Je croyais avec naïveté que le propre de la démocratie était d'avoir définitivement vaincu l'arbitraire des gouvernants, en limitant leurs pouvoirs par le moyen de la Loi, applicable sans distinction d'origine ou de statut social à tous les citoyens. Il me semblait, par conséquent, que les citoyens ne méritent ce beau nom que s'ils obéissent aux lois et les reconnaissent comme souveraines quand elles ont été démocratiquement votées. Lourde erreur ! Naïveté d'enfant ! Aujourd'hui, ce qui compte, ce n'est pas la Loi, ce sont les sentiments du moment, le mouvement des tripes, le politiquement correct, la mode, les intérêts des clans, des coteries, des féodalités de tous ordres. Voici un merveilleux exemple de la folie qui nous habite :
Monsieur KOUA est un "étudiant" (je mets des guillemets car ce statut n'est pas clair) d'origine ivoirienne, qui vient d'être expulsé de France vers son pays d'origine, pour être rentré illégalement en France, en 2003, avec un passeport qui n'était pas le sien. Monsieur Landry KOUA a une compagne, Sarah, qui a indiqué aux journalistes la position à la fois très humaine et juridiquement fondée du Préfet du Rhône dans cette affaire d'expulsion. Monsieur KOUA est prié d'obtenir un visa de long séjour des autorités consulaires françaises en Côte d'Ivoire, après quoi il lui sera délivré sans aucune espèce de difficulté un titre de séjour étudiant pour qu'il puisse valider sa première année de BTS en informatique par le moyen d'un stage en entreprise. En d'autres termes, il lui est demandé de régulariser la situation, ce qu'il obtiendra avec la bénédiction des autorités françaises. La décision et l'exécution de l'expulsion ont été prises après que tous les recours administratifs, nombreux ont été épuisés. Il n'y a là rien de scandaleux. Une situation de non-droit ne peut créer des droits.
On peut s'étonner que Landry KOUA n'ait pas demandé le statut de réfugié politique puisque son père, opposant politique, a été assassiné. Or jamais il n'a fait valoir cette situation que l'on découvre aujourd'hui. Il est également tout à fait symptomatique de souligner que monsieur KOUA a été arrêté le 8 mai dans le métro lyonnais à la suite d'un contrôle de police. Il serait intéressant de savoir si ce contrôle était ou non consécutif à une fraude.
Situation complexe, donc, on le voit, et qui mérite beaucoup de doigté de traitement. Et bien malgré toutes ces précautions, ces recours juridiques, ces promesses, il se trouve encore des Professeurs, des lycéens par eux manipulés, et des grandes conscience de Réseau d'Education sans Frontières pour protester contre l'application de la Loi. On marche sur la tête. Les Français n'aiment pas la Loi dont ils pensent qu'elle est faite d'abord pour être tournée, en tout cas contestée.
Et voilà pourquoi, depuis janvier, les urgentistes, les cheminots, les lycéens, les étudiants en kinésithérapie, les enseignants, les marins pécheurs, les mareyeurs, les routiers, les lycéens, les agriculteurs, les fonctionnaires des administrations, les juges, les avocats, les chauffeurs de taxi, et j'en passe, ont manifesté, protesté, défilé, crié, chacun réclamant pour sa chapelle des avantages souvent léonins, refusant qu'on change quoi que ce soit à des situations ubuesques ou indéfendables. Moi ! moi ! moi d'abord ! Mon système est le seul qui vaille ! Mon système n'a pas été approuvé par les urnes ? Jetons sur leurs résultats la suspicion la plus ignoble, la plus injuste, abreuvons les gouvernants de procès d'intention, déployons notre mauvaise foi ! Il restera toujours quelque chose de nos critiques, de nos calomnies, de nos railleries.
Pauvre pays, pauvre peuple, qui ne se reconnaît pas dans la seule nouveauté acceptable qu'ait apporté à nos institutions la Révolution Française : la régulation des rapports sociaux par le moyen d'une Loi acceptée par tous, appliquée également à tous, et que seul le peuple (déclaré souverain !!!) peut changer par délégation de ses pouvoirs à un corps législatif élu.
Où allons nous ?
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