Les patrons des grandes banques seraient-ils durs d'oreille ? Il a fallu l'intervention musclée du Président SARKOZY pour que certains d'entre eux renoncent à leur fameux bonus, vous savez cette part de leur traitement pudiquement dite "variable".
Quelques uns avaient spontanément renoncé à ce modique supplément de revenus. Monsieur Baudouin PROT par exemple, le Directeur Général de BNP PARIBAS. Il avait à ce titre touché 2,27 millions d'euros en 2007, pour un traitement fixe de plus de 3 millions d'euros annuels. Le sacrifice de 2008 peut paraître énorme, mais enfin il reste à ce grand patron de quoi acheter du pain tous les jours.
Le comble de l'impudence a été atteint par monsieur BOUTON, le patron de la Société Générale, à qui il a fallu mettre le couteau sous la gorge pour qu'il renonce à un scandaleux bonus. C'est le moins qu'il ait pu faire. Voilà un monsieur qui a dirigé une banque alourdie d'un trou de 5 milliards d'euros par la faute prétendue isolée et indétectable du seul monsieur KERVIEL, qui, en dépit de ses insuffisances de contrôle, aurait accepté sans protester l'aide de l'Etat, et en aurait profité pour se servir encore davantage. Mais où va-t-on ? Par quelle aberration mentale, par quel déficit de morale et de raisonnement, un homme de cette responsabilité peut-il en arriver là, alors que des dizaines de milliers de ses employés attendent avec impatience de très hypothétiques augmentations ? Il ne faut pas s'étonner de voir la réaction des salariés du bas de l'échelle. Je la comprends. Monsieur BOUTON devait non seulement renoncer à son bonus, mais amputer de moitié son traitement, à défaut de démissionner de son poste après "l'affaire KERVIEL". J'ai déjà dit ici, et j'y reviendrai avec Gustave THIBON, mon horreur de l'idéologie égalitariste, mais mon amour pour la responsabilité, corollaire de la liberté. On ne peut pas vouloir le risque et l'inconnu pour les autres, et garder pour soi le confort d'un futur doré. Tant que les grands patrons ne comprendront pas cela, et certains hauts fonctionnaires avec, il y a peu de chance que les soi-disantes élites soient entendues et respectées.
Ils n'entendent pas la clameur des gens qui vivent chichement ; ils ne partagent pas avec eux les difficultés du moment ; ils sont durs d'oreille, et il me semble bien qu'ils pourraient être aussi durs de coeur. C'est bien là le pire.
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