Dans la lettre de la Société des Amis du Louvre, Société dont je suis membre, Marc FUMAROLI, son Président écrit ceci :
"[...] Le Musée a connu [...] l'an dernier une hausse de sa fréquentation portant à 8 millions le nombre de ses visiteurs. Certains verront dans cet attrait croissant pour le Louvre un symptôme de l'ère nouvelle où nous sommes entrés depuis l'Octobre noir 2008. Les tempêtes fixent le regard des marins, de nuit, sur les phares, au sens où l'entend BAUDELAIRE, les chefs-d'oeuvre qui ne vieillissent ni ne trompent. Je ne rangerais pas, malgré son succès d'affluence, l'exposition "Picasso et les Maîtres" parmi les phares, au sens baudelairien. Le génie de PICASSO n'est pas à son meilleur lorsqu'il joue, en moderniste, avec VELASQUEZ et de son côté, VELASQUEZ, exposé à ces jeux modernistes, n'est pas dans sa bonne lumière. Le public, justement attiré par ces grands noms, risque fort d'avoir été embrouillé et non éclairé."
Et plus loin, sans doute sans que notre Président se fut rendu compte de ce qu'il disait en rapprochant le succès du LOUVRE de son propos sur PICASSO, au moment où il rédigeait, il conclut le deuxième paragraphe de son éditorial par ces mots :
"La publicité à l'américaine ? Pourquoi l'amour et le culte des vraies et durables beautés se priveraient-ils, pour se défendre, de méthodes qui ont trop longtemps servi à imposer contre nature, la surévaluation du rien, du non-art, de la laideur, du jetable ?"
Bien entendu, c'est moi qui fait le rapprochement. Mais comment croire que monsieur FUMAROLI ne l'ait pas fait, quand il semble reprocher en sous-main à PICASSO d'avoir prostitué son immense génie en "peignant contre nature, en surévaluant le rien, le non-art, le jetable ?" Pour un Arlequin, un Enfant à la colombe, un Guernica (toile sublime par sa violence, et l'horreur des crimes et du sang innocent qu'elle suscite dans l'esprit de l'amateur d'art), combien d'horreur, d'obscénités inutiles, de tableaux vides de tout talent et de toute signification ?
Rendons hommage à monsieur FUMAROLI, membre de l'Académie Française, à son goût, à son courage aussi. Il déboulonne les idoles et les replace à une juste hauteur. Je jurerais qu'il met VELASQUEZ un tantinet au-dessus de Pablo. Deo gratias !
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