[Pour que mes éventuels lecteurs comprennent de quoi il s'agit, je les renvoie au billet récent que j'ai intitulé "Non au droit de vote des étrangers non-communautaires", et au commentaire de Nassim.]
Cher Nassim,
Il m'est venu cette nuit à l'esprit quelques remarques complémentaires dont je désire vous faire part. Je ne sais pas si vous êtes né en France. Si c'est la cas, vous êtes Français, et vous pouvez, je suppose, comprendre que ce n'est pas la même chose que de ne pas l'être. Si, comme Français, vous revendiquez les mêmes droits, vous pouvez comprendre que vous avez les mêmes devoirs que vos compatriotes
La première remarque concerne le vocabulaire. Vous attribuez à l'usage que je fais des mots "Maghrébin" et "Africain" une connotation raciste. Mais vous, quand vous utilisez les mots "Européen" ou "Français", le faites-vous d'une manière raciste ou non ? Le simple fait de poser cette question montre que votre critique est complètement infondée, et que c'est dans votre tête que les choses se passent. La gôôôôche a en effet réussi à convaincre les ressortissants Africains, Algériens, Tunisiens ou Marocains (ces derniers désignés collectivement Maghrébins pour indiquer leur commune origine géographique), que le simple fait de les évoquer par celle-ci revenait à les stigmatiser. Comment faut-il les appeler ? Est-il honteux de venir du Maghreb ou d'Afrique dite Noire ? Au demeurant, vous me faites le procès de ne pas inclure les Asiatiques dans les étrangers qu'il convient de ne pas admettre au vote lors des élections locales. Ils sont simplement moins nombreux. Mais je ne vois aucune raison de les autoriser à voter aux élections locales.
Vous faites une allusion malveillante à ma supposée mentalité coloniale. (a) Je vous invite à lire la lettre ouverte qu'un de mes Collègues, le Pr SAVELLI, a écrit au Président BOUTEFLIKA, et qui figure dans ce Blog (billet du 13 décembre 2007). Vous verrez qu'il n'y a pas eu que du mauvais dans ladite colonisation ; il eût mieux valu ne pas coloniser l'ALGERIE, là-dessus, je suis entièrement d'accord. Il y a eu des abus, des injustices, des exploitations. Il faut en convenir. Mais pas au point où l'on veut bien le dire d'une manière hâtive et sans discrimination entre les exploiteurs et les paisibles habitants. (b) Mais en vertu de ce constat, je réclame en retour le droit de ne pas être colonisé par les compatriotes de vos ancêtres. Nombre d'étrangers travaillent, payent des impôts, cotisent à la Sécurité Sociale, certes. Mais ils ont accès à l'enseignement public et aux soins gratuits et bénéficient des mêmes facilités publiques que les Français, à l'exception de la capacité citoyenne. Ils ne sont donc pas lésés dans l'exercice de leurs droits fondamentaux. C'est bien le moins que l'on puisse faire à leur égard. Combien d'autres étrangers, cependant, s'adonnent-ils au trafic de drogue, à la violence, à l'oisiveté, et sont pourtant pris en charge par la collectivité nationale ? Et pourquoi une telle indignation quand, appliquant le droit français, on en vient à les juger pour leurs incivilités, leurs contraventions, leurs délits, voire leurs crimes, exactement comme on le ferait d'un Français ? Comment ne voyez-vous pas que cette réaction est fondée sur le sentiment erroné, mais enraciné dans l'inconscient, d'une infériorité raciale de la part des étrangers ? C'est cette mentalité qu'il faut combattre.
Je vous accuse d'avoir mal lu mon texte. Je dis clairement "oui à l'accueil généreux des immigrants", "non aux pique-assiette". Je m'explique. Si, par exemple, la vie en Algérie, pays par ailleurs riche de son agriculture et de son pétrole, était si belle et bonne pour ses habitants, je ne vois pas pourquoi tant de jeunes femmes algériennes viendraient accoucher en France pour que leur enfant soit Français, pourquoi tant d'Algériens quitteraient un tel Eldorado pour se réfugier dans le pays si raciste et si peu accueillant qu'est la France. Il y faut des raisons, non ? Preuve que tout n'est pas si mauvais chez nous. C'est au nom de la dignité égale des hommes que je revendique le droit de ne pas traiter identiquement mes compatriotes et les étrangers vivant sur notre sol. Car c'est cela, la justice. Bien entendu, il reste la voie de la naturalisation. Pourquoi ne la tentent-ils pas, les étrangers ?
J'ai dit aussi qu'il était légitime que les ressortissants étrangers légalement installés en France puissent avoir leur mot à dire dans la gestion de la cité. La chose est très simple à réaliser. Il suffit de créer un collège électoral des étrangers non-communautaires, et de leur attribuer un nombre de sièges proportionnels à celui qui est attribué au collège électoral actuel (nationaux, et étrangers communautaires). Sinon, en vertu de la loi électorale, cinquante étrangers suffiraient à faire basculer la majorité politique d'une ville ou d'une région de plusieurs dizaines de milliers d'habitants, DANS UN SENS OU DANS UN AUTRE, ce qui n'est tout simplement pas admissible. Ma patrie n'a pas de pétrole, mais elle a des idées, et un sens de l'humanisme dont les assassins des moines de TIBEHIRINE ou ceux de monseigneur CLAVERIE semblent avoir été singulièrement dépourvus. Tant que vous ne comprendrez pas cela, vous ne serez pas dans la vérité. Je le redis : oui à l'accueil fraternel et généreux des immigrants ! Non au racisme, le nôtre comme celui des étrangers ! Oui au respect des Lois que nous avons démocratiquement élaborées ! Non à l'application d'un droit et de coutumes qui n'ont aucun rapport avec notre histoire nationale.
Je termine sur la Chine que vous m'accusez de ne pas mettre en cause. Oh que si ! Je viens d'acheter, hier, un petit ouvrage d'un opposant chinois, installé en France depuis les événements de TIEN AN MEN. Il a pour titre Chine : l'envers de la puissance. Son auteur a pour nom CAI CHONGGUO. Il est publié aux éditions En Clair, Paris, 2005. J'en ferai un compte-rendu très instructif. Et je ne serai pas tendre.
J'espère que vous me répondrez. Car vous avez eu le courage de donner votre opinion, et je trouve cela très bien. Et je vois dans vos yeux moins de paille que je ne vois dans les miens de poutres. Comme vous en effet, je le répète, je suis profondément croyant. Et je cherche la Paix plutôt que l'Affrontement, mais pas à n'importe quel prix. Car il y a des "Paix" grosses de violences.
Oui, j'espère que vous me répondrez.