Je prie mes lecteurs habituels d’excuser
mon inhabituel silence. Je n’ai pu délivrer hier mon billet quotidien et le
fait, pour ce qui concerne le 3 février, seulement aujourd’hui, non sans leur
rappeler comme il est d’usage la devise qui semble être devenu la nôtre :
Ce n’est pas l’ignorance qui nous
empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté.
-
1. La citation du jour.
-
L’un de mes fils m’a offert pour
Noel la biographie qu’a écrite Emmanuelle LOYER et qui s’intitule LÉVI-STRAUSS. (Collection « Grandes
Biographies »). Flammarion, Paris 2015. Le livre est éblouissant autant
par son style que par sa clarté, son érudition et sa bienveillance pour un des
plus grands intellectuels français du XXe.
Dans la prime force de son jeune
âge, alors qu’il venait d’être reçu à l’agrégation de philosophie (sans être
passé par Normale Sup’), Claude LÉVI-STRAUSS, ardent militant socialiste eut
une discussion animée avec son camarade socialiste, lui-même agrégé et
normalien, Maurice DEIXONNE (l’un des pire laïcard qui ait jamais existé sur la
bonne terre de France). La discussion nous est rappelée page 87 du monumental
ouvrage précité
"DEIXONNE ayant dit : « le
but du socialisme, c’est de libérer l’homme », LÉVI-STRAUS répondit :
« C’est aussi le transformer afin qu’il vaille la peine d’être libéré ».
Propos exaltés de jeunes agrégés de philosophie ? Oui, mais ce sont aussi
des paroles qui résonnent avec la profonde exigence de soi que comporte leur
engagement socialiste. »
Mais il y a socialisme et socialisme ! Celui de Claude n'est pas celui de Maurice !
-
2. Commentaire.
-
Emmanuelle LOYER est d’une grande
indulgence avec DEIXONNE. Il n’y a pas dans le propos de cet homme la moindre
trace d’exigence de transformation de soi. En revanche, et de cette manière si
proche de la pensée rabbinique profonde qui caractérise la pensée juive, et que
j’admire intensément, LÉVI-STRAUSS voit bien, et le dit, que pour devenir libre,
il est nécessaire d’acquérir la dignité d’un libérable, ce qui ne peut se faire
sans transformation personnelle ; pour devenir libre, il est nécessaire d’être
digne de l’être.
LÉVI-STRAUSS reviendra plus tard du
socialisme de sa jeunesse, pour le plus grand bonheur de la science, de l’anthropologie
et de l’ethnologie. Il reviendra même de l’utopie universalisante. Hélas, les
oligophènes incultes qui lui ont succédé dans la chaire de JAURES, font
exactement le contraire, et plus ils oeuvrent dans le champ du politique, plus
ils avilissent l’homme et le réduisent en esclavage : esclavage vis-à-vis de
la machine, du confort, des drogues, des prétendus droits (j’ai droit à), du
sexe, du no limit. Il n’y a rien de commun entre une belle espérance de justice
défendue par JAURES (mais aussi par toute une frange de l’aristocratie
catholique française) et cette politique du chien crevé au fil de l’au.
-
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire