jeudi 4 février 2016

03 février 2016. Nouvelles de la Résistance. Il y a socialisme et socialisme

Je prie mes lecteurs habituels d’excuser mon inhabituel silence. Je n’ai pu délivrer hier mon billet quotidien et le fait, pour ce qui concerne le 3 février, seulement aujourd’hui, non sans leur rappeler comme il est d’usage la devise qui semble être devenu la nôtre :

Ce n’est pas l’ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté.
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1. La citation du jour.
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L’un de mes fils m’a offert pour Noel la biographie qu’a écrite Emmanuelle LOYER et qui s’intitule LÉVI-STRAUSS. (Collection « Grandes Biographies »). Flammarion, Paris 2015. Le livre est éblouissant autant par son style que par sa clarté, son érudition et sa bienveillance pour un des plus grands intellectuels français du XXe.

Dans la prime force de son jeune âge, alors qu’il venait d’être reçu à l’agrégation de philosophie (sans être passé par Normale Sup’), Claude LÉVI-STRAUSS, ardent militant socialiste eut une discussion animée avec son camarade socialiste, lui-même agrégé et normalien, Maurice DEIXONNE (l’un des pire laïcard qui ait jamais existé sur la bonne terre de France). La discussion nous est rappelée page 87 du monumental ouvrage précité

"DEIXONNE ayant dit : « le but du socialisme, c’est de libérer l’homme », LÉVI-STRAUS répondit : « C’est aussi le transformer afin qu’il vaille la peine d’être libéré ». Propos exaltés de jeunes agrégés de philosophie ? Oui, mais ce sont aussi des paroles qui résonnent avec la profonde exigence de soi que comporte leur engagement socialiste. »

Mais il y a socialisme et socialisme ! Celui de Claude n'est pas celui de Maurice !
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2. Commentaire.
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Emmanuelle LOYER est d’une grande indulgence avec DEIXONNE. Il n’y a pas dans le propos de cet homme la moindre trace d’exigence de transformation de soi. En revanche, et de cette manière si proche de la pensée rabbinique profonde qui caractérise la pensée juive, et que j’admire intensément, LÉVI-STRAUSS voit bien, et le dit, que pour devenir libre, il est nécessaire d’acquérir la dignité d’un libérable, ce qui ne peut se faire sans transformation personnelle ; pour devenir libre, il est nécessaire d’être digne de l’être.
LÉVI-STRAUSS reviendra plus tard du socialisme de sa jeunesse, pour le plus grand bonheur de la science, de l’anthropologie et de l’ethnologie. Il reviendra même de l’utopie universalisante. Hélas, les oligophènes incultes qui lui ont succédé dans la chaire de JAURES, font exactement le contraire, et plus ils oeuvrent dans le champ du politique, plus ils avilissent l’homme et le réduisent en esclavage : esclavage vis-à-vis de la machine, du confort, des drogues, des prétendus droits (j’ai droit à), du sexe, du no limit. Il n’y a rien de commun entre une belle espérance de justice défendue par JAURES (mais aussi par toute une frange de l’aristocratie catholique française) et cette politique du chien crevé au fil de l’au.
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