-
Au lieu d’un château fort dressé au milieu des
terres, pensons plutôt
-
Ils
sont plus de quarante. Les uns sont prêtres, les autres frères convers. Tous
partagent leur temps entre la prière, le travail manuel et la lecture de la
Parole. Des jeunes de plus de 20 ans, des hommes faits, et d’autres qui
frisent les 70-80 ans. Le prieur a trente-deux ans ; il avait 20 ans quand
il est rentré dans l’ordre.
Il
faut, comme je viens de le faire pendant trois jours, goûter le silence plein
et profond qui baigne ce monastère, admirer la liturgie des offices et de la
messe, à la fois dépouillée et solennelle, se laisser subjuguer par la beauté
des chants grégoriens venus à nous de la profondeur des siècles ; il faut
se laisser porter par la douceur de l’accueil réservé aux hôtes, être
bouleversé par l’humilité du père Abbé qui vient laver les mains des hôtes fraîchement
arrivés, aux portes du réfectoire.
Tout
pour Dieu, rien que pour lui ! Voilà la source de la charité de ces moines
pour nous. Ils partagent leur temps entre la prière (sept offices par jour,
dont le premier commence à 5 heures du matin, et le dernier à 20 h 35), le
travail manuel (travaux de la ferme, menuiserie, ferronnerie, poterie, boulangerie,
ruches, confiserie, etc.) et la lectio
divina.
Le
cœur et l’esprit qui ne sont pas préparés à comprendre cette vie apparemment si
monotone, si bien réglée, ne peuvent davantage comprendre les raisons de la joie qui illumine les visages de ces hommes. Leur vie paraît inintéressante à ces
insensés (l’insipiens du psaume 13)
qui passent leur temps connectés à tous et à tout, à l’exception de leur cœur profond.
Ils sont dépossédés d’eux-mêmes par ce monde qui, si nous n’avions, chevillée
au corps, l’espérance de la victoire définitive de l’Agneau, nous paraîtrait s’enfoncer
dans la perdition, le non-sens et la nuit.
Comme
je ne veux pas que les algorithmes, l’intelligence artificielle, et les filets
de l’oppression politico-médiatique, me classent et m’assignent dans leurs
projets insanes de conquête, une place propice à leur manipulation ciblée, je n’en
dirai pas plus, ni sur le lieu, ni sur les circonstances de ce séjour. Mais je
peux vous dire qu’on en sort différent de ce que l’on
était quand on y est entré.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire