jeudi 28 juin 2007

Championne du conservatisme

On croit rêver. A chaque mesure de bon sens prise par le gouvernement, se lève un peuple d'opposants qui entend protester pour maintenir un état de choses insupportable à nos finances, inadapté aux conditions des temps, mais intouchable, car institué par le digne héritier de la Révolution, Napoléon.
Le gouvernement veut-il réformer la carte judiciaire ? Aussitôt, des avocats, des magistrats, des greffiers, des hommes de lois se massent en foule et en robe sur les perrons ou les marches des tribunaux : il s'agit, disent-ils, de maintenir la proximité entre la justice et les justiciables. Moyennant quoi, comme il est impossible, financièrement, d'équiper convenablement ces multiples tribunaux, les greffes sont encombrés, il pleut dans les salles d'audience, et les jugements sont rendus dans des délais géologiques. Il serait selon moi, tout à fait possible de maintenir des barreaux dans les sièges des tribunaux supprimés, d'utiliser les moyens modernes de communication que sont les téléconférences, les vidéoconférences, et l'informatique pour permettre de bonnes transmissions entre la justice, les justiciables et les avocats. Et de ne faire venir le justiciable et son défenseur, qu'au rendu du jugement. A qui fera-t-on croire, au siècle du TGV, des autoroutes, de l'avion et de la voiture qu'allonger de 30 km la distance qui sépare le citoyen de ses juges est un scandale, quand le même citoyen, souvent n'hésite pas à monter en bus nocturne de Marseille à Paris pour encourager son équipe fétiche dans son match contre le PSG ?
Le gouvernement veut-il réformer l'Université ? C'est une levée de boucliers, enfin une mini-levée ; en cette matière en effet, la situation s'est tellement dégradée que nous risquons de ne plus jamais rattraper les Universités étrangères dans leur excellence. (Du reste, et j'en suis étonné, monsieur LANG est pour cette réforme). Des syndicats sont heurtés, nous dit-on, parce que le développement de l'autonomie des Universités, sur la base de l'autonomie, entraîne (selon monsieur Gérard LAUTON, membre du bureau national du Syndicat National de l'enseignement Supérieur) "un risque de compétitivité entre les Universités (sic), des diplômes dévalués, et à terme l'apparition d'un guide Michelin des diplômes (resic)". A qui fera-t-on croire qu'un doctorat de Physique nucléaire obtenu à Orsay ou à Grenoble a la même valeur qu'un doctorat de ce type obtenu (très hypothétiquement du reste) à l'Université de Cayenne ? Qu'un doctorat en Ecologie tropicale obtenu dans cette Université a la même valeur qu'un doctorat de ce type obtenu à l'Université de Bretagne occidentale ? La compétitivité et les spécificité existent déjà, cher monsieur LAUTON : il est temps de le reconnaître et de permettre aux Universités de les afficher et des renforcer. Je ne vois pas où est le risque dans la compétitivité. Elle devrait réjouir les tenants de l'évolutionisme de DARWIN qui fait de celle-ci le moteur de l'évolution. Je ne vois pas pourquoi les Diplômes seraient dévalués. C'est d'une part faire injure au corps enseignant que de le supposer capable de délivrer des peaux d'âne "synthétiques", et d'autre part c'est une opinion toute faite qui découle d'u système idélogique tout entier présent dans le cerveau de monsieur LAUTON, et dans celui de quelques autres, mais pas dans le réel, une opinion qui ne repose sur aucune étude, aucun fait concret ; c'est un préjugé, c'est un a priori, et pour tout dire, c'est une ânerie. Quant au Guide Michelin des Universités, je trouve que c'est une bonne idée que de l'officialiser ; car, cher monsieur LAUTON, il existe, non point sur le papier, mais dans l'inconscient collectif du petit monde étudiant. Le Point ou l'Express publient régulièrement des Palmarès. Nul ne seen offusque. Les étudiants sont contre la sélection à l'entrée de bac + 4. En vérité, il sont contre le retour à un statu quo qui n'est pas vieux, puisque dans l'ancienne maquette (il y a donc deux ans), un étudiant de maîtrise (bac + 4) n'avait pas la possibilité automatique de rentrer en DEA et par là en troisième cycle des études supérieures. L'inscription était autorisée par le responsable de l'école doctorale. Dernier point d'achoppement, la réduction des effectifs du Conseil d'Administration : "Dans ma Fac de Paris XII qui compte 27.000 étudiants, 1.300 enseignants, et 700 personnels administratifs, dit monsieur LAUTON, notre CA compte 60 membres", donnant à penser que ce chiffre est tout à fait raisonnable, eu égard à la taille de l'établissement. Je lui répondrai que dans un pays de 65 millions d'habitants, il n'y que 577 députés, ce qui est notablement peu selon ses critères.
Le gouvernement veut-il réformer la fiscalité et le régime des heures supplémentaires ? Les syndicats aussitôt crient au scandale. Les patrons (ah ! ces maudits) vont avoir la totale liberté d'accorder ou non des heures supplémentaires ! (Comme s'ils ne l'avaient pas déjà). C'est injuste car certains salariés pourront en avoir, d'autres non (ah ! l'égalitarisme ; mais n'en va-t-il pas déjà ainsi ?). Cette mesure va empêcher des embauches. (Les 35 heures ont-elles créé des emplois ?) Toute cette rhétorique est purement idéelle, aucunement réelle. Si la mesure peu faire quelques heureux, elle est la bien venue.
On pourrait multiplier les exemples de ces conservatismes, de ces blocages, de ces craintes infondées, de ces jugements a priori. La France est-elle réformable autrement que par des Révolutions, dont les polémologistes ont montré qu'elles instaure toujours un ordre plus tyrannique que celui qu'elles prétendent renverser. En réalité, le slogan des opposants est résumable en ce constat doux-amer de TOCQUEVILLE : "On se passe fort aisément de ce que les autres n'ont pas".

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