Le gouvernement vient de subir un revers important au parlement. La motion de procédure déposée par un député communiste pour décider de ne pas examiner le texte réglementant l'usage des organismes génétiquement modifiés (OGM) a été adoptée par 136 voix contre 135. Plusieurs remarques. Les lobbies qui avaient tenté d'influencer la représentation parlementaire pour adoucir le texte sont les grands vainqueurs de ce combat parlementaire. Les choses pourront continuer d'aller comme par devant, dans l'opacité la plus totale. Bien sûr, la constitution donne au gouvernement la possibilité de réunir une commission mixte paritaire, et le texte finira par passer. Mais on dira qu'il est passé en force. Les parlementaires qui ont voté la motion de procédure sont des irresponsables ; leur seul objectif, et ils l'ont atteint, était d'affaiblir le gouvernement, nullement de réglementer l'usage des OGM. Le texte présenté n'est pas parfait, loin s'en faut, mais il marque un réel progrès, et l'opposition ne peut pas dire que l'on a négligé son avis puisque que des amendements par elle présentés ont été votés à une large majorité.
Il y a ensuite l'aspect scientifique. Je m'apprête avec des chercheurs de la BioValley Area, à publier une BioValley Monographs (la N°3 ; série publiée par KARGER à Bâle) consacrée aux OGM. Je me sens le droit de dire que, sans être spécialiste de la question, j'ai un avis plus éclairé que la moyenne des parlementaires. Je constate tout d'abord que la nature a pris grand soin à élever des barrières génétiques entre les espèces vivantes. Il doit y avoir des raisons. Je constate aussi que lorsque des croisements entre espèces apparentées sont fertiles, leurs produits sont stériles ; ainsi en va-t-il du mulet (croisement d'âne et de cheval) ou du tigron (croisement le lion et de tigre) ; ces exemples valent aussi pour le monde végétal, le seul, à vrai dire, qui semble intéresser les adversaires des OGM. Il me semble donc que, si l'on accepte la théorie de l'évolution, la stérilité des hybrides est "voulue" par la nature, pour des raisons d'équilibre écologique (?), pour maintenir la biodiversité (?), ou plus vraisemblablement pour ne pas introduire dans le génome des hybrides une instabilité génétique propice à la survenue de très fréquentes mutations dont nul ne peut prévoir le devenir. Sur ce dernier point, il faut s'expliquer ; contrairement à ce que l'opinion ordinaire croit, la séquence des nucléotides d'un génome n'est pas aléatoire. Si à la position 10, il y a tel nucléotide, à la position 20, la chance d'avoir l'un des quatre nucléotides constitutifs de l'ADN n'est pas de 25% ; elle est dissymétrique et laisse apparaître une plus grande chance d'y voir placé un nucléotide non quelconque. Là encore, il doit y avoir des raisons. Ainsi, les chimères que sont les OGM introduisent incontestablement un désordre génétique aux conséquences imprévisibles. C'est donc avec une grande prudence qu'il faut avancer dans ce domaine.
L'aspect économique est sans doute un facteur déterminant dans la prise de décision des responsables. De tout temps, l'homme a procédé à la sélection des meilleures variétés de plantes, ou d'animaux domestiques. Il est donc légitime d'imaginer la création d'espèces animales ou végétales adaptées à la sécheresse, ou au sel, résistantes aux parasites, etc. On constate que les semenciers ont cherché à créer des espèces de type OGM stériles et génétiquement chimériques. Il y a là une double immoralité. La première consiste à rendre captifs des leurs produits sophistiqués les agriculteurs qui ne peuvent stocker une partie de leur récolte pour de futures semailles. C'est une nouvelle forme d'esclavage. La seconde consiste à bouleverser, comme des apprentis sorciers, le patrimoine génétique des êtres vivants par la création de chimères. Il faut aller doucement en ce domaine.
L'aspect moral enfin n'est pas négligeable : on parle des semences OGM. On accepte fort bien la production d'insuline par des bactéries génétiquement modifiées (Escherichia coli), et l'on se trouvera un jour très heureux de pouvoir dépolluer les sols de leurs métaux lourds par la dispersion de bactéries porteuses de gênes de détoxification (du mercure par exemple). Il n'y a pas d'objections majeures. Mais savez-vous que des chercheurs anglais et australiens ont reçu l'autorisation de procéder à des fécondations d'oocytes animaux par des spermatozoïdes humains ? Je n'ai point entendu monsieur BOVE élever de grandes protestations à la perspective de cette folie venue d'esprits humains qui veulent se faire Dieu. Mais il s'agit bien là de fabriquer des chimères, des monstres mêmes. Docteur FOLAMOUR pas mort !
Je résume : la prudence est de mise. La loi, très stricte, encadrait l'usage des OGM. Elle laissait ouverte la possibilité de faire des recherches sur les OGM, dans des conditions strictement réglementées, elle interdisait l'usage du seul OGM (une semence créée par MONSANTO) encore autorisé. Tout cela est foutu par terre par la volonté de furieux qui se moquent comme de leur première chemise du retard que notre pays pendrait en laissant à d'autres le soin de développer des OGM dont l'innocuité serait scientifiquement prouvée. L'esclavage serait au bout de ce renoncement. On peut du reste se demander ce qu'aurait dit l'actuelle opposition de la radioactivité si elle avait été au pouvoir quand ce phénomène fut découvert. Or l'opposition de gauche a annexé les principaux découvreurs de la radioactivité et de ses applications : Pierre et Marie CURIE. C'était une bonne radioactivité, une radioactivité de gauche. Allez, la messe est dite. Reprise du Blog, lundi prochain.
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