dimanche 11 janvier 2009

Poèmes chinois

Voici deux poèmes de I MEN, poète chinois mort en 1967. Ils ont été magnifiquement traduits par François CHENG.
Comment, en lisant le premier, ne pas penser à ces familles de GAZA, prises entre la folie de leurs leaders et la violence aveugle de leurs adversaires ? C'est à elles que je dédie ce magnifique et triste poème et à toutes les familles dont les enfants sont morts sous le coup des bombes et des balles.
Je vois beaucoup d'hommes
Silencieusement pleurer
Dans la nuit
Beaucoup de femmes
Pleines de douceur soudain
Gagnée par la folie
Le matin près d'immondes
Ordures, je chasse
Le chien affamé et ramasse
Un nouveau-né
Ils entrent en moi
Et vivent dans ma pensée.
Et puis cet autre absolument étonnant dans la bouche d'un Chinois :
Au milieu des Douze, Judas
Était là, on le savait.
Trahison.
Mais la potence ne saurait éteindre la flamme,
Comme la mer ne saurait avaler l'unique perle.
[...]
Le Fils de l'Homme
N'est pas à vendre.
Seule a été vendue
L'âme vile de Judas lui-même.
Au milieu des Douze, se tient
Judas tapi
Dans l'ombre de la robe du Créateur
Dans le souffle du combat du Fils de l'Homme
Dans l'attente vile de son vil destin.
In
François CHENG.
La source et le nuage. La poésie chinoise réinventée.
Albin Michel, Paris, 1990.
Il me semble que ces poèmes se passent de commentaires. Le premier parce qu'il exprime l'universelle douleur des parents qui ont perdu un enfant, le second parce qu'il souligne la noirceur de toute trahison, le tout en une concision absolument inégalable. Et puis ils montrent que l'Europe et l'Occident n'a pas le monopole de la création artistique, et que d'autres cultures la rejoignent dans son aspiration à l'universel.

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