vendredi 26 avril 2019

Jeudi 25 avril 2019. Newman parle des publicistes et des journalistes.


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NEWMAN ET LES ESPRITS DITS "MODERNES".
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"À la vérité, les créations fantaisistes et bigarrées de cette nature [NEWMAN parle des productions des esprits demi-formés et superficiels ; on va voir qu’il vise beaucoup les journalistes] sont l’une des plaies majeures de notre temps, plaies  à laquelle des hommes de grands talents se sont immédiatement appliqués à chercher un remède. L’intellectuel, comme le monde l’entend aujourd’hui, est un individu qui a des « vues » sur tous les points de la philosophie et tous les problèmes de l’heure. On tiendrait pour honteux de n’avoir pas à une minute d’avis, une « vue » sur toute question, allant de l’Avènement du Christ en personne jusqu’au choléra ou au mesmérisme. Dans l’obligation où elles sont de répondre à la demande, les publications périodiques sont en grande partie responsables de cet état de choses. Chaque trimestre, chaque mois, chaque jour, il leur faut pourvoir un public qui s’y complaît d’idées nouvelles et lumineuses, sur la religion, la politique étrangère, la politique intérieure, l’économie politique, la finance, le commerce, l’agriculture, l’émigration et les colonies. Il faut aussi tâter de l’esclavage, des champs aurifères, de la philosophie allemande, de l’empire français, de Wellington, de Peel, de l’Irlande, et cela jour après jour : occupation de ceux que l’on appelle les penseurs originaux. L’invité d’un grand personnage doit y aller de ses bonnes blagues et de ses chansons au banquet du soir ; le tribun attend le plein jour pour exposer ses arguments à l’emporte-pièce ; le journaliste, lui, se voit dans l’obligation d’improviser ses vues lucides, ses idées maîtresses, ses petites vérités bien troussées à l’heure du petit déjeuner. Cette littérature des périodiques, servie à la petite colonne et réclamée à heure fixe, invite par sa nature même, à la pratique d’une philosophie improvisée. […]."
In
John Henry NEWMAN.
L’idée d’université, définie et expliquée. Les discours de 1852. Traduction de Edmond ROBILLARD et Maurice LABELLE.
Introduction et notes de Edmond ROBILLARD.
Ad Solem [Écrits newmaniens], Genève, 2007. (Page 49.)
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COMMENTAIRES PERSONNELS.
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J’imagine que beaucoup de mes lecteurs pourraient me faire le reproche que NEWMAN fait aux journalistes et/ou aux « intellectuel ». Cet homme parle de tout, diront-ils. Je ferai remarquer que, le plus souvent, je m’appuie sur des extraits d’œuvres produites par des esprits géniaux et qui ont laissé une trace in délébile dans l’histoire des arts, des lettres, de la politique ou de la religion. Si vous vous amusez à faire une analyse sémantique de mes propos, vous verrez que très souvent j’utilise les « peut-être », les « sans doute », les « il semble », qu’à de multiples reprises, j’ai critiqué les généralisations hâtives, et que je refuse obstinément de faire état d’informations ad hominem. Plusieurs fois, j’ai fait remarquer que le français (et quelques autres langues indo-européennes) a des articles définis et des articles indéfinis, et qu’il est abusif de déclarer, comme tant de journalistes le font : « Les enseignants contre la réforme Blanquer », quand il est possible de dire – ce qui est le cas – « Des enseignants » ou « De nombreux enseignants », ou encore « Les étudiants manifestent » alors qu’il s’agit d’une partie d’entre eux. On n’en finirait pas de souligner les biais introduits dans l’information par un mauvais usage de la langue. NEWMAN souligne aussi la pression qui pèse sur les médias, obligés de satisfaire une clientèle avide de nouveauté sans pour autant la faire réfléchir.
En fait la lecture de cet ouvrage subtil et majeur de NEWMAN me force à être beaucoup plus circonspect . C’est aussi la raison pour laquelle, dans les billets intitulés « Mes Chroniques », je m’abstiens de faire trop de commentaires et laisse à mes lecteurs le soin de se faire une opinion. Il est clair, toutefois, que dans l’ordonnancement des informations, il y a des rapprochements volontaires et que ces rapprochements ont par eux-mêmes une valeur d’information, et qu'il y a aussi un choix qui traduit mes préférences ou mes préoccupations du moment.
Bref, NEWMAN, en parlant de sa conception d’une université qui réponde à tous les critères objectifs du savoir à transmettre, et dans lesquels il inclut la théologie, pousse ses lecteurs à faire preuve de prudence et d’humilité quand ils émettent une opinion. Fasse le ciel que je remplisse ces conditions.



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