lundi 13 avril 2009

Retrouvailles

Nous avions été nommés au début des années soixante-dix. Nous débordions d'enthousiasme. Au sein de l'Association des Professeurs de notre discipline, nous respections nos vieux maîtres, mais nous les trouvions un peu compassés, représentant la vieille école. Nous avions donc décidé, tacitement, je le souligne, de donner de la force et de la visibilité à nos disciplines. Une très forte amitié s'était nouée entre nombre d'entre les membres de ce groupe informel. Certains d'entre eux nous ont quittés : Madedeleine, Jacqueline, Jeannette, restent dans notre souvenir. Ce furent des collègues profondément aimées pour leur compétence et leur gentillesse.
Les temps ont passé et nous avons quitté la scène d'un théâtre universitaire qui me paraît aujourd'hui un peu vain. Je ne renie point les pièces que j'y ai jouées du mieux que j'ai pu ; j'ai passionnément aimé mon métier, et le contact avec des jeunes en recherche de repères, tout remplis de projets pour leur vie a été pour moi comme une profonde respiration. Mais je n'ai point de goût pour le passé. J'y pense pour mieux rebondir dans ma vie d'aujourd'hui.
Voici venu justement le temps des retrouvailles et du présent. Claude, une très chère amie, a pris l'initiative de nous réunir bientôt chez elle. Certes le temps a quelque peu modelé nos visages. Mais notre amitié est restée intacte. Au cours de la préparation de ce week-end (prévu pour l'automne) qui réunissait quelques comploteurs, j'ai pu constater combien notre départ de l'Université n'a en rien altéré notre optimisme et notre goût de vivre. Claude et son mari, devenus des spécialistes de castellologie, restaurent avec une sage frénésie, le vieux château qu'ils habitent. Ils l'avaient acheté bien délabré ; il fallait sans doute être un peu fou pour se lancer dans une telle aventure. Louis et Jeannine s'occupe de leurs petits enfants, pélerinent sur la route de Compostelle, et - pour Louis - arpentent les collines en quête de gibier quand est venu le temps de la chasse. Andrée partage son temps entre son jardin, blotti aux pieds des Pyrénées et ses activités scientifiques ; car elle est restée une très grande spécialiste internationale de la normalisation des méthodes microbiologiques. Georges est un peintre de talent (et je vous invite à voir ses toiles : tapez sur votre moteur de recherche "peintures de gym" et vous trouverez l'adresse de son site.
Vous avouerais-je que, personnellement, je me consacre avec passion à l'étude de la Chine féodale et impériale, ainsi qu'à la Chine contemporaine, à quoi j'ajoute comme activité manuelle la reliure traditionnelle, et un engagement associatif à Tibériade.
Il est bon en ces temps de Pâques où nous fêtons la victoire de la vie sur la mort, de l'éternité sur le temps ravageur, de célébrer ces retrouvailles. Tout ce qui unit les hommes fait monter l'humanité tout entière, et tout ce qui nous permet d'habiter notre vie ici et maintenant, de partager nos histoires et nos légitimes passions, nous vivifie et permet de diffuser dans notre entourage une joie de vivre que le temps n'ont pas altérée.
Appelés à la vie, nous goûtons en préfiguration la vie éternelle. Merci à vous très chers amis à qui je dois tant. Et à bientôt.

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