Un dernier billet avant de partir pour quelques jours en vacances. Ce sera pour livrer à votre réflexion quelques aphorismes de Gustave THIBON. J'ai dit dans mon profil que c'est un auteur qui m'est bien cher. Pourquoi ne vous ferais-je point partager mes trouvailles, je vous le demande ?
C'est un symptôme très grave de décadence que d'entendre parler du 'conflit de la morale et de la vie'. De telles contradiction ne sont pas naturelles : elles n'existent pas sur le plan de la santé, ou du moins, elles n'y présentent pas ce caractère réfléchi et doctrinal qu'elles revêtent aujourd'hui. Le conflit n'est pas entre la vraie morale et la vraie vie : nos révolutionnaires attaquent une caricature de la morale au nom d'une caricature de la vie (les instincts d'un homme sain ne s'amusent pas à médire de la morale : ou bien ils lui obéissent ou bien ils la violent sans plus d'embarras. L'instinct qui discute avec la morale est un instinct impuissant et corrompu).
La fièvre égalitaire est un des maux les plus profonds et les plus graves de notre époque. Avouée ou déguisée, elle perturbe, dans tous les domaines, l'équilibre de l'humanité. Elle fait se heurter entre eux, dans une compétition sans issue, les individus, les classes sociales et les nations. A la limite, chacun en arrive à trouver insupportable de n'être pas l'égal de n'importe qui, en n'importe quoi. Un aventurier aspire au pouvoir suprême, le 'prolétariat' veut balayer les classes dominantes, les peuples 'pauvres et dynamiques' se sentent tous les droits à l'égard de leurs voisins riches. Evidemment, on a inventé, pour justifier cette maladie honteuses, des vocables pleins de grandeur : le pauvre attaque le riche au nom du 'droit à l'existence', le taré physiologique qui veut se marier au mépris de tout devoir social excipe de 'droit à l'amour', et les nations conquérantes agitent la doctrine de 'l'espace vital'. Mais tous ces grands mots ne servent qu'à rendre plus répugnante l'égoïste réalité qu'ils recouvrent. (Gustave THIBON précisera dans ce chapitre la différence qu'il y a entre égalitarisme, inégalité naturelle, inégalité artificielle, et il fera la très juste observation que voici. Le peuple français possède en effet à un degré unique, le double sens de l'égalité et de l'inégalité. Aucun autre n'est aussi individualiste, aussi rebelle à l'esprit grégaire : c'est en France qu'on observe dans l'ordre des fonctions et des préséances sociales, les inégalités les plus nombreuses et les plus subtiles. Nous sommes le peuple qui présente le maximum de 'distinction', (au double sens du mot) et, par conséquent, le minimum d'égalité. Mais nous sommes le peuple où la conscience de l'égalité profonde entre les hommes s'est affirmée, saine, avec le plus de justice, et a causé, corrompue, les plus grands ravages.
Et enfin ceci, La guérison de l'humanité exige une science totale et un amour total de l'humanité.
A l'aide de quelques exemples pris dans notre histoire nationale, je vous illustrerai dans mon prochain billet la vérité profonde de ces paroles prophétiques, prononcées à la fin des années 1930 !
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