jeudi 3 avril 2008

Esprit faux, et comment ils fonctionnent

L'inénarrable Noël MAMMERE est le prototype de l'homme qui parle bien et pense faux. Je l'ai entendu au journal télévisé critiquer l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan au motif, tenez-vous bien les côtes, que c'est un alignement sur les Etats-Unis et une entorse à la doctrine définie par le Général de GAULLE il y a... 50 ans, qui refusait le commandement intégré de l'armée française à l'OTAN. Plusieurs remarques. Monsieur MAMMERE, s'il avait été un homme politique responsable se serait posé quelques questions factuelles. Les Talibans représentent-ils un danger pour notre pays ? L'audition des vidéos de monsieur BEN LADEN devrait à cet égard lui ouvrir les yeux. Les Talibans représentent-ils un danger pour le peuple afghan ? Le visionnement de certaines scènes filmés par ces fanatiques devrait améliorer sans aucun doute la perception que monsieur MAMMERE a de la situation ; il pourrait en autre réfléchir à ceci que j'ai vu de mes yeux au journal télévisé il y a quelques années : dans ce qui ressemble à un terrain de sport, une foule muette et pétrifiée regarde cette femme à genoux, ensevelie dans une grande burka bleue, et entourée de quelques barbus, dont l'un braque une arme de point sur la nuque de la condamnée. On ne voit pas ses yeux, ils sont cachés derrière cette sorte de grille qui permet aux femmes de voir (!) sans être vue. Dans quelques instants, le barbu appuiera sur la détente et sa victime s'affaissera sur le sol qu'elle ensanglantera. Une parmi des milliers.
Monsieur MAMMERE, s'il avait eu le début du commencement de l'ombre d'un soupçon de culture se serait demandé si notre pays a des intérêts à défendre en Afghanistan, et il se serait rappelé que la France exerce une influence considérable sur les intellectuels afghans, depuis qu'un des monarques afghans lui avait concédé l'exclusivité des recherches archéologiques dans son pays. (Joseph HACKIN a été un merveilleux découvreur de vestiges archéologiques, par exemple.) Il aurait compris que nous ne cherchons pas quelques avantages matériels, mais le rayonnement de notre culture, bien mise à mal par le rouleau compresseur linguistique, financier, technologique et politique des Etats-Unis.
Mais monsieur MAMMERE regarde dans son cerveau LA DOCTRINE, LES IDEES et le SYSTEME ; le réel n'a qu'à s'y plier, et s'il ne fait pas, le cerveau de monsieur MAMMERE est là pour lui murmurer, il a tort, ce réel, c'est pas bien.
Je n'aime pas la violence ; je hais la guerre ; mais dans la situation actuelle, la moins mauvaise des solutions est bien de combattre ces fous, et si l'on peut prévoir que la lutte sera longue, on doit reconnaître aujourd'hui que la présence de troupes étrangères en Afghanistan a permis des résultats remarquables : 80 % des petits afghans sont scolarisés ; la population a accès aux soins, notamment les femmes, et l'on peut se déplacer sans trop de dangers dans de nombreuses régions. On ne meurt plus de faim. Certes, il n'est pas certain que nous ayons à imposer notre modèle de démocratie élective à ce peuple, très bigarré ethniquement et linguistiquement, et qui fonctionne sur un autre mode que le nôtre, depuis des siècles. Du moins peut-on l'aider à trouver la paix et la concorde civile. Je suggère que monsieur MAMMERE soit envoyé comme délégué ministériel d'ouverture au Musée GUIMET ; il pourra y voir combien la France a été utile à la connaissance de l'Afghanistan par les Afghans eux-mêmes, et portera ainsi un jugement sain et factuellement fondé sur la question en débat.

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