mardi 23 décembre 2008

De tout et de rien

Rien, dans l'actualité, n'incite à de longs développements. Je vais donc butiner ça et là des impressions, et des remarques.
L'un de mes lecteurs, fort courtoisement, me dit qu'il n'approuve pas ma position de refus du travail du dimanche. Je n'ai pas d'autres arguments à lui opposer que celui de la transmission immémoriale de la tradition : le dimanche est fait pour le repos. Je voudrais simplement rappeler ici les terribles paroles du prophète AMOS (8, vv 4-6) : "Ecoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre et voudriez faire disparaître les humbles du pays, vous qui dites : "Quand donc sera-t-elle passée, la nouvelle lune, que nous vendions notre blé, et le sabbat, que nous écoulions notre froment ? Nous diminuerons la mesure, nous augmenterons le sicle, nous fausserons les balances pour tromper ; nous achèterons le pauvre pour de l'argent et l'indigent pour une paire de sandales..."
Ah, je les devine, les agioteurs qui dans l'ombre ourdissent et trament leurs petites affaires, impatients de voir le sabbat s'achever ! S'ils pouvaient le supprimer même ! Mais ils le peuvent ! Et ils ne se privent pas de le crier, et d'insister pour pouvoir vendre leur froment et acheter le pauvre contre une paire de sandales. Je suis contre le travail du dimanche, parce que le dimanche n'est pas fait pour le négoce ou la consommation. J'admets volontiers que mon point de vue est "judéo-chrétien", comme me l'a dit il y a peu de temps, avec une certaine violence, l'un de mes contradicteurs. Ce dernier ne voit pas que c'est justement le judéo-christianisme qui lui permet d'avoir une parole libre et autonome. Je le renvoie au superbe livre de Marcel GAUCHET, Le désenchantement du monde dont je reparlerai un jour.
Autre chose. Vu aujourd'hui, Place Saint-Michel, une centaine de pauvres bougres, en majorité des africains, encadrés par quelques rares meneurs qui ne l'étaient pas : ils agitaient des drapeaux et réclamaient la régularisation des travailleurs sans-papiers. La loi prévoit que dans les métiers qui ont du mal à recruter, la chose est possible. Admettons. Mais, selon moi, une situation de non-droit ne peut créer de droit. Et les employeurs qui s'aventurent à embaucher des sans-papiers, des clandestins par conséquent, devraient être sévèrement punis. Comme devraient être reconduits dans leur pays les personnes dépourvus de titres de séjour. Ce n'est pas ainsi qu'il faut traiter le problème de la pauvreté dans le monde. Il faut réclamer de nos hommes politiques qu'ils cessent de soutenir des régimes corrompus, qui confisquent l'aide destinée à leur peuple, il faut accepter de payer les matières premières à un juste prix, et ne pas laisser leurs prix fluctuer au gré de la spéculation. (Ne pourrait-on imaginer de fixer des cours internationaux planchers et plafonds ?) Et puis nous devrions avoir la décence de ne pas étaler notre impudente richesse dans des pays où les enfants meurent de faim ou de maladie. Non à ces safaris, à ces clubs, à ces voyages organisés qui n'enrichissent que les agences et quelques intermédiaires locaux peu regardants sur les moyens. Il nous faut rentrer dans une certaine ascèse du regard et de la pratique, et ne pas faire le généreux sur le dos de la collectivité qui doit, par ses impôts, contribuer - ce qui est normal et humain - à soigner et à héberger ces miséreux en attendant de traiter leur cas.
Julien DRAY, c'est un fait avéré, a fait transiter sur son compte personnel des sommes considérables, puisées dans les réserves de l'UNL et de la FIDL, des syndicats lycéens qu'il a contribué à créer, et qui comptent dans leur soutien des personnalités que la pauvreté ne submerge pas. Nul n'est en mesure de dire si ces transferts de fonds sont délictueux. Attendons l'enquête. (Bornons-nous à constater que 320.000 euros font quand même beaucoup, et qu'on peut se demander comment des syndicats de lycéens peuvent traiter de telles sommes.) Les "amis" de monsieur DRAY, au PS, soutiennent assez mollement leur collègue. L'affaire tombe à pic aussi bien pour madame AUBRY que pour monsieur DARCOS. Is fecit cui prodest dit un adage latin. L'a fait celui à qui la chose profite. Je me demande si les deux personnalités sus-nommées n'ont pas une ligne téléphonique qui les relie directement. Car manifestement, ils sont les premiers bénéficiaires de ces révélations.

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