Dans des billets déjà anciens, j'ai eu l'occasion de vous parler de ce livre écrit par BERNANOS lors de son exil au Brésil. Je veux parler de ce texte de feu et de lave, de tonnerre et de visions apocalyptiques : La France contre les robots. Notre homme avait vu, longtemps à l'avance, où nous menait cette civilisation mécanique et matérialiste. J'en extrais pour vous ce passage ; au moment où nous voyons les effets de la cupidité humaine et de la finance en folie sur l'économie mondiale, il nous remet les idées bien en place :
Le jour où la surproduction menacera d'étouffer la spéculation sous le poids sans cesse accru des marchandises invendables, vos machines à fabriquer deviendront des machines à tuer, voilà ce qu'il est très facile de prévoir. Vous me direz peut-être qu'un certain nombre d'expériences malheureuses finira par convaincre les spéculateurs au point de les rendre philanthropes. Hélas ! Il est pourtant d'expérience universelle qu'aucune perte n'a jamais guéri un vrai joueur de son vice ; le joueur vit plus de ses déceptions que de ses gains. Ne répondez pas que les gros spéculateurs seront tôt ou tard mis à la raison par la foule des petites gens. L'esprit de spéculation gagnera toutes les classes. Ce n'est pas la spéculation qui va mettre ce monde à bas, mais la corruption qu'elle engendre.
Et ceci encore, un peu plus loin :
Lorsque l'argent est honoré, le spéculateur l'est aussi. Il aura donc beaucoup plus à craindre l'envie que le mépris ; n'espérons donc pas le réveil des consciences.
Tout le livre ou presque est de cette lucidité désespérée et prophétique. Nous savons aujourd'hui que la crise des crédits hypothécaires aux Etats-Unis est imputable à la spéculation que les banques créancières ont entretenue sur les biens immobiliers. En cas de défaillance de l'emprunteur, elles espéraient se remplumer en vendant le bien hypothéqué. Les petits malins ont vendu des créances à des banques en quête de profits immédiats en leur faisant miroiter le gain qu'elles pourraient en tirer très vite. Bien entendu, les créances douteuses ont été mélangées à des créances de bon aloi, dans des produits dits restructurés. Personne ne pouvait s'y retrouver, sauf les concepteurs de cette abominable tromperie. Quand les taux d'intérêt ont augmenté, les débiteurs, à la solvabilité prévisiblement problématique, n'ont pu rembourser leurs dettes. Leurs biens ont été mis en vente et l'afflux de l'offre a provoqué l'effondrement des prix de l'immobilier. Les acheteurs des créances restructurées y ont perdu cuir et poils, et les vendeurs s'en sont mis plein les poches, sans scrupules, sans état d'âme. C'est eux qui aujourd'hui devraient payer cet effroyable gâchis. Il ne semble pas qu'on en prenne le chemin, et c'est le contribuable américain et les économies dépendantes des Etats-Unis qui vont faire les frais de ces ignobles tripatouillages. Chaque particulier, laissé seul devant la finance et l'Etat, en est aujourd'hui réduit à trouver des expédients qui lui permettront de récupérer une partie de leur mise, et le processus de corruption se poursuivra ainsi.
Ah ! Il faudrait la plume de BERNANOS, les gueulantes de Léon BLOY, les imprécations de DAUDET pour stigmatiser tout ce joli monde. Pour l'instant, l'opinion et les médias commente l'évolution du CAC 40 et la récession qui se profile. Jusqu'au jour où... Dans combien de temps ? Là est la question.
Ah ! Il faudrait la plume de BERNANOS, les gueulantes de Léon BLOY, les imprécations de DAUDET pour stigmatiser tout ce joli monde. Pour l'instant, l'opinion et les médias commente l'évolution du CAC 40 et la récession qui se profile. Jusqu'au jour où... Dans combien de temps ? Là est la question.
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