Les remarques (cf billet d'avant hier) d'un de mes lecteurs attentifs sont suffisamment importantes pour que je reprenne ici et développe la réponse amicale que je lui ai faite. Elle peut se résumer en quelques points. (En substance, il ne comprend pas que je puisse défendre la Marseillaise et critiquer violemment la Révolution et il voit là une très forte contradiction dans mon propos.)
(a) Né français, aimant ma patrie, je suis solidaire de son passé et de son histoire. Il ne servirait à rien, du reste, de le nier. L'environnement culturel, politique, social a été évidemment modelé par les événements de Révolution, que cela me plaise ou non. Et il m'a influencé.
(b) Plus que la Révolution, je critique la relation que l'on en fait à l'école. Il est tout à fait extravagant de dire qu'elle fut l'avènement de la liberté, alors qu'elle voulut imposer un mode de pensée unique, persécuta et tua ceux qui s'opposaient à certaines de ses décisions, se rendit coupable d'épouvantables massacres, fit périr à la guerre nombre de jeunes français, et finalement laissa la France plus petite qu'elle ne l'avait trouvée. La Révolution fut un régime totalitaire et dans la théorie et dans la pratique. Tout ne fut pas mauvais, certes. Encore faudrait-il que dans l'enseignement, on puisse calmement trier le bon grain de l'ivraie. Courageusement, les Allemands ont su regarder leur passé en face. Il y ont gagné une dignité que je leur envie. Je les connais assez bien pour avoir vécu à Strasbourg pendant plus de 30 ans et fréquenté nombre de collègues de Fribourg en Brisgau. Une certaine rigidité dans la négociation peut nous surprendre, et elle m'a surpris quelquefois, au point que j'eus des doutes sur le changement profond des mentalités. Ma crainte a été levée par la gentillesse de mes collègues allemands, et l'accueil qu'ils m'ont réservé à plusieurs reprises.
(c) Les paroles de La Marseillaise qui fut sifflée par les jeunes au stade de France sont tout simplement abominables. "Abreuver nos sillons d'un sang impur" ne me semble pas être une activité digne d'un peuple civilisé. Mais ce ne sont pas paroles qui ont été conspuées par les jeunes, c'est le symbole que représente notre hymne national, symbole de notre patrie. Souvent l'atteinte symbolique est portée au drapeau : on brûle le drapeau américain ici, israélien là, français ailleurs, on le piétine. Que veut signifier le foule quand elle se livre à ces excès, si ce n'est sa haine du pays représenté par le drapeau, un simple bout de tissu. En d'autres termes, que notre hymne national eût été "La danse des canards" ou le "Te deum" de Charpentier, j'aurais eu la même réaction.
Je doute que si des supporters français sifflaient à Alger, à Tunis ou à Rabat les hymnes nationaux respectifs de l'Algérie, de la Tunisie ou du Maroc, ils pourraient longtemps le faire sans être inquiétés par la police de ces pays et par la foule des nationaux. Ce qui me paraîtrait tout à fait normal et justifié.
1 commentaire:
Oui, le comportement de ces jeunes est inadmissible. A force de se considérer victimes de persécution, de non- reconnaissance, de discrimination, de ceci, de cela, ils ont malheureusement fini par oublier qu’ils n’ont pas seulement des droits, mais également des devoirs. Et là, je crains que le sujet ne fâche … Et nos victimes de se transformer en bourreaux, et de faire subir à autrui des outrages un million de fois plus importants que ceux qu’ils prétendent dénoncer. Car ce genre de comportement est pris en modèle par les plus jeunes, et sème une haine redoutable pour l’avenir de notre société. Si le malheur s’arrêtait là ... Mais il est de bon ton de trouver encore et toujours plus d’excuses à la délinquance, de justifier l’irrationnel et banaliser la violence. Oui, les media et un certain type de culture ont leur responsabilité, ainsi que certains de vos billets l’ont encore récemment souligné. Il est très probable que la plupart des lecteurs auront compris que vos propos condamnaient ces comportements, et ne visaient pas à exalter le contenu de la Marseillaise. Cela semblait pour le moins évident. Pourquoi de plus en plus de propos tout à fait modérés -tels que les vôtres- sont-ils montrés du doigt comme s’ils étaient extrémistes ? Il y a là une dérive dangereuse qui rappelle en effet un certain totalitarisme, comme vous avez en effet le courage de le dénoncer.
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