Ce n'est pas un mystère pour mes lecteurs, je ne suis pas socialiste. Mon refus d'adhérer à cette idéologie est fondé sur une réflexion personnelle que je mène depuis des années. Je n'en suis que plus à l'aise pour évoquer aujourd'hui la mémoire d'un honnête homme, assassiné par les médias. La chaîne parlementaire a consacré hier soir une émission à ce militant intègre, autodidacte, proche des humbles et sympathique. Autour de la table : monsieur François LONCLE qui fut ministre du gouvernement BEREGOVOY, Gérard CARREYROU - dont je découvre avec stupeur et admiration qu'il fut militant du PSU, et ami de Pierre BEREGOVOY et qui n'a jamais laissé paraître, quand il officiait comme journaliste, ses appartenances partisanes - et Marc BLONDEL, lui aussi un ami de longue date du premier ministre défunt.
Un documentaire fort bien fait raconte les derniers mois de la vie politique de Pierre BEREGOVOY. On y entend un journaliste du Canard Enchaîné (journal qui a lancé toute l'affaire du prêt), dire avec un culot sans égal que le Premier Ministre n'avait aucune raison de s'en faire puisque le prêt était contracté de manière tout à fait régulière, et le sinistre Edwy PLESNEL (orthographe non garantie) ne rien regretter de ses écrits, lui qui pendant sa carrière n'a cessé de tremper sa plume dans le fiel pour démolir tous ceux qui ne lui revenaient pas, et de jouer la "vérité" journalistique" contre les intérêts de son pays (cf. l'affaire du Rainbow Warrior) au mépris de la prudence et de la vérité factuelle. Au journaliste du Canard, que dire ? Sinon qu'on ne voit pas d'autre intérêt à la dénonciation d'un prêt régulier que celui de nuire à un puissant pour compenser la propre médiocrité du dénonciateur. Quant à monsieur PLESNEL, dont il semble me souvenir qu'il a été remercié du journal Le Monde, le mieux est de l'ignorer. Qu'il continue de baigner dans son amertume et de ruminer la perte de sa capacité de nuisance !
Plusieurs faits : le prêt de monsieur BEREGOVOY était parfaitement légal, contracté devant notaire et enregistré. Monsieur PELAT, un homme autrement moins transparent, avait le droit de consentir à prêter sans intérêt à un homme qui était son ami. Monsieur BEREGOVOY, non seulement n'a jamais aidé monsieur PELAT à investir en Corée du Nord avec le soutien de l'Etat - il n'était pas en état de le faire au moment où ce soutien a été accordé, et on a laissé dire que ce prêt était la contrepartie de son soutien ! - mais il avait manifesté son opposition quelques mois auparavant à cette opération alors qu'il était ministre. Toute cette affaire est montée par des spécialistes de la manipulation médiatique, sans aucun respect des faits et des personnes. Pierre BEREGOVOY s'était fort justement inquiété pour la démocratie d'une telle dérive.
Quelques remarques. Gérard CARREYROU a souligné combien, après la débâcle électorale de mars 1993, le silence du Président MITTERRAND envers son premier ministre, et l'évitement que les anciens courtisans manifestaient à l'égard de ce dernier dans la salle des Pas Perdus de l'Assemblée, avaient été douloureux, insupportables à un homme qui avait lutté de toute ses forces contre la corruption et qu'on avait accusé d'y avoir succombé. Monsieur LONCLE a contesté le silence présidentiel et prétendu qu'un rendez-vous avait été convenu le lundi suivant la disparition du Premier Ministre. Monsieur CARREYROU a maintenu sa dénégation. Monsieur LONCLE, ensuite, a fort justement souligné qu'on ne pouvait en un an redresser une situation politique et économique compromise. Quant à monsieur BLONDEL, il a révélé, ce qu'il avait tu jusqu'ici, que Pierre BEREGOVOY savait que la situation était politiquement désespérée pour le PS, et qu'on l'avait appelé pour cette raison au poste de Premier Ministre.
Voilà comment des médias peuvent disposer de l'honneur et de la vie d'un homme intègre. Il faut s'en méfier, accueillir leurs nouvelles et leurs analyses avec du recul, confronter les opinions diverses, et toujours partir des faits, et non des idées.
La ressemblance avec la présente situation du Président de la République est frappante. Monsieur LONCLE devrait rappeler à ses amis qu'on ne juge pas des résultats d'une politique sur un an. Monsieur BLONDEL devrait leur dire que la mise en cause injuste d'un homme politique peut être mortelle, et monsieur CARREYROU, qui avait proposé à monsieur BEREGOVOY de venir s'expliquer à la télévision le soir même de la révélation du Canard, après qu'il avait rencontré son ami à Matignon le matin même, devrait dire aux socialistes de ne pas trop insister sur la collusion des actuels journalistes de télévision avec les actuels hommes politiques.
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