Dans le commentaire que vous faites sur mon billet relatif au vote des étrangers non communautaires, auquel je demeure résolument opposé, vous me faites un mauvais procès. En premier lieu, je n'exclus pas les asiatiques de mon refus. En second lieu, je trouve étrange que vous demandiez le respect de la Loi algérienne relative aux religions (Loi qui fait de l'Islam une religion d'état), en la désapprouvant, dites-vous, tout en me refusant le droit de reconnaître qu'il existe une différence POLITIQUE entre des nationaux (quelle que soit leur couleur de peau, leur origine, leur religion) et des non nationaux. Vous me suspectez de racisme, et c'est intolérable pour moi. J'ai formé dans mon laboratoire de très nombreux étudiants maghrébins et africains que d'autres collègues de mon université n'avaient même pas reçus, ou qu'ils n'ont pas eu la générosité d'accueillir. J'ai dit et je redis ici qu'ils étaient remarquables, et qu'ils s'étonnaient de notre irreligion. J'ai l'honneur de compter parmi eux deux professeurs, l'un, Mimoun AZZOUZ, enseigne à Londres, l'autre, Khaled BOURY aux USA. Je pourrais encore citer Mohamed CHOKRY, senior scientist dans une grande entreprise de biotechnologie, ou Nada CHOUCAIR, post-doctorante dans un excellent laboratoire de neurobiologie. Et je pourrais allonger la liste : Constant VODOUHE, Aloyse MABONDZO et d'autres encore. Et, cerise sur le gâteau, ma grand-mère, veuve de guerre, avait épousé en seconde noce un médecin antillais, descendant d'esclaves noirs. Je l'ai considéré comme mon grand-père. C'était un homme adorable et d'une rare culture. Il était chevalier de la Légion d'honneur ; il a servi sa Patrie avec un rare dévouement, et un incroyable désintéressement, puisqu'il a soigné gratuitement pendant des mois, au cours de la seconde guerre mondiale, les malades de MONTMORILLON, ville où les vicissitudes de l'Exode m'ont fait naître. Vous n'aviez pas le droit de me faire ce ridicule procès. Je me place sur un plan politique et non pas ethnique, et je constate que l'annexion de l'ethnicité est le fait voulu, entretenu, suscité par les courants de pensée dont vous vous réclamez. Je N'ACCEPTE PAS VOS REMARQUES en leur forme actuelle, mais je suis tout disposé à discuter avec vous, et à vous rencontrer. Harlem DESIR, à cet égard, a fait beaucoup de tort en passionnant une question qui aurait dû rester strictement politique. Il aurait mieux fait de payer ses contraventions.
Je ne vois pas en quoi le fait d'être algérien vous donnerait le droit d'influencer la politique de mon pays, si votre patrie ne m'accorde pas en retour un droit identique. Il ne me semble pas qu'il prenne ce chemin.
Pour ce qui concerne la Chine, vous vous trompez aussi d'adresse. Je vous invite à lire les nombreux billets que j'ai consacrés à cette tyrannie. Ils sont d'une rare sévérité. Et il se trouve que c'est un pays qui m'intéresse énormément, que je possède sur lui des centaines de livres, que je vois un énorme fossé entre le peuple chinois et ses dirigeants, et que je travaille présentement sur ce sujet.
En quoi pourriez-vous penser que j'approuve le geste du gendarme qui a tiré sur un prisonnier menotté alors qu'il tentait de s'évader ? Procès d'intention très familier aux gens de gôôôche, qui estiment que toute implication d'un étranger, fût-il en situation irrégulière, est une insulte aux droits de l'homme. Je n'approuve pas, certes non, le geste de ce gendarme. Mais je me demande pourquoi cet homme était menotté et pourquoi il a cherché à fuir. Ce ne sont pas là des insinuations, ce sont des questions. Et puisque vous faites référence à la Loi, sachez qu'en droit français, un gendarme (et lui seul) a le droit de faire usage de son arme dans cette circonstance.
On vous pardonne, cher Nassim, des accusations qui relèvent d'une idéologie fantasmatique, déconnectée du réel, pleine de contradictions. On vous pardonne surtout parce que vous avez 20 ans. Enfin, vous dites que vous êtes croyant. Moi aussi. La poutre que j'ai dans mon oeil, je la vois. Je n'accable aucune personne étrangère en particulier, et je vois en elle un frère, je l'ai prouvé pendant ma vie professionnelle et encore aujourd'hui par mes engagements associatifs ; mais je ne sens pas obligé d'en faire un concitoyen. Je conteste les initiatives de mes compatriotes, et non votre désir légitime de participer d'une quelconque façon à la vie de la cité; je les conteste, car je les crois susceptibles d'ouvrir une boîte de Pandore explosive, dans un contexte très tendu. Peut-être aurez-vous la gentillesse de me répondre ?
Bien amicalement.
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