Dans ses Mémoires, voici comment l'abbé GREGOIRE, curé d'Embermesnil, Evêque constitutionnel de Blois, assasin des langues et dialectes régionaux parlés depuis des siècles en France, opportuniste, gallican, janseniste, jacobin notoire, décrit comment manipuler l'Assemblée Nationale :
"Pour forcer la main à l'Assemblée Nationale, notre tactique était simple. On convenait que l'un de nous saisirait l'occasion opportune dans une séance de l'Assemblée. Il était sûr d'y être applaudi par un très petit nombre et hué par la majorité. N'importe : il demandait et l'on accordait le renvoi à un comité où les opposants espéraient inhumer la question. Les Jacobins de Paris s'en emparaient. Sur invitation circulaire ou d'après leur journal, elle était discutée dans trois ou quatre cents sociétés d'affiliés et, trois semaines après, des adresses pleuvaient à l'Assemblée pour demander un décret dont elle avait d'abord rejeté le projet et qu'elle admettait ensuite à une grande majorité, parce que la discussion avait mûri l'opinion publique."
Il y a fort à parier que le parti socialiste va utiliser cette tactique - la manipulation par des activistes minoritaires - pour faire capoter le projet de loi sur l'autonomie des Universités. Avec une dialectique digne de sophistes en veine d'idées, ils vont utiliser les relais commodes que sont les "syndicats" étudiants pour arriver à leur fin et faire que rien ne change. Du reste le président de l'UNEF l'a déjà annoncé. Les arguments avancés pour s'opposer à ce projet sont d'une navrante pauvreté : accorder l'autonomie aux Universités, c'est les mettre en concurrence, c'est favoriser les riches au détriment des "plus démunis", c'est attenter aux principes d'égalité. La vérité est tout autre. (a) Accorder l'autonomie aux Universités, c'est, enfin, les libérer de la tutelle nationale des syndicats dits "de gauche" et cette raison inavouée est la raison déterminante de l'opposition à ce projet ; (b) c'est permettre aux Universités de prendre rapidement les décisions ad hoc concernant leur survie (ainsi, il ne faudra plus 7 ans pour avoir un commencement de semblant de début de désamiantage d'une tour pharaonique et dangereuse, sous la houlette d'un organisme d'état, dont la responsable vient du reste d'être limogée) ; (c) c'est donner la possibilité aux Universités d'attribuer des bourses conséquentes aux étudiants de qualité qui n'auraient pas autrement les moyens de s'y inscrire ; (c) c'est avoir la possibilité de moduler les droits en fonction des revenus familiaux du candidat à l'inscription ; (d) c'est la possibilité de recruter d'excellents professeurs et chercheurs, sans avoir recours à des "commissions de spécialistes" et à des concours qui - c'est le moins que l'on puisse dire - n'ont pas toujours la transparence requise, en utilisant éventuellement un recrutement contractuel avec possibilité de se séparer du recruté s'il ne répond pas aux objectifs fixés par l'Université et aux objectifs qu'il a inscrit dans le projet qu'il a soumis aux instances universitaires au moment de sa candidature.
Je ferai également remarquer que l'état d'étudiant est un état transitoire. Il me paraît, pour cette raison tout à fait normal que des acteurs universitaires qui euxferont toute leur vie carrière dans une Université aient voix prépondérante dans les conseils. Je ferai aussi remarquer que de nombreux présidents d'Université trouvent cette loi tout à fait pertinente (cf les interviews des Présidents de l'Université Pierre-et-Marie-Curie [Jean-Charles POMEROL] ou de Paris-Dauphine [Laurent BATSCH] dans le Figaro du 25 juin). Des chercheurs universitaires de gauche (même journal, même livraison) partagent cet avis, dont un écrit : "Le texte proposé est juste et nécessaire pour sauver ce qui peut encore l'être. Les organisations syndicales doivent savoir que les universitaires soutiennent cette réforme dans leur écrasante majorité. Même si ceux qui sont contre et qui braillent sont les plus médiatisés".
Ainsi, l'opposition à un texte de sauvetage n'est motivée que pour des raisons politiciennes : il ne s'agit pas de chercher le bien de la France et de ses jeunes, mais de mettre en échec un gouvernement qui fait obstacle à la prise de pouvoir par ces furieux ; pour cela, on a recours à toutes les ficelles de la manipulation, de la mauvaise foi, de l'aveuglement, on fait appel à des relais bien structurés mais très largement minoritaires, et l'on commence, avec un certain succès, à trafiquer le vocabulaire en parlant de "Communauté Universitaire" (terme repris hélas par Le Figaro) là où il n'y a qu'un ramassis d'opposants affamés de pouvoir, qui ne représentent qu'eux-même et les "sociétés de pensée" dont ils sont les affidés.
Ma conclusion est simple : Abbé Grégoire pas mort.
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