Xyloglosse commence ses discours par une formule qu'il croit brillante et quand il lui arrive de les achever, il laisse ses pairs accablés, ses domestiques irrités et le Premier Secrétaire abasourdi. Il ne parle pas, il plaide ; il ne plaide pas, il requiert ; il ne requiert pas, il tonne, il fustige, il condamne. Ne lui dites pas votre réprobation, et lui celez vos sentiments. Il risquerait de vous envoyer dans des gémonies qu'il peuple d'ennemis imaginaires. Xyloglosse va régulièrement chez son perruquier et ne manque point de lui demander qu'il lui ménage une mèche de façon qu'elle lui tombe sur le front et lui donne cet air de jeunesse empruntée et rebelle, qu'il croit triomphante. Il a belle tournure et dents carnassières. Xyloglosse n'est pas l'avocat qu'il prétend ; c'est un procureur, un procureur convenu. On connaît ses manies, et l'on s'en amuse quelquefois. Il répète les mêmes réquisitoires depuis qu'il est rentré dans la cabale qu'ourdit le Parti des Égaux avec constance et rare inconséquence. Il croit que le Peuple le suit ; mais le Peuple ne l'entend point. Xyloglosse embouche les trompettes de l'ironie, de la calomnie, de l'approximation. Il a de l'avenir chez les Égaux. Il est douteux qu'il en ait dans le Royaume. Les emplois subalternes lui conviennent, et il est assuré qu'il en sera satisfait tant que les gazettes parleront de ses exploits.
Xyloglosse a un beau nom : Arnaud.
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