Voici
venu le temps des assassins. Voici venu le temps du mensonge. Voici venu le
temps des ténèbres.
J’ai
de très bons amis qui, à la suite de mon commentaire très bref d’hier soir, publié
sur Facebook, et annonçant le billet de ce jour, m’ont fait savoir avec un grand
talent et un style inégalable que, dans le fond, j’étais un
réactionnaire-poubelle à la mode Salon-Beige/maître Triomphe, et qu’ils ne comprenaient
pas que l’on dénonçât ce que je persiste à appeler un assassinat. Un des arguments
avancés était que si, eux, avaient été dans l’état de Vincent Lambert, ils
auraient souhaité qu’on mît fin à leurs jours. Ce à quoi je dirai qu’ils ne
sont pas Vincent Lambert, et que, sur ce sujet, nous ne savons pas ce qu’il
voulait. En revanche, ce que nous savons, c’est que des proches, sa femme
notamment, voulaient qu’on le conduisît à la mort, et que d’autres, dont ses
parents, et des médecins réputés, ne le voulaient pas.
On
a mis, de manière putassière, (je pèse ici mes mots), la volonté des parents de
Vincent de garder leur fils en vie au compte de l’intégrisme catholique, comme
si c’était là le mobile de leur acharnement. Personne n’a jamais mis en avant l’idée
que l’amour qu’ils lui portaient était un mobile assez puissant pour le
défendre. La moindre des honnêtetés intellectuelles, (je ne parle pas de l’honnêteté
médiatique qui est en soi une contradiction), était au moins de reconnaître que
ces deux raisons, intégrisme et amour, étaient le puissant mobile de leur
action, mais que l'amour pouvait être aussi le mobile unique.
Revenons-en
à l’argumentation juridique de monsieur MOLINS, procureur à la cour de
cassation, utilisée pour casser le jugement de la cour d’appel qui ordonnait la
reprise des soins : « Si l’on met la vie comme valeur suprême, on s’oppose
à la loi Leonetti et à la loi sur l’IVG ; » (je cite de mémoire). Cet
homme, pour qui j’avais du respect, lequel a bien diminué depuis, a été un
excellent Caïphe (qui était grand-prêtre au temps de Jésus, et donc pouvait prophétiser), et il a, sans le savoir, déclaré que ces deux lois donnaient
le droit de supprimer la vie. L’argumentation juridique est imparable, et feu
Kelsen aurait parfaitement accepté sa pleine juridicité.
Is fecit cui
prodest.
Voilà un adage très intéressant dans le cas qui nous intéresse : chercher
à qui la chose profite. Il existe plusieurs acteurs, les uns connus, les autres
occultes, à qui profite le crime. Madame Rachel Lambert, par exemple, l’épouse
de Vincent, qui dans son souhait (légitime) de refaire sa vie désirait rentrer
en viduité pour pouvoir se remarier. Il y a ensuite des associations comme Le
Droit de mourir dans la dignité (dirigé par l'inénarrable Jean-Luc Romero), et des mouvements de pensée comme la
franc-maçonnerie qui avaient intérêt à faire un exemple. On l’a fait. Et il est
à craindre que le modèle ayant été posé, il serve de socle à l’édification d’une
élimination systématique de ceux qui gênent. Pour l’instant, on se contentera
de suivre les instructions écrites des personnes susceptibles de se trouver en
situation de possible acharnement thérapeutique (nom que l'on donnera aussi à des soins élémentaires). Ce ne fut pas le cas ici :
la sédation profonde a été voulue par des tiers, et mise en œuvre de même.
Ensuite, on se passera des instructions et en utilisant la docte décision d’un comité d’experts,
on trucidera sans état d’âme ceux dont la vie n’est pas jugée digne d’être
vécue.
Mais
pour ce qui me concerne, mon opposition formelle et définitive à cet assassinat
légal repose sur des considérations scientifiques. Je voudrais rappeler que j’ai
travaillé pendant des années avec un ami professeur de Neurologie, et que, bien
que je ne sois point médecin, mais pharmacien, je continue de travailler dans
le domaine des neurosciences (référence de mon dernier article : PLoS One. 2019 Apr 25;14(4):e0215277. doi: 10.1371/journal.pone.0215277. eCollection 2019.) J’affirme que nul n’est en mesure de dire ce qui
se passait dans la conscience de Vincent. Plusieurs fois j’ai rappelé ici les
expériences de Benjamin Libet ( 10.1016/j.pneurobio.2006.02.003
; Thus, unconscious cerebral processes precede a subjective sensory experience. If this can be generalized to all kinds of subjective experiences, it would mean that all mental events begin unconsciously and not just those that never become conscious. In spite of the delay for a sensory experience, subjectively there appears to be no delay. ).
Celles de Sperry (voir https://doi.org/10.1152/classicessays.00042.2006)
sont également fort intéressantes. Il est impossible d’ignorer les conclusions
de ces neurobiologistes (Sperry a été prix Nobel de médecine).
Je
dis donc que les acteurs de ce drame qui ont conduit à la mort de Vincent
Lambert sont des assassins légaux, et que monsieur Sanchez, le « médecin »
qui a mis en œuvre la sédation profonde et continue conduisant à la mort de
Vincent a trahi le serment d’Hippocrate pour des raisons purement idéologiques.
Comble
de cynisme, une information est ouverte pour recherche des causes ayant
entraîné la mort de Vincent Lambert, ce qui autorise un ultime outrage, celui
de l’autopsie. Comme si les juges l’ignoraient…
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