jeudi 4 décembre 2014

04 décembre 2014. Nouvelles de la Résistance : pourquoi accepter la servitude ?

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Ce n'est pas parce que je me suis absenté quelques jours que j'ai oublié notre devise :

Non, non et non : ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c'est la lâcheté.
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1. Les citations du jour.
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(a) "Tel est bien, en effet, le trait sans doute le plus paradoxal de notre époque. D’autres époques ont connu la servitude, mais la nôtre est la première qu’on ait vue marcher à la servitude sous le drapeau de la liberté. Peut-être vaut-il la peine de se demander le pourquoi de ce curieux privilège." 

(b) "L’homme n’a jamais fait exactement ce qu’il voulait, sa structure et sa condition s’accordent pour le lui interdire, mais je ne crois pas qu’aucune époque ait jamais connu, entre les intentions et les réalisations, un écart aussi vaste et aussi général que le nôtre ; une époque, pourrait-on dire en exagérant à peine, qui se place d’elle-même sous le signe du mot de Guillaume II : « je n’ai pas voulu cela » ; une époque où personne n’a ni les moyens de ses fins, ni les fins de ses moyens. La marche à la servitude sous le couvert de la liberté n’est qu’un cas de cette loi, particulièrement digne d’intérêt il est vrai, puisqu’il y va pour chacun de nous, soit de sa vie, soit de ses raisons de vivre. Voici donc qu’une question nous prend à la gorge. Y a-t-il quelque chose à espérer ? Y a-t-il quelque chose à entreprendre ?
In
René GILLOUIN.
L’homme moderne bourreau de lui-même.
Le portulan, [sans mention de lieu, Paris probablement]°, 1951.

(c) "Mais en vérité est-ce bien la peine de discuter pour savoir si la liberté est naturelle, puisque nul être, sans qu'il ne ressente un tort grave, ne peut être retenu en servitude et que rien au monde n'est plus contraire à la nature (pleine de raison) que l'injustice. Que dire encore ? Que la liberté est naturelle, et, qu'à mon avis, non seulement nous naissons avec notre liberté, mais aussi avec la volonté de la défendre."
Etienne de la BOETIE.
Discours de la servitude volontaire (référence déjà  donnée de multiples fois dans mes billets, et pour cause !)
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2. Commentaires.
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(a) Est-il exact que sous couvert de marcher vers la liberté nous courrions droit à la servitude ? Est-il conforme à notre liberté que l'Etat nous impose des normes de plus en plus contraignantes pour ce qui concerne la gestion de nos vies ? "Je veux vous protéger", dit-il, d'une voix anonyme et sépulcrale (anonyme, en effet, car l'Etat n'est que la somme des administrations et des institutions irresponsables qui nous imposent ou qui nous interdisent de faire ; et sépulcrale, car chacune de ses décisions sort du tombeau de nos libertés). L'usage des vélos, des motos, des voitures, l'organisation de nos appartements ou de nos maisons, les dispositifs de sécurité des piscines privées (pour ceux qui en ont, ce qui n'est pas mon cas, rassurez-vous), les exigences qui pèsent (avec la loi dite ALUR) sur les bailleurs (le plomb, les termites, l'amiante, le risque sismique, etc.) ne sont que des manières de créer des entreprises très souvent inutiles, en tout cas improductives de biens et de services réels, et donc de créer des taxes dont nous ne pouvons nous exonérer que dans dans la mesure où nous renonçons aux biens ainsi frappés : passe encore pour les casques de motos, ou les triangles de signalisation ou les gilets fluorescents ; mais qu'un propriétaire d'un immeuble urbain ne puisse louer un appartement que s'il y a du gaz de ville et non une alimentation par bonbonne, est ahurissant ! Ceci revient à obliger les locataires à utiliser de l'électricité et du fuel pour se chauffer ou faire sa cuisine. Bref, de plus en plus, les tentacules étatiques nous étouffent de sorte qu'il ne nous reste plus que la liberté de penser (et non de pensée ; je fais référence ici à l'activité réflexive).

(b) Un des exemples les plus frappants de la réduction en servitude des citoyens est l'ouverture du compte pénibilité. La très aristocratique Marisol TOURAINE estime que c'est une grande avancée sociale. Mais si l'on veut faire un relevé exact des moments de pénibilité (temps passé penché à plus de 45°, au-dessus de 25 °C, en dessous de 10 °C, etc.), il faut soit installer des systèmes de vidéosurveillance et de mesures de données physiques, soit engager un préposé chargé de relever les moments pénibles de la vie des salariés, de tous les salariés et de chacun des salariés et obliger le "patron"  (nom de dérision utilisé pour désigner les employeurs et les recouvrir du soupçon d'exploiteur) à tenir un registre pour chacun des dits salariés, ce qui est une obligation ubuesque. Et ce n'est pas de la servitude ça ? Comme si un employeur n'était pas en mesure de déterminer avec ses employés les mesures utiles pour atténuer ou supprimer certaines conditions de travail pénibles. En vérité, il s'agit d'une mesure qui s'inspire des données marxistes les plus ringardes de la Lutte des Classes. Voilà ce qu'il faut faire, voilà ce qu'il faut espérer !

(c) Si nous aimions la liberté aussi naturellement que la nature nous en a inspiré la passion, nous désobéirions à ces imbéciles, et refuserions de mettre en oeuvre leurs mesures inapplicables. Et si l'ensemble des patrons et des syndicats réagissaient contre ces obligations, je ne vois pas bien comment madame la très noble Marisol TOURAINE pourrait faire pour les y obliger.
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Je renonce à la section Informations diverses, car je suis en retard pour publier ce billet

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