jeudi 10 avril 2008

Braves, mais pas téméraires !

Les enseignants ont fait grève le 24 janvier dernier. Ce fut aux dires des syndicats un immense succès, au dire du ministre un mouvement assez suivi, aux dires des grévistes eux-mêmes, un mouvement anémique. Expliquons-nous
Tout d'abord quelques faits.
Le 24 janvier est un jour de grève dans la fonction publique. Nombre d'enseignants semblent concernés. Le soir, Xavier DARCOS, invité du Journal télévisé de 20h sur France 2, est confronté au traditionnel écart dans les évaluations : le gouvernement annonce 34% de grévistes dans l’éducation, dont 38.5% dans le primaire, et 35% dans le secondaire. Les responsables syndicaux, jubilants, annoncent eux un pourcentage de 53% dans le primaire et de 55% dans le secondaire.
Monsieur DARCOS prend alors l'engagement de donner "à l’unité près" le nombre de professeurs grévistes. La chose est simple à faire : il s'agit de dénombrer ceux des enseignants à qui l'on retirera un jour de salaire en raison de leur déclaration (obligatoire) de statut de gréviste. Après deux mois de calculs et cogitations diverses, le chiffre tombe.
Dans le primaire, les syndicats annonçaient 53% de grévistes, le ministère donnait un pourcentage de 38.5 %. Le chiffre réel est de 28% (deux fois moins que le pourcentage annoncé par les syndicats).
Dans les collèges et les lycées, le pourcentage syndical est de 55%, le pourcentage ministériel est de 35 %, le pourcentage réel est de 21% (plus de deux fois moins que le chiffre des syndicats).

Ces chiffres « réels » ont été obtenus de façon simplissime. Sont dénombrés comme grévistes les enseignants, qui, en tant que grévistes effectifs, doivent le déclarer à leur employeur. Celui-ci retire ensuite un jour de salaire. Le chiffre réel correspond donc à celui des enseignants auxquels un jour de traitement a été supprimé pour cause de grève. Cette économie salariale se monte à 13.487.080 euros qui serviront à financer le service minimum d’accueil que l’Éducation nationale s’est engagée à reverser aux communes qui le souhaitaient.
On suppose que les professeurs sont honnêtes et qu’ils effectuent leurs déclarations en bonne et due forme quand ils veulent être comptés comme grévistes (ne pas le faire est une contravention au droit du travail). On suppose aussi que les chefs d’établissements et l’administration ont fait leur travail avec rigueur et ont transmis les chiffres réels, tous les chiffres réels, à leur hiérarchie. La seule explication d'un pourcentage de grévistes effectifs supérieur, c’est un comportement malhonnête, tel l'absence de déclaration de son statut de grévistes, ou une sous-évaluation de ses jours de grèves déclarés.
A mon avis, les grévistes effectifs étaient plus nombreux que les grévistes réels, et moins nombreux que les grévistes "syndicaux". Que voulez-vous, en ces temps ou l'on crie pour avoir plus de pouvoir d'achat, on est brave mais pas téméraire.
Je dois à un article d'Emmanuel DAVIDENKOFF (site de France Info) ces précisions. Il ne m'en voudra pas je l'espère de m'être servi de ses données et, en partie, de son argumentation.
PS : je reviendrai demain sur le TIBET. Si je parle aujourd'hui de grève des enseignants, c'est qu'il y a un mouvement de ce type qui en traverse le corps en ce moment.

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