"Monsieur X a voté dans son fief de Z. Madame Y fera sa déclaration de son fief de W." Nous entendons ou lisons cela tous les jours en cette période électorale. Mais qui dit fief dit feudataire. A la différence de l'Ancien Régime dont les fiefs étaient souvent héréditaires, nos fiefs aujourd'hui ne le sont plus ; ils peuvent être repris à tous moments par la grâce du suffrage universel. Enfin, ils ne sont pas héréditaires.... ou presque, car l'on pourrait citer maintes familles dans lesquelles on est député de père (plus rarement de mère, mais ça existe) en fils ou fille. Je n'ai pas fait d'enquête sur le sujet... mais vous trouverez vous-même.
Je ne saurais trop recommander aux feudataires révocables de notre démocratie la lecture d'un ouvrage écrit en persan et que nous devons à NIZAM AL-MULK, ministre célèbre des sultans seldjoukides ALP-ARSLAN (règne : 1063-1072) et MALIK CHAH (règne : 1072-1092). Il a été offert à la lecture de nos compatriotes après que Charles SCHEFER l'eut traduit en 1893. Voici un petit passage de cet ouvrage (référence dans la note [a]) :
"Il faut que les personnages qui possèdent des fiefs soient persuadés qu'ils sont seulement chargés de prélever sur la population des impôts justement répartis, et la perception qui leur en a été confiée doit être faite avec douceur. L'impôt une fois acquitté, chacun doit jouir de la plus grande sécurité pour sa personne, ses biens, sa femme, ses enfants. Les biens immeubles et immeubles doivent être assurés contre toute saisie et le feudataire ne peut avoir aucune prise sur eux."
C'est sans doute pour faire mentir NIZAM AL-MULK que les 21 présidents socialistes à la tête des régions (sur les 22 que compte la Frace continentale) ont augmenté les impôts locaux de plus de 20 % (en moyenne) alors que l'Alsace, dirigée par un président modéré, ne les a augmenté que de 3 à 4 %. Qu'ils ne viennent donc pas nous seriner que cette augmentation a pour cause le transfert de certaines charges de l'état vers la collectivité territoriale régionale. C'est toujours dans le même but que la feudataire à la tête de la région Poitou-Charente a déclaré publiquement qu'elle refuserait les subventions du Conseil Régional aux entreprises qui saisiraient les opportunités d'embauches avantageuses offertes par la législation qu'avait votée une majorité parlementaire légitimement élue. Imaginons que des chefs d'entreprise poitevins non moins légitimement élus par leurs pairs dans des organismes consulaires et/ou syndicaux aient refusé de payer l'impôt régional en raison du refus de la présidente de reconnaître la loi, qu'aurait-elle dit, la présidente de la région Poitou-Charentes ? Il est heureux que nous ayons refusé nos suffrage à une "responsable" politique aussi irresponsable. La décomposition sociale commence toujours par la contestation de lois qui ne violent ni les moeurs ni les consciences.
Politis-philippe.
Note [a]
In
NIZAM AL-MULK.
Traité de gouvenement (Sisayet-Name),
composé pour le sultan Malik Chah, traduit du persan et annoté par Charles SCHEFER, et préfacé par Jean-paul ROUX. ("La Bibliothèque persane", collection éditée par Pierre BERNARD.
Sindbad, Paris, 1984.
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