (avec finesse et habileté, sous forme de questions, j'en conviens) vos critiques, vous n'argumentez pas, vous n'opposez aucun fait, aucun raisonnement, aucun éclairage qui permettraient de montrer que je me fourre complètement le doigt dans l'oeil.
Mais si vous lisez ma réponse peut-être aurais-je votre point de vue ?
Alors je vous donnerai mes sources et l'avis général de l'auteur qui a écrit l'ouvrage dans lequel j'ai trouvé toutes sortes de récits édifiants sur ces affreux massacres. Vous verrez que son opinion est très juste et fait la part des choses avec une rare hauteur de vue.