jeudi 8 janvier 2009

Deutéronome et droit des étrangers

Dans un de mes précédents billets, je faisais allusion au droit des étrangers tel que l'a énoncé Moïse et qui figure dans le Deutéronome au chapitre 24, verset 17 : Tu ne porteras pas atteinte au droit de l'étranger, et tu ne prendras pas en gage le vêtement de la veuve. Souviens-toi que tu as été en servitude au pays d'Egypte et que Yahvé ton Dieu t'en a racheté. Aussi je te prescris de mettre ce précepte en pratique.
Il serait vain de cacher que le Deutéronome fourmille de passages cruels et vengeurs, y compris contre les ennemis. Mais il s'agit des ennemis extérieurs. Dans ce passage, le texte fait allusion aux étrangers vivant sur le sol donné par Yahvé à Israël. L'honnêteté intellectuelle exige de reconnaître qu'Israël revendique comme son sol la CISJORDANIE, et, moins nettement sans doute, mais implicitement GAZA. Ainsi, il doit considérer que les gazaouites et les palestiniens de CISJORDANIE sont des étrangers vivant sur son sol et les traiter comme le prescrit la Loi, en leur faisant justice et en reconnaissant leur droit. Le plus élémentaire de ces droits, est le droit de vivre sur le sol natal, de posséder sa terre et sa maison, de se mouvoir. Il est impossible de tourner autour du pot.
Je ne connais pas les sourates du Coran qui parleraient des étrangers. Mais j'ai trouvé dans un très beau livre d'Henri CORBIN consacré au grand mystique soufi IBN'ARABI un petit paragraphe qui dit bien ce qu'il veut dire. Très pieux et très mystique, IBN'ARABI fit appelé par certains de ses adversaires "Celui qui tue la religion". Il est enterré près de DAMAS et sa tombe fait l'objet d'un pèlerinage très fréquenté. Voilà le texte de CORBIN : Ce que garantit le paradoxe de cette tombe, c'est la présence du témoignage irrécusable, perpétuant au-delà d'elle-même ce qui, au coeur même de la religion de la lettre et de la loi, SURMONTE ET TRANSGRESSE prophétiquement l'une et l'autre. A la mémoire du pèlerin pensif (CORBIN a visité cette tombe), revint une autre image paradoxale : le tombeau de SWEDENBORG en la cathédrale d'UPPSALA - dyptique mental attestant l'existence d'une Ecclesia spiritualis qui réunit tous les siens dans la force et le triomphe d'un même paradoxe.
INB'ARABI aimait Dieu de tout son coeur et il en a célébré magnifiquement le service et l'amour. Il ne voyait que cela.
Preuve que des hommes de bonne volonté peuvent par delà les siècles (IBN'ARABI est mort le 16 novembre 1240) attirer par leur oeuvre, leur vie et leur pensée de nombreux hommes de bonne volonté.
Saura-t-on entendre la voie de MOÏSE et celle plus récente d'IBN'ARABI ? Surmonter et transgresser les interdits légalistes pour faire jaillir la paix ? Cesser de faire couler le sang des innocents pour faire de la Palestine ce à quoi elle est vouée depuis des millénaires : un pays où coulent vraiment le lait et le miel

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