mardi 25 janvier 2011

Esprit critique et paranoïa

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Il y a bien longtemps que je vous ai parlé d'Henri HUDE. Il est très certainement un spécialiste éminent de philosophie politique. Mais il ne fait pas partie du cercle des médiatisés, des show-bizzés, et des agitateurs culturels. Il enseigne à Saint-Cyr Coëtquidan, pensez-donc. Il est tout juste bon pour les militaires, lesquels sont tout juste bons à se faire tuer pour la patrie ; il ne vaut pas tripette pour les Journaux télévisés. Je recommande toutefois, et absolument, la lecture de son ouvrage "Ethique et politique", publié aux Editions Universitaires. J'en extrais fort à propos ce qui suit, pour renvoyer les auteurs de la proposition de loi sur l'euthanasie, dans les cordes très élastiques de leur conscience.
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"Ceux qui mettent tous leurs soins à ne jamais être trompés sont ceux qui se trompent le plus ordinairement. Une conception paranoïaque de l'esprit critique est un préjugé d'autant plus grave qu'il a l'apparence de n'en être pas un. C'est lui qui explique notre tendance au scepticisme moral.
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Face aux soupçons et au cynisme, il faut tout d'abord rappeler que l'existence morale est un fait ; que l'existence religieuse est un autre fait ; que ces faits son irréductibles ; et que cela se constate.
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Chacun admettra que l'homme est un être capable de connaître. Il désire savoir. Or connaître, c'est connaître vraiment ; connaître vraiment c'est connaître une vérité. Il s'ensuit que la vérité fait l'objet d'un désir spécifique, inséparable de l'être le plus essentiel de l'animal raisonnable que nous sommes.
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[...] Il n'y a de vie morale stable et durable que dans la mouvance d'une existence religieuse, ou sous le contrôle d'une raison qui cherche la vérité, ou tout au moins dans la liaison au simple bon sens pragmatique d'un homme qui veut vivre et non pas mourir... [...] Le bon sens pragmatique adhère implicitement qu'il vaut mieux être que ne pas être, c'est à dire que l'être est bon, et s'il voulait justifier à fond ce principe, il serait conduit à admettre qu'il suppose en fait que l'Absolu est bon. Lui aussi est donc religieux à sa façon."
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ATTENDEZ LA SUITE CHERS LECTEURS :
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"C'est pourquoi, en définitive, la morale laïque n'existe guère, si elle a jamais existé : elle n'a duré que le temps nécessaire à la dilapidation d'un capital moral accumulé par des siècles de vie religieuse. Ce qui seul peut exister, c'est une morale qui descend de la relation à l'Absolu, ou à défaut [NOTEZ LA PRUDENCE QUI OUVRE LA PORTE A DES PENSEURS COMME COMTE-SPONVILLE et sa Morale sans fondements] une morale qui accompagne et exprime la recherche sincère de la vérité, ou enfin une morale pragmatique où s'exprime la sagesse des nations qui ne veulent pas mourir." [CE QUI LAISSE, NOTEZ-LE ENCORE, UNE PLACE A DES PENSEURS CHINOIS COMME FENG YOULAN OU HU SHI, SANS PARLER DE CONFUCIUS.]
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J'ai vu hier une courte séquence au Journal télévisé, prise dans un service de soins palliatifs. On y voyait un homme, atteint d'un cancer, qui ne pouvait parler que dans un souffle à peine audible, et qui disait être un combattant et vouloir lutter jusqu'au bout, tout comme un autre patient, paralysé par une sclérose en plaque gravissime, pouvant à peine parler lui aussi et qui exprimait dans sa détresse physique un amour puissant de la vie. Et puis j'ai entendu le pathos embrouillé de monsieur Jean-Luc ROMERO, ventant les mérites de cette proposition de loi scélérate sur l'aide active à la mort ; et je voyais se profiler dans la porte entrebâillée des chambres de mourants l'ombre d'avides héritiers susurrant à leur aïeul : "Hein, papy, que ça te dirait d'aller voir le Bon Dieu ?".
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Conscience élastique, esprit hypercritique ? Esprits faux, esprits dangereux ! Se méfier d'eux si l'on tient à sa peau.

1 commentaire:

Geneviève CRIDLIG a dit…

Ce que j’ai vu ( JT de la 2) c’est pire, le comble de l’horreur. J’ai failli pour la première fois de ma vie avoir vraiment une nausée devant le spectacle composé pour appuyer la démonstration – non par des « gens de l’extérieur » mais par les « héros » en personne.

Donc j’ai pu voir et entendre des personnes qui avaient été « invitées » à exprimer leur opinion tant qu’elles pouvaient l’exprimer : en gros à dire leur ras le bol d’une souffrance immense qu’elles supportaient déjà et que, devant la perspective certaine de leur aggravation, elles préféraient dire stop avant une fin naturelle - ou assistée par un débranchement, qui nous est-il assuré par de doctes savants, ne fait qu’ obliger le malade à agoniser des jours et des jours sans date précise de fin et ce dans des souffrances de faim et de soif insupportables. Donc autant donner une dose de morphine avant - de manière à partir en douceur.

De telles images qui servent un argument en faveur d’une euthanasie active m’ont vraiment posé question non sur la sincérité des malades mais de l’utilisation de leur volonté. Certes ils avaient le droit de donner leur avis mais ce qui m’a profondément dégoûté c’est une forme de manipulation dans une visée purement argumentative –sans poser les termes d’une morale ou d’une conscience éclairée. Quant à la valeur de la vie, de l’accompagnement jusqu’au dernier souffle, basta !

En résumé : vite fait bien fait c’est l’essentiel. « Dégagez ! Ya rien à voir. » Effectivement : plus rien.

Quelle est votre approche ? En tant que scientifique ? En tant que croyant ? En tant que ‘scientifique croyant ’ ?