Samedi dernier ! Je dois aller à la poste du
boulevard Murat. Sur le terre-plein qui donne sur l’église Sainte-Jeanne de
Chantal, Porte de Saint-Cloud, assis un banc, un vieil homme, voûté, comme
ratatiné sur lui-même, vêtu d’habits râpés, presque en lambeaux, attend, use le
temps, espère sans doute. Un maigre baluchon à ses pieds contient toute sa
fortune. C’est un SDF.
J’ai un grand regret de ne pas lui avoir adressé
la parole et, comme mu par le remord je me retourne, lorsque je vois venir vers
lui une femme d’un certain âge, pauvrement vêtue. Elle est d’origine africaine.
Je la vois tirer de son sac une poche en plastique ; c’est un sandwich
qu’elle va donner à son frère en pauvreté. Je ne sais pas si elle connaissait
ou non. Mais ce geste me bouleverse et me ramène à mon indifférence, à mon
égoïsme. Quelle leçon vient de me donner cette femme ! Seuls les pauvres
savent ce qu’est la pauvreté ! Seuls les affamés savent ce que veut dire
avoir faim ! Que Dieu me pardonne mon indifférence.
Peu de jours après, le site de l’Evangile au
quotidien donne à méditer ce texte de saint Césaire d’ARLES. Il n’y a pas de
coïncidence, rien que l’action d’une providence miséricordieuse !
"Saint Césaire d'Arles (470-543), moine et évêque
Sermon 26,5 (trad
SC 243, p. 89s rev)
« Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume »
« Le Christ, c'est-à-dire la miséricorde céleste, vient chaque jour à
la porte de ta maison : non seulement spirituellement à la porte de ton
âme, mais aussi matériellement à la porte de ta maison. Car chaque fois qu'un
pauvre s'approche de ta maison, c'est sans aucun doute le Christ qui vient, lui
qui a dit : « Chaque fois que vous l'avez fait à un de ces petits,
c'est à moi que vous l'avez fait. » N'endurcis donc pas ton cœur ;
donne un peu d'argent au Christ, dont tu désires recevoir le Royaume ;
donne un morceau de pain à celui dont tu espères recevoir la vie ;
accueille-le dans ton logement, afin qu'il te reçoive dans son paradis ;
donne-lui l'aumône pour qu'il te donne en retour la vie éternelle.
Quelle audace de vouloir régner dans le ciel avec celui auquel tu refuses
ton aumône en ce monde ! Si tu le reçois pendant ce voyage terrestre, il
t'accueillera dans son bonheur céleste ; si tu le méprises ici dans ta
patrie, il détournera son regard de toi dans sa gloire. Un psaume dit :
« Dans ta cité, Seigneur, tu méprises leur image » (Ps 72,20
Vulg) ; si dans notre cité, c'est-à-dire dans cette vie, nous méprisons
ceux qui sont faits à l'image de Dieu (Gn 1,26), nous devons craindre d'être
rejetés dans sa cité éternelle. Faites donc miséricorde ici-bas ;...grâce
à votre générosité vous vous entendrez dire cette heureuse parole :
« Venez, bénis, recevez en héritage le Royaume. »"
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