Les chrétiens du monde entier célèbrent aujourd'hui la Cène du Seigneur, cette soirée terrible au cours de laquelle "le beaume du dernier amour fut versé à l'amertume de la dernière heure" (Boris PASTERNAK). Je prie ceux de mes lecteurs qui ont déjà lu le poème que voici d'excuser cette redite. Elle me paraît indispensable en ces moments où tant de doutes et de désespoirs pourraient assaillir les disciples :
Dehors il
faisait nuit. Du sol montait la brume
Et les pas
de Judas résonnaient dans le noir.
L’homme
aux trente deniers, le cœur plein d’amertume
Allait
vers son destin, sans regret ni espoir.
J’étais
contre ton cœur, ô soleil de justice,
Amour,
lumière et vie, ô toi mon seul chemin.
La ténèbre
tombait sur cette heure propice.
Tout était
accompli sur le pain et le vin.
J’étais
épouvanté. Se pouvait-il encor
Qu’à la
bouchée reçue, il ne fut pas saisi,
Qu’à ses
pieds purifiés, à ce regard si fort
Il trouve
le ressort de te prendre la vie ?
Tu l’as
voulu ainsi pour glorifier ton Père,
Car tu
m’as dit tout bas : « Ma vie nul ne la prend,
Je rentre
librement dans cette mort amère ».
Nul ne
peut aller où maintenant je me rends.
Au mont
des Oliviers, moi aussi j’ai dormi.
Je n’ai
pas vu le sang couler de ton visage.
J’étais
trop fatigué, assommé à demi
Mais au
pied de ta croix, j’ai retrouvé courage.
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