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On n’arrête pas la
liberté
"Je sais bien
maintenant qu’être libre ne peut être posséder toutes les libertés imaginables
et inimaginables : l’absurde énumération, toujours par nature incomplète,
de toutes les libertés exigibles par chacun est aussi vaine que l’était
l’absurde description du bonheur objectif à atteindre, jamais satisfaisant
puisque déjà décrit. Je sais bien que ce n’est pas le seul combat pour une
conquête des libertés, soigneusement étiquetées et enfermées dans leurs
spécialités, qui fera de moi un homme libre. Je sais bien que ce n’est pas
l’amoncellement de libertés fondamentales qui fera de moi un homme libre :
la liberté n’est pas un capital de libertés épargnées ou gagnées, comme les
oppresseurs veulent me le faire accroire.
Dans le combat de tous
ceux qui luttent pour la liberté, il ne s’agit pas d’obtenir une mythique
liberté en transformant les dictateurs en généreux donateurs, il s’agit
d’obtenir au cœur même de chaque situation particulière les conditions de
l’action libre de chaque homme, parce que chaque homme est liberté. C’est parce
que je suis liberté que j’ai des droits,
libertés au pluriel, pas le contraire, et ils sont imposteurs ceux qui
prétendent m’offrir la liberté en m’octroyant des libertés. Ils sont imposteurs
ceux qui prétendent que la liberté est au bout de la conquête des libertés,
ceux qui prétendent fonder la liberté sur le droit. La défense des libertés,
petits bouchons indépendants, flottant sur l’humanité est une formidable
imposture si elle se fonde sur autre chose que sur l’existence de la personne.
Ce ne sont pas les libertés accumulées qui me donneront la liberté. C’est parce
que je suis liberté que je peux exiger des libertés, mes droits.
Il n’y a pas de droit à
la liberté, il y a le droit de la liberté. Il ne s’agit pas d’arrêter la
liberté des uns là où commence celle des autres, on n’arrête pas la liberté. La
liberté ne s’arrête pas là où commence celle des autres, elle est. Elle est
liberté, totale, inaliénable, et n’a pas de paramètre défini, encore moins de
paramètre fluctuant selon la proximité des autres. Je suis liberté, et ma
liberté rencontrera toujours celle de l’autre, parce qu’elle est énergie. Elle
est énergie, et fait que je suis une personne, et non pas seulement un individu,
objet que je peux circonscrire. C’est l’objet que les geôliers regardent à
travers le guichet numéroté, pas le sujet. C’est un objet qu’ils retiennent
dans la cellule, un objet rien d’autre, un objet puisqu’un seul numéro suffit
pour le désigner, un numéro sans aucune liberté. A-t-on déjà vu agir un
numéro ? Un numéro individu auquel on accorde quelques petites libertés,
petites libertés au pluriel, libertés de…, de manger, de parler, de dormir, ou
d’écrire. Libertés de…, même ces petites libertés qui s’arrêtent là où commencent
celles des autres.
Si l’homme n’était qu’un
individu, homme-objet, objectivement numéroté, l’Etat tout-puissant, la
Société, le Prince pourraient gérer la liberté comme on gère les denrées ;
chaque individu pourrait recevoir sa ration vitale de liberté soigneusement
dosée pour le calmer, sans gêner son voisin. Comme la vie serait simple en
société planifiée ! Si l’homme n’était qu’un individu-objet, la liberté
pourrait être distribuée objectivement, selon le droit de chacun, objectivement
posé et reconnu par tous. La liberté ne serait pas un problème.
Mais l’homme est tout
aussi sujet, sujet liberté. Il est une personne. Il est une personne, parce
qu’il est liberté : c’est la liberté qui distingue la personne du concept
abstrait d’individu."
Jean-Marie DUTHILLEUL.
Texte lu à une soirée
des Veilleurs.
Voilà pourquoi nous ne pouvons accepter les radars à tourelles, les lois sur les manifestations, la loi sur les fausses nouvelles, l'interdiction des sites défendant la vie, les attaques contre la liberté de conscience. Nous sommes avant tout liberté. C'est dans et par la liberté que les chrétiens adhèrent, de toute leur intelligence, aux vérités révélées et transmises jusqu'à ce jour par l'innombrable foule des martyrs et des témoins. Si vous ne voyez pas que nous courons tout droit vers un système qui se croit autorisé à nous attribuer des libertés, alors que nous sommes liberté, alors vous êtes mûrs pour la servitude. Il y a un corollaire à l'exercice de la liberté, c'est l'acceptation des conséquences de ses actes, d'une part, et la reconnaissance de l'obligation dans laquelle on est de réparer les torts que l'on a fait à autrui. Bien entendu, et je l'ai déjà dit, une autorité, pour autant qu'elle existe, c'est à dire qu'elle soit légitime, a le droit d'édicter des normes, les plus légères possibles. Il est normal qu'il y ait un code de la route, par exemple. Mais il y a bien des mesures normatives qui n'ont d'autres buts que de réprimer et de gagner de l'argent et du pouvoir, grâce à la répression. J'aime la très importante distinction que Jean-Marie DUTHILLEUL fait entre la personne et l'individu. L'Etat ne connaît que l'individu et non la personne. Il paye cette ignorance de la rébellion des Gaulois réfractaires et des Gilets jaunes.
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