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DIAMETRE : 7,9 mm
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"Je n’ai absolument pas besoin de lire le traité de Maastricht,
sécrétion mégalomane, pataquès comploté par douze potentats en phase maniaque,
pour savoir ce que c’est que l’Europe. Seules les conséquences de ce micmac
lugubre dans la vie quotidienne m’intéressent ; pas les déclarations d’intention.
Une « psychopathologie de la vie quotidienne » est d’ailleurs à
réinventer : transmettre, à partir des moindres détails, à partir des plus
futiles événements le dégoût de tout ce qui est en trains de se mettre en place
sous le nom d’Europe en serait l’un des axes principaux. Cette Europe, donc, j’en
ai approché la réalité il y a quelques jours, quand je me suis fais refiler pour
la première fois, au tabac du coin, mon premier paquet de Gitanes en chocolat
formatées « aux nouvelles normes européennes ». La Gitane de l’an
2000 était arrivée ! « Son diamètre a légèrement diminué, passant à
7,9 mm », disait le petit mot d’excuse qui l’accompagnait. Légèrement, tu parles ! Elles n’ont
plus que le papier sur les os ! Rabougries, ratatinées, rétrécies,
abrégées, réduites, contractées, amaigries, nanifiées, ce ne sont plus des Gitanes,
ce sont des résumés de cigarettes, des condensés, des digests, des saloperies
dévaluées, amoindries, exténuées, des difformités.
"On y a touché. On les a fait maigrir, on les a effilées, on les a
émaciées, décharnées, efflanquées. On les a lignées sur les blondes en espérant
que je ne m’en apercevrais pas, ou pas vraiment ; ou encore, devant cet
ersatz misérable, je sauterais de joie en me répétant qu’il faut être absolument
moderne et que les Gitanes à l’heure européenne, c’est vachement moderne,
youpi, puisque c’est vachement européen." [Texte intégral.]
In
Philippe
MURAY.
Rejet
de greffe. Exorcismes spirituels I. Essais. Quatrième tirage.
Les
Belles Lettres, Paris, 2010 (pour la présente édition). (Page 331.)
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CONTREPOINT
DE BERNANOS.
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"La
civilisation européenne, nous le savons, a un caractère universel. Il serait
donc faux de dire qu’elle est l’Europe et rien qu’elle. Il ne s’agit pas non
plus de prétendre que l’homme d’Europe est l’Homme. Mais nous croyons que la
civilisation européenne est inséparable d’une certaine conception de l’homme.
Est-ce l’Europe qui a fait l’homme européen ? Est-ce l’homme européen qui
a fait l’Europe ? La question ne saurait être maintenant résolue, et
d’ailleurs il n’importe pas de la résoudre. Le problème se pose autrement.
L’homme européen doit-il abdiquer devant de nouvelles formes de civilisations,
prétendues sans analogue dans l’histoire ? Si ces formes existent, doit-il,
et peut-il s’y conformer ? En s’y conformant, lui est-il permis d’espérer
In
Georges
BERNANOS.
La
liberté, pour quoi faire ? (Collection Folio, série Essais N°274). Édition
établie et préfacée par Pierre GILLE.
Gallimard,
Paris, 2017 (date du dépôt légal de cette édition.) (Page 179.)
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COMMENTAIRES.
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Au moment où l’on essaye de nous bourrer le crâne avec
une Europe parfaitement imaginaire, il est bon de comparer les deux citations.
En vérité, avec son diamètre de 7,9 mm attribué aux Gitanes, l’Europe avait
abdiqué toute prétention à un certain universalisme, lequel puise sa source
dans la conception chrétienne de l’homme. Les élections approchent. Nous ne
saurions donner notre voix à des partis qui ne tiennent pas compte du caractère
unique de l’être humain, tel que l’avait conçu la vieille Europe, vendue
aujourd’hui aux marchands du temple. Non au 7,9 mm, non à cette course effrénée
vers le tout économique, les normes contraignantes, le tout fric, non, en un mot, à tout ce que nous
présentent, le bec enfariné, les supporters de monsieur MACRON. Non à cette civilisation
matérialiste imitée de la culture américaine. J’attends de monsieur BELLAMY,
pour qui j’ai beaucoup de sympathie, des éclaircissements sur ce qu’il entend
promouvoir en matière de conception de l’homme. Et du courage, aussi, pour
dénoncer le travail de sape des lobbies en tous genres : les Monsanto, les
LGBT, les Loges, les Georges Soros, et j’en passe. Affaire à suivre donc !
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