Tout le monde connaît le jeu fascinant qui consiste à aligner, posés sur la petite tranche, un grand nombre de dominos et à provoquer l'écroulement de toute une longue file en faisant tomber le premier de la série sur le second dont la chute se répercute sur le troisième et ainsi du reste.
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Les événements de TUNISIE sont d'une extrême gravité. On feint de découvrir que monsieur BEN ALI, ancien membre de l'internationale socialiste, longtemps classé à gauche, n'était qu'un affreux dictateur. C'est vrai, sans aucun doute ; sa famille a vécu sur le dos du pays ; les siens ont accumulé des fortunes considérables au prix d'une corruption inimaginable. Tout cela est avéré. Il n'empêche. Qui, de nos hommes politiques, nous a déconseillé de passer des vacances dans l'un des luxueux hôtels de DJERBA ? Qui nous nous a mis en garde contre ce régime despotique ? Pas grand monde, pas même monsieur BARTOLONE, membre éminent du PS, né au pays des Carthaginois, ni feu Philippe SEGUIN, lui aussi natif de ce pays.
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Tout de même, il convient de rappeler que le taux de scolarisation en TUNISIE est l'un des plus élevé d'Afrique du Nord, que l'Université de MONASTIR recrute ses professeurs selon le mode en vigueur dans notre pays et que son enseignement y est très honorable, que l'un des spécialistes mondiaux des maladies neuromusculaires et musculaires héréditaires travaille en TUNISIE. J'ai accueilli dans notre laboratoire une étudiante tunisienne très bien formée, et nous avons publié, avec son patron tunisien, des résultats fort intéressants sur la culture de certains virus, réputés incultivables, dans des cellules musculaires embryonnaires. La TUNISIE est tout sauf un pays arriéré. Et c'est sans doute cette excellente scolarisation jointe à un sous-emploi chronique des jeunes diplômés qui a été l'un des moteurs d'une juste révolte.
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Personne ne semble avoir relevé que le leader des islamistes tunisiens, Rached GHANNOUCHI, fut longtemps en exil à LONDRES (ville où la propagande islamiste est une des plus virulentes au monde), que ce leader a vécu dans une ambiance de haine contre les infidèles, sans doute au contact de la diaspora pakistanaise, afghane, proche-orientale extrémiste, et qu'il projette de rentrer dans son pays, même si son parti (le parti Ennahdha) reste interdit et que lui-même n'a pas intégré le gouvernement. Compte tenu des tensions apparues après la constitution d'un gouvernement d'Union Nationale qui ne semble pas avoir l'assentiment du peuple tunisien, compte tenu des moyens que le mouvement wahabbite saoudien tient à sa disposition pour répandre la plus sectaire des idéologies prétendues musulmanes, il y a fort à parier qu'un mouvement de réaction religieuse va se développer là-bas, d'autant plus facilement que se déverseront sur le pays les flots d'argent venus d'Arabie saoudite.
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C'est alors qu'il faut craindre la contagion de l'islamisme en Algérie. Il ne faut pas oublier que la rébellion islamiste et son cortège d'horreurs et d'assassinats ont fait son apparition après la suspension d'un processus électoral démocratique qui avait fait du parti islamiste le parti majoritaire. Les responsables politiques et militaires sont corrompus, et l'on a du mal à comprendre comment le premier exportateur de gaz naturel du monde voit son peuple réduit au chômage, sa jeunesse privée d'espoir, et la misère se répandre comme une lèpre.
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Si cela devait arriver, il faut craindre qu'à son tour le Maroc ne soit entraîné dans la tourmente pour des raisons analogues : concussion, corruption, inégalités sociales intolérables, confiscation des richesses nationales par un petit nombre de grossiums.
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Craignons alors pour notre pays ; nous avons colonisé l'Afrique du Nord et la présence de la France, quoi qu'en dise les nombreux imbéciles qui regardent dans leur cerveau plutôt que dans la réalité, est regrettée. Oh, certes, il n'entre pas que de la nostalgie dans ce regret. Mais les jours ordinaires étaient meilleurs et nous risquons de voir affluer des milliers d'exilés qui ne voudront pas supporter la tutelle des imams et des fanatiques et se souviendront que notre patrie ne fut pas qu'oppressive.
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3 commentaires:
Entre 2 maux,l'ex Président BEN ALI ou les barbus, ils choisiront BEN ALI, de toute façon la France de gauche sera demain encore leur repli. Chaque pays à les dirigents qu'elle mérite. Cependant Vous avez bien raison cher Philippe Poindron dans votre analyse.
Il existe aussi une approche optimiste qui conduit à penser que la mécanique des dominos puisse être vertueuse. La Tunisie espérons-le, est peut-être suffisamment éclairée pour faire le choix d'une vraie démocratie. Dans ce cas, c'est une contagion très désirable qui pourrait s'enclencher autour, et pas nécessairement dans la violence.
Si sur la péninsule arabique la greffe de la Liberté finit par prendre en Irak et si les émirats continuent à se moderniser comme ils le font, c'est toute cette partie du monde qui pourrait être transfigurée ! Mais je rêve hélas...
Chaque jour qui passe apporte la confirmation que cette « révolution démocratique» des Tunisiens les rapproche des Islamistes avec l’aide des gogos du syndicat majoritaire ouvrier clone de notre CGT. Le départ précipité de Ben Ali est la conséquence de l’intervention d’Obama, il aurait demandé au chef de l’armée de ne pas obéir à Ben Ali. Sans ce soutien, le Président ne pouvait que prendre très vite ses valises. La gauche qui a pris, comme à son habitude, le train en marche, a,une fois de plus, montré son raisonnement stupide sur cette affaire. Elle qui avait accueilli dans son organisation socialiste, le camarade socialiste Ben Ali, elle qui avait des rapports privilégiés avec le syndicat ouvrier tunisien, de même par son « machin » des droits de l’homme, découvre, comme le monde entier, cette révolte, et elle l’exploite sans vergogne. Comme les autres, ils ne savaient rien ! Malgré l’incontournable, le fatigant spécialiste du Maghreb et membre du parti socialiste PASCAL BONIFACE invité depuis des mois sur toutes les radios de France et particulièrement invité dans l’émission socialiste « C DANS L’AIR » animée par le camarade Yves Calvi. Personne ne sait si cette affaire tunisienne se communiquera par son ampleur à d’autres pays musulmans. Le monde musulman ne doit, en aucun cas, être comparé a nos démocraties occidentales. Apporter « notre démocratie » au Moyen Orient ou en Afrique est un doux euphémisme. Echec terrible au Zimbabwe et en Iran, en Palestine, en Somalie, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, en Irak, en Algérie, à Cuba et, un jour prochain, en Afrique du Sud. Car, là aussi, il y a un dictateur. Je ne doute pas que, demain, la gauche avec son complice l'UMP vous demandera d’accueillir encore plus de « refugiés politiques » de TUNISIE quand « la révolution » aura fait son œuvre de misère. La France, coupable et repentante, sera une fois de plus une bonne ambulance... haïe des Maghrébins.
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