jeudi 15 janvier 2009

Symptômes

Trois faits dont la presse a fait mention ou manchette méritent qu'on y attache de l'attention tant ils révèlent le malaise dans lequel se débat notre société : la grève surprise de la Gare Saint-Lazare, les arguments avancés par les lycéens de la FIDL pour s'opposer à toutes réformes du deuxième cycle des études secondaires, le jugement de la cour correctionnelle dans l'affaire de l'hormone de croissance.
Dans tous les cas, le malaise s'origine, me semble-t-il, dans le conflit existant entre les désirs et attente des individus, et l'intérêt général. Peu importe que 400.000 banlieusards aient été bloqués et n'aient pu rentrer chez eux de manière satisfaisante, quand bien même, en se procurant une carte mensuelle, ils sont en droit d'attendre la prestation qui correspond à leur achat. On peut déplorer et l'on déplore l'agression dont a été victime un conducteur de RER à Maisons-Laffite ; de là à fermer la gare Saint-Lazare et à bloquer le trafic, il y a un pas inadmissible. La vérité est que les syndicats se livrent à une surenchère non seulement verbale mais revendicative, pour piper les voix des votants aux prochaines élections professionnelles qui approchent. Diable, il faut avoir beaucoup de voix pour obtenir des subventions, des postes au comité d'entreprise et dans d'autres instances, étendre son pouvoir et glaner les avantages qui s'attachent à celui-ci. Où est l'intérêt général là-dedans ? Il faut modifier sans tarder la loi sur le service minimum dans les transports et déclarer illégale les grèves surprises. Rien n'empêchait les conducteurs de manifester leur colère en déclenchant une grève selon les exigences de la loi. Peut-être convient-il de souligner que le trafic est perturbé depuis près d'un mois dans cette gare parce que les conducteurs sont priés de travailler 30 minutes de plus par jour en raison des horaires d'hiver. Bien entendu, leur temps total de travail reste inchangé. Pendant ce temps, des milliers de salariés craignent pour leur emploi, et ne chipotent pas sur le temps de travail supplémentaire que leur imposent les circonstances. Ce sont des revendications indécentes que les revendications des conducteurs.
Dans l'affaire de l'hormone de croissance, l'arrêt de la chambre correctionnelle, qui juridiquement ne peut pas faire l'objet d'un appel des parties civiles, ne peut qu'engendrer colère, amertume et révolte. La présidente de l'association des victimes a beau jeu de rappeler que d'autres laboratoires ont purifié cette hormone à partir de tissus prélevés sur des cadavres, sans provoquer de drame chez les patients à qui on l'a administrée. Il faut bien admettre qu'il y a eu un dysfonctionnement dans la chaîne de préparation : on croit bien le deviner dans la cupidité de certains fournisseurs de tissus, dans l'absence de rigueur de professionnels du médicament, et de prudence chez nombre de représentants du corps médical. Rien de cela n'est juridiquement répréhensible, paraît-il. Il a fallu 18 ans d'instruction pour arriver à ce résultat. Le Parquet a fait appel, au pénal, pour trois des personnes susceptibles d'être mises en cause.
Les raisons invoquées par les lycéens de la FIDL sont purement imaginaires, même si elles traduisent un réel malaise qu'il serait injuste de ne pas prendre en compte. J'y reviendrai demain.

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