Dans le numéro 1563 du journal gratuit METRO, en date du 31 mars, Olivier FERRAND, Président de Terra Nova publie un éditorial très intéressant intitulé : Une question de morale collective. Je dirai tout à l'heure pourquoi je suis en désacord total avec le titre, et l'adjectif collectif. Mais dirai aussi pourquoi j'approuve complètement le contenu de cet article. Voilà des mois que je vous bassine avec la morale, entendue au sens d'un art de vivre, et d'une réponse donnée par la conscience éclairée à la question Que dois-je faire ? Force m'est de constater que le mot de morale, utilisé hélas timidement, et d'une manière souvent ambiguë, revient à la mode, et que son contenu sera désormais au centre de toute réflexion politique.
Voici d'abord ce que dit Olivier FERRAND : Comment renouer avec une société plus juste ? Il faut sans doute réglementer ou fiscaliser. L'administration OBAMA vient de faire les deux. Mais la cause des dérives n'est pas la réglementation. Elle n'a pas changé. On pouvait se verser des sommes faramineuses il y a quinze ans, mais on ne le faisait pas. Ce qui a changé c'est la morale collective. L'éthique du capitalisme industriel était une éthique du travail. L'éthique du capitalisme financier, qui a miné toute l'économie, est une philosophie de l'argent roi, de l'immédiateté, de la jouissance.
Sur le fond, je suis bien entendu tout à fait d'accord. Mais je refuse le glissement de la morale à l'éthique. Je sais bien que je vais à contre-courant ; tout le monde n'a que le mot éthique à la bouche. C'est plus riche, et ça évite d'avoir à se poser la question du Que dois-je faire. (L'éthique est, je le répète, un ensemble de comportements normés, définis et acceptés par la société. On peut parfaitement décider qu'il est éthique de pratiquer ce que l'on appelle pudiquement l'aide à la fin de vie. Il n'en restera pas moins vrai que c'est immoral, en ce sens que si j'interroge ma conscience, elle me dit qu'attenter à la vie d'autrui, fût-il consentant, est un interdit absolu. Je conviens tout à fait que devant la douleur d'un être qui souffre, on peut être tenté d'éliminer ses souffrances en abrégeant sa vie ; il suffit de diminuer les souffrances, me dit ma conscience, même s'il peut en résulter indirectement un raccourcissement de la vie, ce qui n'est pas la même chose. Monsieur FERRAND se range implicitement à cette explication comportementale, puisqu'il parle de l'éthique du capitalisme financier). En d'autres termes, la morale est une question de conscience personnelle, et ce n'est pas la morale collective qui a changé, car la collectivité n'a pas de morale, mais des moeurs ; ce qui a changé c'est la morale de nombre de dirigeants d'entreprise, et notre acceptation collective de cette immoralité. Voilà pourquoi, me semble-t-il, il est nécessaire d'en revenir aux enseignements fondamentaux de la morale naturelle, résumés par le Décalogue, certes, mais de la même manière par bien d'autres sagesses ; il est nécessaire de faire des lois qui ne contreviennent pas à cette morale naturelle, sinon, "les bornes étant franchies, il n'y aurait plus de limites", et il ne faut point transiger avec l'immoralité. Utopie ? Rêve irréalisable ? Je ne crois pas. Car nous voyons bien que l'immoralité conduit au désastre et que la morale est faite pour le bien et la survie de l'humanité.
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