2. Qu’est-ce
que la conscience ? Deuxième partie.
Dans
la première partie du billet consacré à la conscience, nous avons vu que le mot
était très polysémique en français, et que, très curieusement, le dictionnaire
Larousse ne faisait aucune référence aux aspects neurophysiologiques de la
conscience.
Les
journaux ont amplement souligné que Vincent LAMBERT était dans un "état végétatif".
Je vais ici reprendre ce que disent Olivia Gosseries, Aurore Thibaut, Mélanie
Boly, Mario Rosanova, Marcello Massimini
et Steven Laureys dans un article
intitulé : Assessing consciousness
in coma and related states using transcranial magnetic stimulation combined
with electroencephalography publié en 2014, dans les Annales françaises d’anesthésie
et de ranimation.
Rassurez-vous,
je ne vais pas vous assommer avec des mots et des notions incompréhensibles.
Les
auteurs distinguent, de manière classique, divers désordres de la conscience (consciousness) : le coma, le
syndrome d’éveil non répondeur (ou non répondant) (unresponsive
wakefulness syndrom), l’état de conscience minimale (minimally conscious state) et le locked in syndrom.
Les
médias qui croient tout savoir ont déclaré que Vincent LAMBERT était dans un
état végétatif (en réalité un unresponsive
wakefulness syndrom). Voici ce que disent à ce propos les auteurs précités
(je traduis) :
"Cet
état a d’abord été appelé syndrome apallique ou coma vigile, et en 1972, il a
été appelé état végétatif. Une nouvelle terminologie a été proposée en 2010 — le
syndrome d’éveil non répondeur [UWS] — pour éviter la forte connotation
négative avec des risques de comparaison par inadvertance des patients avec des
légumes. Le terme d’UWS permet une description plus précise de l’état clinique
et fait référence à des patients qui sont incapables de réagir à des stimulus d’une
manière non réflexe (d’où le nom de non répondeur), Cliniquement, cet état est
donc défini par un éveil (wakefulness)
sans prise de conscience (awareness)
dans lequel les patients sont capables d’ouvrir les yeux sans prise de
conscience de l’environnement et d’eux-mêmes. Ils ne montrent que des
comportements réflexes (grincement des dents, mouvement des yeux, déglutition,
mâchage, ouverture de la bouche, gémissements). Cet état peut être transitoire, chronique ou permanent.
Bien que la récuperation d’un cycle d’éveil et de sommeil soit un critère diagnostic de l’UWS, des études récentes ont mis en évidence une absence des caractéristiques électrophysiologiques du sommeil dans l’UWS. Le métabolisme cérébral est ordinairement diminué de 40 à 50 % et présente des perturbations des circuits cortico-thalamo-corticaux avec une préservation relative des fonctions du tronc cérébral. Les dysfonctionnements cérébraux sont plus spécifiquement localisés dans le réseau frontopariétal (incluant les réseaux médiaux et latéraux reliés au soi et à l’environnement respectivement) et dans le thalamus. Lors des stimulations sensorielles, les patients UWS présentent une activation cérébrale, qui reste confinée aux cortex primaires. Enfin les processus reliant le cortex frontal aux cortex pariétaux sont perturbés quand on mesure l’activité électrique lors des stimulations auditives."
Bien que la récuperation d’un cycle d’éveil et de sommeil soit un critère diagnostic de l’UWS, des études récentes ont mis en évidence une absence des caractéristiques électrophysiologiques du sommeil dans l’UWS. Le métabolisme cérébral est ordinairement diminué de 40 à 50 % et présente des perturbations des circuits cortico-thalamo-corticaux avec une préservation relative des fonctions du tronc cérébral. Les dysfonctionnements cérébraux sont plus spécifiquement localisés dans le réseau frontopariétal (incluant les réseaux médiaux et latéraux reliés au soi et à l’environnement respectivement) et dans le thalamus. Lors des stimulations sensorielles, les patients UWS présentent une activation cérébrale, qui reste confinée aux cortex primaires. Enfin les processus reliant le cortex frontal aux cortex pariétaux sont perturbés quand on mesure l’activité électrique lors des stimulations auditives."
Il
convient ici de faire plusieurs remarques. (a) C’est à dessein, et pour
aller dans le sens des amateurs d’euthanasie active ou passive, que les
journaux ont utilisé le terme d’état végétatif pour qualifier la situation de
Vincent LAMBERT, alors que les neurologues ont vu la forte connotation négative
associée à ce terme, puisqu’ils ont forgé le terme de UWS. En français,
certains neurologues utilisent le terme de « pauci-relationnel ».
Mais je ne pense pas qu’il rende entièrement compte de la situation réelle de
ces patients. (b) Même au sein de cette entité clinique qu’est l’UWS, il
peut y avoir des degrés divers de gravité. Nous ne savons strictement rien du
dossier clinique, et notamment des études des potentiels évoqués visuels,
auditifs, moteurs et somesthésiques. (Tout ce que les imbéciles ont dit est
relatif à l’état végétatif…) J’ose espérer que ces examens ont été pratiqués.
(c) Il y a, selon moi, une assimilation abusive entre la non réactivité et
l’absence de conscience de soi. En d’autres termes, nous ne savons pas, et
personnes ne peut le savoir, si, par exemple, la mémoire de Vincent était peu
ou prou préservée. Nous ne savons absolument pas ce que signifiaient pour
Vincent les signaux électriques que l’on pouvait détecter dans son cerveau.
Je
dis et je conclus que monsieur SANCHEZ a commis un assassinat légal, avec la
bénédiction de tout un courant de pensée qui, en fin de compte, accorde peu de
prix à la vie humaine. Je reviendrai dans un troisième billet sur les travaux
d’OWEN.
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