Deux collégiens des Yvelines, âgés respectivement de 11 et 12 ans, ont été mis en examen pour avoir violé la soeur de l'un d'eux, âgée, elle, de 10 ans. Ils ont en outre filmé la scène sur leur portable et ont fait circuler la vidéo dans leur collège. Il convient aussi de préciser qu'ils sont de familles relativement aisées, qu'ils comptaient regarder un film pornographique en profitant de l'absence des parents. Ils ont du reste reproduit des scènes qu'ils venaient de voir dans ce film ou un film de ce type.
Une source judiciaire estime "qu'il est évident que nous ne faisons pas face à des pervers : il s’agit d’un dérapage de gamins, d’un problème d’éducation dans un milieu pourtant aisé".
Ces informations en disent long sur l'état de notre civilisation. Que des parents achètent, regardent et laissent traîner des films pornographiques est l'indice d'un effroyable aveuglement de leur part. Mal être dans leur sexualité, certes, inconscience de l'esclavage dans lequel ils sont réduits en soutenant cette si belle fonction humaine par ces monstrueuses béquilles virtuelles, encore bien davantage. Que des préadolescents, qui ont largement dépassé l'âge de raison, en viennent à commettre ces actes de barbarie (les communiqués ne donnent pas de détails sur ce point ; ils ont raison. Ils parlent des "bourreaux" et de leur petite victime) indique qu'ils n'ont reçu aucune formation morale, pas la moindre idée de ce qui la fonde et qui peut se résumer, indépendamment de toute connotation religieuse, à l'obligation de ne point faire à autrui ce que l'on ne voudrait pas qu'il nous fasse. Bien plus horrible encore, le frère de la fillette a participé à ce forfait. Et enfin, qu'un juge classe dans "les dérapages de gamins" de tels crimes, montre à l'évidence la démission de ceux qui sont chargés de faire appliquer la loi dans une perspective de prévention et de pédagogie. Une telle opinion est un jugement a priori : on ne punit pas des "dérapages de gamins", n'est-ce pas ? On peut prévoir qu'il y aura de l'indulgence dans l'air. Pourquoi se gêneraient-ils ces "gamins". Ils ont dérapé. Bien entendu, il ne faut jamais enfermer un être humain dans un acte ou dans une parole. Mais il n'est quand même pas question de lui ôter sa dignité en le dépouillant de la responsabilité de ses actes.
Comment porter remède à une telle décadence ? Il n'y a pas beaucoup de solutions politiques. Il faudrait déjà reconsidérer tout le système économique fou dans lequel nous vivons, qui fait argent de tout, et exploite sans pudeur, sans vergogne, sans regrets, sans honte, ce qu'il y a d'animal en l'homme, condamner fermement les producteurs de films pornographiques, exercer dans ce domaine un strict contrôle d'internet. Car la liberté invoquée par les belles âmes pour ne point là sévir n'est qu'un prétexte pour faire de l'argent, étendre sa puissance, et se déculpabiliser de ses propres turpitudes. Ce n'est pas les turpitudes qui sont honteuses ; ce qui est honteux c'est de ne les point reconnaître, et même de les canoniser.
Ce que nous n'aurions pas accepté il y a quarante ans, nous n'y réagissons même plus. La grenouille, décidément, est cuite. Ceux qui scandalisent les petits, il vaudrait mieux pour eux qu'ils ne fussent jamais nés ! Voilà pourquoi je pense que nous sommes rentrés dans des temps apocalyptiques. Nul ne peut prévoir combien dureront ces temps. Ce qui est certain, c'est que nous y sommes. J'y reviendrai.
1 commentaire:
Je partage votre indignation et votre révolte. Quoi de plus triste ? Le fait divers lui-même ? Son analyse par un juge irresponsable ? La propagation desdites information et analyse par certains médias dont la façon peu objective de présenter l’information contribue très fortement à un lavage de cerveau collectif ? Les trois. Car les trois sont malheureusement liés, comme vous le laissez si bien entendre avec cette habile métaphore de la grenouille cuite. Vous n’êtes pas seul : nous devrions vous le dire, re-dire et répéter plus souvent. Le bon sens doit vivre.
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