Un livre difficile, certes, mais dont je vous recommande tout à fait la lecture : Le désenchantement du monde de Marcel GAUCHET. J'aurai certainement l'occasion d'y revenir. Mais j'aimerais vous citer le deuxième paragraphe de la première partie Les métamorphoses du divin. Origine, sens et devenir du religieux, en son chapitre premier Historicité du religieux.
Voici donc ce texte :
[Il est] assez communément admis, en effet, qu'il est une permanence, une constance, si ce n'est une invariance du religieux dans l'histoire qui obligent à le rapporter aux conditions mêmes d'existence d'une société humaine, comment ensuite que l'on conçoive son rôle dans [la] structuration primordiale du champ collectif.
Marcel GAUCHET soulève ici une question essentielle, celle du rapport entre le fait social et le fait religieux. La laïcité à la française et ses glorieux soutiens ont évacué un peu rapidement la question. Elle mériterait d'être examinée avec impartialité. Est-il possible de faire société en se débarassant du sacré ? Je vous dirais dans quelques billets la réponse que donne l'auteur, réponse toute prudente, mais admirablement étayée, à cette lancinante question.
On pourrait se demander, en particulier, si les dérives et les folies que nous voyons se développer dans le monde glauque de la finance, dérives et folies qui signent, selon moi, la mort de la conscience sociale dans l'esprit des auteurs et promoteurs de désastre, ne sont pas imputables à cette évacuation du sacré. Marcel GAUCHET va plus loin, qui parle de la correspondance entre la société telle qu'elle est pensée par les philosophes politiques et les valeurs incarnées dans le christianisme. S'agit-il d'une imprégnation ? S'agit-il d'une coïncidence ? Et si c'est las cas, c'est encore plus intéressant qu'une imprégnation; car il y a congruence entre la morale [en tant que science du discernement conscient de ce qui est bien et mal] et le bien de la société
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