mercredi 10 décembre 2008

Sanctionner ou punir

Un de mes lecteurs avoue sa perplexité : il ne voit pas la différence entre sanctionner et punir. La différence ne saute pas aux yeux en effet. Mais tous les dictionnaires de synonymes le disent ; des mots différents aux sens très proches ne recouvrent jamais exactement la même réalité. Je vais donc essayer de répondre à cet attentif et amical lecteur, en pointant ce qui me semble faire la différence entre les notions de sanction et de punition. J'ai consulté l'ouvrage de l'abbé GIRARD, Synonymes françois (Chez Pierre Beaume, Imprimeur-libraire, Bordeaux, 1902 - an XI). Il y a bien le verbe punir et à côté celui de châtier. Les définitions qu'il donne correspondent sensiblement pour le mot châtier au sens que nous donnons aujourd'hui au mot sanctionner et pour le mot punir à celui que nous lui donnons de nos jours. Je vais m'inspirer des remarques de cet auteur en y rajoutant des remarques de mon cru. Pour faire bref, je dirai que la punition relève de l'ordre légal, et la sanction de l'ordre moral. Une sanction doit être mise en relation avec la responsabilité de celui qui a commis une faute, elle doit conduire à réparer le tort qu'il aurait fait à autrui ou à lui-même, et elle n'a de portée que dans ce contexte là. Elle ne vise pas à humilier, mais à restaurer, à prévenir la rechute et à rendre meilleur. Une punition est une peine qui n'a pour fins aucun des objectifs que je viens d'énoncer. Elle ne fait pas appel à la conscience, mais à la loi, elle est automatique (ou presque), n'a aucun portée éducative. Comme le dit l'abbé GIRARD, c'est la conservation de la société qui est le motif essentiel de la punition des crimes, délits ou contraventions. Elle relève de la justice humaine et elle ne doit s'appliquer qu'à ceux qui tendent à la destruction de la société. Il est tout à fait évident que la punition, dont la visée est d'abord exemplaire, a sa place dans la régulation sociale. La question était de savoir s'il est possible de sanctionner des adolescents ou des pré-adolescents pour des crimes, plutôt que de les punir. Désespérer du petit d'homme en train de devenir ne me semble pas très juste ; ignorer par complaisance les malfaisances dont il s'est rendu coupable ne l'est pas non plus : il faut qu'il y ait réparation, jamais je ne le dirai assez. Et il faut que cette réparation ait un coût.
Dans le contexte de la "révolte" des belles consciences sur la possibilité d'emprisonner des enfants de 12 ans (contre 13 ans à l'heure actuelle), je rappellerai qu'il y a quelques jours, on a mis la main sur un adolescent de 15 ans qui venait de commettre un braquage ; un autre adolescent de 13 a également été arrêté, la même semaine, mais hélas, je n'ai pas retenu les motifs de cette arrestation. Il faut supposer que le ministère de la justice a en sa possession des statistiques qui pointent un phénomène inquiétant : la jeunesse sans cesse croissante des délinquants. La société a non seulement le droit mais le devoir de se protéger. Et la gauche caviar qui hante Saint-Germain des Près ou l'île Saint-Louis a belle posture de protester qui ne risque aucunement d'être importunée par les petits malfrats dans les beaux quartiers qu'elle habite.

1 commentaire:

Roparzh Hemon a dit…

Merci pour votre réponse détaillée.

E. D.