La valse, on le sait, est une danse qui se pratique avec légèreté. C'est sans doute pourquoi madame Ségolène ROYAL valse avec les milliards d'une manière apparemment étourdissante. Elle qualifie de "mesurettes" les 26 milliards que l'Etat va consacrer à l'économie pour éviter la récession ; mais elle trouve énorme le paquet fiscal qui prive les finances publiques de 16 milliards d'euros. Et elle prétend qu'en en faisant l'économie, on aurait pu donner à 20 millions de Français l'équivalent de 1.000 euros. C'est un raisonnement d'une rare stupidité et d'une démagogie insupportable. Pourquoi ? Parce que, et tout d'abord, 20 millions de bénéficiaires que multiplient 1.000 euros font 20 milliards d'euros. Et que madame ROYAL fait bon marché des 4 milliards qu'elle aurait soustraits à l'avidité des riches. Elle préconise donc la suppression du paquet fiscal. Ceci revient à dire que les classes moyennes devraient réintégrer les intérêts d'emprunts immobiliers dans leurs revenus - alors que le paquet les déclare déductibles pour les premières années de remboursement - et payer des droits de succession sur l'héritage familial. Le paquet fiscal en fait est consacré pour 70-80 % à ces opérations. Madame ROYAL ment effrontément et elle le sait.
Supposons toutefois que l'on distribue ces 1.000 euros à 20 millions de Français. Que vont-ils en faire en cette période de l'année ? Acheter des jouets (80 % d'entre eux sont produits en Chine), des vêtements (idem), des chaussures (idem), peut-être se payer un voyage à l'étranger. En somme ces 1.000 euros de pouvoir d'achat, distribué pour l'immédiat, auraient inéluctablement aggravé le déficit déjà très lourd de notre commerce extérieur. En réalité, le problème de notre pays est un problème d'offre : nous ne produisons pas assez de richesses pour satisfaire la demande potentielle du marché intérieur. Il convient de remédier à cela en favorisant les investissements dans les PME (et non pas dans les grandes entreprises du CAC40 qui ne créeront pas un seul emploi en raison de leur éparpillement planétaire). La vérité est que les socialistes n'ont jamais pu se défaire de la vieille idée que les "patrons", tous les "patrons" étaient des salauds et des exploiteurs, qu'ils étaient de mauvaise foi, et que de toute façon, ils étaient parfaitement immoraux. Je pense en réalité que les actuels responsables socialistes font à nos entrepreneurs un procès d'intention, et qu'ils projettent dans leurs analyses les attitudes mentales qui sont les leurs dans leur vie politique et publique. Je n'ose ajouter, "et peut-être personnelle". Ceci ne dispense pas les pouvoirs publics de remédier à certaines situations de pauvreté qui frappe aujourd'hui des salariés pourtant dotés d'un salaire dans le cadre d'un CDI. La valse, décidément, est une danse trop subtile pour madame ROYALE. Elle devrait s'essayer à la danse des canards.
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