Demain encore, grèves diverses dans diverses branches de l'éducation nationale : on est contre ceci, contre cela ; on réclame des postes, de l'argent, des moyens. Dans son numéro du 4 décembre 2008, Le Point vient opportunément rappeler quelques chiffres que les professionnels de la contestation semblent avoir oubliés. Par exemple, en francs constants, le coût d'un élève du primaire est passé de 2700 euros en 1980, à 4990 euros en 2007, celui d'un élève du secondaire, de 5400 euros à 8810 euros, et le reste à l'avenant. Des moyens, l'éducation nationale en a eu. Qu'en a-t-elle fait ? On réclame des postes ? Mais la France dispose d'un enseignant pour 12,2 élèves, taux meilleur que la moyenne de l'OCDE (1 enseigant pour 13 élèves), moins bon certes que l'Espagne ou l'Italie (10,6 élèves pour 1 enseignant), mais bien meilleur que le Royaume-Uni (14,1 élèves), que l'Allemagne (15,1) ou que les Pays-Bas (16,1). Bien entendu, il s'agit d'une moyenne et l'on peut faire dire beaucoup de choses à des statistiques. Cependant, ces moyennes sont calculées de la même manière dans tous les pays de référence. On pourrait donc attendre de ce taux d'encadrement, des résultats scolaires sinon époustouflants, du moins convenables. il n'en est rien. Les performances des élèves français (enquête internationale PISA) indique que le score moyen des petits Français est nettement inférieur à 500 (indices obtenus par les petits Allemands et les petits Anglais) et très nettement inférieur à celui des petits Finlandais (560). Ainsi, tout en dépensant beaucoup plus que la Finlande, la France obtient des résultats très inférieurs. Le même article nous apprend que le nombre de professeurs du primaire est resté quasiment constant entre 2001 et 2007 (environ 340.000) alors que le nombre d'élèves diminuait sensiblement, passant pendant cette période de 4.500.000 à 4.200.000. Il est exact que le nombre de professeurs dans les collèges et lycées à sensiblement diminué après avoir marqué un pic en 2002-2003. Il est passé de 380.000 à 370.000 alors que nombre d'élèves restait constant (5.750.000). Seuls 29 % des enseignants sont syndiqués, et 51 % des personnels enseignants de Collège désirent se reconvertir ou changer de métier. Tout cela m'incite à penser que le malaise (véritable) de l'éducation nationale n'est pas un malaise quantitatif, mais un malaise beaucoup plus profond : contestation de l'autorité des enseignants que ne protège plus le Ministère de Tutelle, salaires notoirement insuffisants, valse incessante des réformes, pondues par des fonctionnaires qui n'ont pas la moindre idée de ce qu'est la pédagogie, et surtout, dérive incroyable de l'esprit public, ridiculisation perpétuelle des repères qui structurent la société et les personnes, apologie médiatique de la déviation, négation absolue de la norme, notamment de la norme des comportements, idolâtrie de l'argent, du plaisir, de la facilité, mépris abyssal des vertus humanisantes du savoir et de l'effort. Une réflexion approfondie de syndicats vraiment responsables sur ces problèmes brûlants permettraient peut-être d'améliorer un peu le système. Hélas, ils font de la politique ; ils sont préoccupés uniquement de contrer toutes les initiatives d'un Gouvernement qu'ils exècrent (mais sont-ils capables d'en aimer vraiment un ?), et oublient complètement leur responsabilité historique. Pour mémoire, il convient de rappeler qu'il y a eu 33 grèves depuis l'an 2000 !
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